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Virginie Linhart est la fille de Robert Linhart, un des fondateurs du mouvement maoïste en France. Après une tentative de suicide en 1981, son père s'est muré dans un silence. On comprend que son père était bipolaire. En plein mai 68, il part en vrille et doit être interné en HP pour subir une cure de sommeil. L'auteur cherche à comprendre et entreprend de retrouver les enfants de quelques uns des leaders de mai 68, maoïste comme son père, ou trotskystes, ou anars. Ont-ils vecu la même enfance, comment s'en sont-ils "sortis", quel est aujourd'hui leur rapport à la politique, etc. Cette quête est un peu désordonnée, un peu "idéaliste", mais il n'empêche, c'est une démarche sincère et toujours à la fois modeste et obstinée. Elle rencontre parfois des refus, on lui dit que sa démarche n'a pas de sens ... mais elle persévère et trace ainsi peu à peu une génération de jeunes, enfants de la fameuse "generation 68" (cf les livres de Hamon et Rottman, où d'ailleurs la naissance de Virginie est évoquée !), dont les parents ont bien souvent laissé grandir leurs enfants sans leur accorder beaucoup d'attention. Virginie revient alors vers son père à la fin du livre et c'est sans soute le passage le plus poignant du livre.
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Comment vivre avec l'ombre d'un père qui s'est tu depuis des années ? Et pas n'importe lequel, puisqu'il s'agit de Robert Linhart, le fondateur de l'Union des jeunesses communistes marxistes-léninistes (UJC), mouvement maoïste créé en 1966, puis de la Gauche prolétarienne avec Benny Lévy, et auteur du très célèbre livre L'Établi qui raconte son expérience de militantisme révolutionnaire au sein des usines Citroën.
Robert Linhart est donc l'une des figures du mouvement révolutionnaire en France dans les années 68. Une tentative de suicide en 1981 l'a plongé dans le coma pendant plusieurs mois, avant de le rendre à la vie quasiment mutique. Sa fille Virginie essaye d'échapper au silence, familial mais aussi médiatique, qui entoure le destin tragique de son père. Faire un livre sur lui, sur son expérience politique, le projet tourne court car elle sent que ses interrogations, si elles concernent son père, portent peut-être davantage sur son enfance et sur la manière dont les choix politiques de ses parents ont façonné les premières années de sa vie.
Les circonstances, puis le début d'une quête, l'amènent à rencontrer les enfants de cette génération 68 dont les parents ont vécu intensément l'utopie politique et révolutionnaire.
Le récit de Virginie Linhart se structure autour de ses interrogations : qu'a-t-il manqué à ces enfants qui passaient après le combat politique de leurs parents ? Quelle vie de famille ont-ils connue ? Comment leur enfance a-t-elle façonné leur rapport à la politique, à l'éducation, au travail ? Quel héritage ont-ils reçu de ces années mouvementées ?
Ce livre est avant tout un recueil de témoignages, ce qui en fait sa force et sa faiblesse. Le style de Virginie Linhart est clair, direct et les réponses qu'elle recueille auprès des gens de son âge sont elles aussi directes, voire grinçantes, et non dénuées d'humour, ce qui atténue la charge de certains propos. L'expérience politique enivrante des parents, leur engagement militant et leur rejet de la société bourgeoise a laissé des traces sur des enfants tiraillés entre les idéaux des adultes et la réalité d'un quotidien qui n'avait rien d'enchanteur et de sécurisant pour les plus fragiles.
Mais, même si le nombre de témoins et leur qualité (presque tous les enfants des grands leaders de ce moment de rupture politique et culturelle ont relevé le défi à l'exception des deux frères François et Pierre Geismar), ces témoignages ne sont passés qu'au crible de l'expérience personnelle de Virginie Linhart.
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le récit de Virginie Linhart s'attache à interroger les fils et les filles dont les parents engagés politiquement avec son père dans la fin des années 60, avaient vécu cette période. Son père Roger Linhart pionnier du mouvement Maoiste en France c'est muré dans le silence après une tentative de suicide avortée. Sa fille donne la parole aux enfants des compagnons de son père et dresse un portrait original de cette période effervescente. Ces témoignages montre que malgré des enfances loin des sentiers battus chacun s'est finalement construit. Ces rencontres vont permettre aussi à Virginie Linhart de comprendre son père et de trouver la sérénité. Touchant, instructif, émouvant un récit de grande qualité.
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Robert Linhardt est surtout connu grâce au livre L'établi qui raconte son expérience d'intello allant à l'usine dans les années 1970. C'était la grande mode à l'époque de partager les souffrances des travailleurs pour mieux les sensibiliser au combat politique. Il reste que le témoignage de son expérience dans les usines Citroën est formidablement intéressant (disponible au éditions de Minuit).

Sa fille nous offre dans ce livre un retour très personnel sur 68, les mouvements gauchistes de l'époque, l'évolution des participants et de leurs enfants. C'est un récit très attachant car c'est aussi une recherche sur son père.

