"Il vous est venu une superbe idée dont vous rêviez de faire un livre ? Ne vous empressez pas de passer à l'exécution; ce n'est pas nécessaire, car vous pouvez être sûr que, tôt ou tard, quelqu'un d'autre aura la même idée ... et en fera un usage parfait."
le premier paragraphe du livre de
Simon Leys, ce "livre qui ne fut pas" restera un de mes plus grands regrets littéraires.
Simon Leys prétend que le livre de
Mike Dash, Batavia's Graveyard (
L'archipel des hérétiques dans sa traduction française) serait la "synthèse définitive" de l'histoire du naufrage du Batavia. En 1629, le Batavia, un navire de la Compagnie des Indes orientales fait naufrage lors de son voyage inaugural entre les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas) et le comptoir commercial de Batavia (actuel Jakarta) sur l'île de Java.
Le navire, parti pour ramener des épices sombre au large de l'Australie, alors encore largement inexplorée par les Européens et hostile. Une grande partie de l'équipage et des passagers parviendront à survivre et à gagner quelques ilots. Une partie de l'équipage décide de partir avec les chaloupes pour chercher de l'aide à Batavia, tandis que le reste des survivants, réduits au désespoir, seront bientôt massacrés pour tant pour la possession des richesses du navire que pour les maigres réserves de nourriture et d'eau potable.
Le livre de
Simon Leys a le mérite d'être très court (74 pages) et basé sur des visites sur les lieux du naufrage et bien documenté. Contrairement à ce qu'il pensait, le livre de
Mike Dash écrit en 2001 a été suivi de nombreux autres livres sur le même sujet (par exemple, La tragédie du Batavia de
Philippe Godard et la bande dessinée
Jeronimus de
Christophe Dabitch et
Jean-Denis Pendanx, en trois volumes). Pour les livres disponibles en français, on peut également citer
Massacre des innocents de
Marc Biancarelli.
Reste à espérer qu'
Amélie Nothomb, qui a succédé à
Simon Leys à l'Académie Royale de langue et de littérature française
De Belgique, ait pu récupérer ses documents et ses notes et se décide à reprendre ce livre qui ne fut pas là où
Simon Leys l'a laissé.