Le tonton Georges nous a quittés depuis plus de quarante ans, il n'y a plus de nouvelles vendanges mais
les anciennes cuvées n'ont rien perdu de leur parfum. Elles ont du nez, de la cuisse et une longueur en
bouche qui prolonge le plaisir. Les chansons de
Brassens sont comme les vins de garde, le temps les améliore
et n'a pas encore effacé ce petit goût de fruit défendu qui ravigote nos papilles cervicales.
Brassens est-il pour autant l'archétype de l'auteur-compositeur-interprète de la chanson française ?La tentation
est grande de répondre par l'affirmative tant il réunit de qualités spécifiques de ce qui est considéré
ici comme un art (même si certains, par modestie ou par provocation, l'affublent d'un adjectif réducteur).
Cependant, le patrimoine de la chanson francaise doit sa richesse à la diversité des apports d'expressions, de
cultures, de musiques. Il serait dommage de le réduire à un modèle unique, quand bien même celui-ci
s'appellerait
Brassens. Lui-même se serait offusqué d'un tel aveuglement, apanage des intégristes de tout poil.