Sentiment plus que mitigé pour ce livre. de HG Wells, je ne connaissait que ses
romans les plus célèbres, mais je ne savais rien de sa vie. Cette biographie promettait de nous faire découvrir un homme surprenant et un précurseur en plus d'un domaine.
En effet, nous découvrons un self-made-man, qui a bati sa fortune sur son travail et son esprit, particulièrement brillant. Cette biographie nous rappelle qu'en plus des quelques
romans qui sont passés plus qu'à la postérité, il a signé plus d'une centaine de livres, allant de la science-fiction, la critique sociale, le roman initiatique jusqu'aux essais prospectifs et sociologiques. Nous découvrons à quel point il était populaire et par la même parfois snobé par la presse et d'autres auteurs. Sa relation avec
Henry James est d'ailleurs symptomatique, entre admiration mutuelle et jalousie, voire mépris. Nous découvrons également à quel point ses
romans pouvaient choquer l'opinion publique tant il y exposait ses idées progressistes, entre autres sur l'amour libre. Nous découvrons enfin un penseur et conférencier réputé, qui s'en engagé très tôt pour le développement des idées socialistes. Il fut longtemps actif dans la société Fabienne, association d'intellectuels qui militait pour la diffusion des idées socialistes. Mais Wells se brouilla avec eux, leur reprochant trop de frilosité.
Ce fut aussi un ardent défenseur de l'amour libre, qui multipliait les conquêtes et eut plusieurs maîtresses parfois sur de très longues périodes. Il fut aussi ardent féministe, selon les critères de son époque. S'il militait pour l'égalité entre hommes et femmes (une de ses maîtresse suivait les cours de Cambridge mais ne pouvait être diplômée, malgré ses excellentes notes, du simple fait qu'elle était une femme), il conservait des réflexes très patriarcaux, comme la manière de considérer que ses infidélités étaient purement motivées par le plaisir alors qu'il ne supportait pas l"idée qu'une de ses femmes puisse lui être infidèle. Il considérait que la femme restait guindée par le besoin impérieux de se reproduire et que le sexe restait pour elle un moyen plus qu'un plaisir. Des idées qui paraissent maintenant très rétrogrades (et pourtant encore répandues)
Sa position dans les relations extra-conjugales restait la plus confortable, puisqu'il ne risquait qu'un scandale somme toute passager alors que les jeunes femmes, qui avaient sa préférence, risquaient la perte définitive de leur réputation, si importante à l'époque. Pourtant, il choisissait pour ses maîtresses des femmes brillantes, qu'il estimait être son égal du point de vue intellectuel. Il aimait les femmes,
Personnage complexe (le titre original, a man in parts, accentue cette impression) mais un livre plutôt décevant, parce que trop long, avec des passages creux, comme l'interminable passage dans la société fabienne où
David Lodge perd un temps fou à détailler les atermoiements de Wells avant de la quitter définitivement. J'ai interrompu sa lecture à plusieurs reprises à ce moment.
En fait, je me dis qu'il y a matière à une excellente série, à la manière du Mr Selfridge, autre précurseur de la même période, Je ne crois pas que j'aurais été intéressé par une biographie de ce personnage, Mais en série, j'y ai pris un réel plaisir. Je me mets à imaginer une telle série. La BBC aurait bien besoin d'un successuer à Downton Abbey. Pourquoi pas HG Wells?