Cet homme, brillant normalien, a été un des dirigeants de la gauche prolétarienne (maoïste), très proche de Louis Althusser. Il est devenu mutique et dépressif et sa fille le redécouvre grâce à cette enquête et aux témoignages de ses compagnons de lutte.

Virginie Linhardt nous raconte la période 68 en creux, au travers des témoignages des enfants des militants. Elle confronte sa propre histoire à celles des fils et filles des dirigeants gauchistes de l'époque (Krivine, Geismar, Castro...).

On retrouve pas mal de points communs : les enfants ont été sacrifiés à la Cause, n'ont pas connu de vie familiale structurée, certains ont vécu dans les communautés, mais à tous, les parent ont demandé l'excellence scolaire. Adultes, ils rejettent presque tous le militantisme, sont plutôt progressistes mais donnent une éducation stricte à leurs enfants.

La génération des leaders de 68 a pas mal évolué et s'est aussi embourgeoisée, mais certains sont restés sur le coté de la route, incapables d'évoluer et de s'intégrer à la société. Leurs enfants ont quasiment tous choisi un mode de vie en opposition avec eux, la seule idée qui soit intégrée est le féminisme et l'égalité hommes-femmes.

Tout au long de ce livre, l'auteur découvre les raisons profondes de certains de ses choix personnels et professionnels. Elle se livre avec beaucoup de pudeur et nous dévoile aussi l'évolution de son père brillantissime intellectuel qui a explosé en plein vol.
Lien : http://jimpee.free.fr/index...
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Tout ce qu'on nous dit sur 68, une révolution d'enfants gâtés, le triomphe de l'individu, est un mensonge. Selon la collection de témoignages receuilli dans ce livre, 68 c'est le collectif contre l'individu, les idées contre les plaisir, la discipline et le travail contre la décadence bourgeoise.
Pour le reste, ce livre est une mine d'information avec une problématique intéressante, mais il n'est pas littérairement aussi fort que celui de sont ainé : L'établi de Robert Linhart.
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J'ai un goût très modéré (aucun goût pour dire les choses honnêtement ) pour les livres dont le sujet est l'auteur lui-même.
Mais Linhart est un nom qui sonne tellement positivement chez moi (entre Robert et Danièle dont les écrits respectifs sont des trésors pour tout sociologue du travail) que malgré le risque qu'à travers l'histoire De Robert je lise aussi, voire plus encore celle de Virginie, je me suis lancé.
J'en sors (mais est-ce une surprise ?) un peu déçu ; et notamment parce que le titre est un peu trompeur. Malgré quelques passages intéressants, mais trop rapides (et qui donnent envie de vite fermer le livre pour aller voir ce que Patrick Rotman et Hervé Hamon en disent dans Générations), j'ai trouvé beaucoup de redites, sur des points qui plus est qui ne font que renvoyer au mal-être persistant et mal compris de Virginie. J'ai, aussi, peu apprécié cette forme d'impudeur qui s'exprime régulièrement (et qui me fait précisément redouter ce type d'ouvrage) : si je ne doute pas qu'elle puisse avoir une vertu thérapeutique, je ne suis pas certain que les révélations publiques sur la sexualité débridée des uns et des autres, pire encore, les états psychiques de ses proches, soient légitimes : la transparence (si telle pouvait être la justification) : très peu pour moi. Un huis clos autour d'un canapé me semble bien plus digne.

Plus encore, j'ai cru voir dans ce récit une belle occasion de disserter sur l'opposition classique (depuis que Benjamin Constant l'a formulé ainsi) entre la liberté des anciens et celle des modernes, entre ces deux générations, les soixante-huitards et leurs enfants, abordant de manière plus analytique le rapport à la politique, au temps privé et à ce qu'on en fait, à l'éducation, etc. Un beau et vrai sujet de sociologie politique que Virginie Linhart avait amplement les moyens d'exploiter. Dommage (pour moi).
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Comment en tant qu'enfant de militant, on vit et perçoit les choses. Beau témoignage.
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j'ai été passionné par le récit de la fille de Robert Linhart celèbre maoïste français. c'est d'une part une page d'histoire que l'on visite mais surtout cette enquête que l'auteur fait auprès des enfants (devenus quarantenaires) de ceux qui ont fait les beaux jours de Mai 68 et des mouvements d'extrême-gauche française. Nostalgie...
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Quand on n'a pas fait parti du sérail des intellectuels révolutionnaires des années 70, ce livre est assez intéressant car, partant du cas de son père, Virginie Linhart dresse une étude des moeurs des personnes engagées dans la politique à l'extrême gauche pendant ces années là. C'est également un livre qui questionne le militantisme quant à sa part d'humanité et sa part de dogmatisme. Les destins croisés des enfants de l'intelligentsia de gauche sont édifiants et dévoilent combien il y a d'écart en théorie et vie réelle, combien les hommes et femmes politiques engagées à fond ont bien du mal à s'occuper de l'éducation de leur progéniture. le destin tragique du père de Virginie, Robert, est symptomatique d'une certaine conception de l'intelligence .
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