- Je fais tout ce qu'elles veulent mais je n'enlève jamais mon chapeau de la tête pour qu'on sache bien qui est le patron.
Au cours de toute ma vie je suis allée au domaine de Palmela deux ou trois fois grand maximum. Là-bas me déplaisaient les vaches, me déplaisaient les porcs, me déplaisait l’odeur du fumier partout présente, et me déplaisait mon beau-père avec sa façon de me toiser de haut en bas comme s’il ne m’avait jamais vue, comme si je n’avais pas été sa belle-fille depuis dix ans
Si j’étais président de ce pays je commencerais par prohiber l’alcool non mais regardez-moi un peu dans quel état pitoyable se trouve cet abruti étalé là sans retenue dans sa propre maison en train de cuver sa gnôle, si vous voulez on peut vous le flanquer dehors en moins de deux
moi qui ressemblais à une pochette de soixante-dix-huit tours ou à une carte postale illustrée bordée d’une guirlande d’œillets et de petits pigeons, j’ai fini dans une chambre qui sentait comme moi la naphtaline et la lavande mortuaire, et près d’un vase de nards, la photographie d’une jeune fille de mon âge avec les chaussures que je portais et la pochette et les anneaux et l’alliance et la robe que je portais à présent, une jeune fille au bras d’un homme qui en y regardant à deux fois se révélait être monsieur le ministre…