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Citations sur Le Mystère de la Main rouge (87)

Les deux malandrins qui montaient à pas de chat vers la chambre de Mlle Terwagne étaient de ces hommes que l’on n’appelait point encore tueurs à gages, mais bateurs à loyer, en ce qu’ils se chargeaient, moyennant finances, d’abattre proprement leur prochain pour un commanditaire. La profession, avec le temps, avait perdu beaucoup de sa noblesse, et l’on y voyait désormais si peu d’honneur qu’elle échouait aux plus viles crapules. Depuis la fermeture de la cour des Miracles, certains vendaient leur précieux savoir-faire à la porte arrière des estaminets les plus malfamés des faubourgs, faisant de la mort leur marché. Le tarif variait en fonction de la victime désirée (et donc de la peine encourue), allant d’une dizaine à quelques centaines de livres, selon qu’il s’agissait d’un homme, d’une femme, d’un roturier, d’un bourgeois, de gens de robe ou d’épée.
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La cour de la Bibliothèque abritait en effet quelques ateliers d’artistes ; on y croisait par exemple, outre ledit sculpteur Jean-Antoine Houdon, le graveur Cochin. Ainsi, entre les employés de la Bibliothèque et leurs familles, qui habitaient là, les visiteurs, les artistes, leurs modèles et leurs élèves, cela faisait chaque jour une belle agitation dans la cour et le jardin qui se succédaient au milieu de l’édifice. La Bibliothèque royale, au fond, était un village à elle seule.
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On était rue de la Juiverie, au cœur de l’île de la Cité, dans un beau cabaret qui allait du nom de la Tête Noire, et où se donnaient en secret des fêtes ténébreuses, réservées aux hommes qui aimaient les hommes. Le propriétaire, soucieux de contenter une clientèle aisée et prodigue, y organisait, à des dates confidentielles, de splendides orgies, décorant chambres, salons et cabinets à l’avenant, et allant jusqu’à recruter, à l’Opéra, de jeunes garçons qui venaient y exécuter des ballets en tenue d’Adam. Il fallait en être, avoir le bon réseau, le portefeuille convenablement garni, et se présenter dans une certaine tenue pour accéder à ces soirées clandestines, si bien que l’on n’y rencontrait guère que des gens de qualité, ainsi que leurs conciliants domestiques.
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En signe d’affection, le loup, dont la famille est capable de bien plus d’intelligence et de compassion on ne lui en prête, pencha la tête en geignant, lécha les mains de la jeune femme et leva la patte vers elle comme pour la retenir.
 – Va, mon loup ! Va ! Pleura Lorette.
Mais la bête se pressait contre elle, se glissait entre ses jambes en poussant des gémissements plaintifs.
 À cet instant, le souffle des chevaux sur lesquels étaient montés les gendarmes se fit entendre dans leur dos. De plus en plus proche.
 – Va ! Ordonna Lorette en tapant dans ses mains pour faire fuir l’animal.
 Le loup recula de quelques pas, tête basse, dans un sursaut craintif.
 – Cours, Sanna ! Pour l’amour du ciel !
 Désorientée, la bête geignait en faisant des cercles hésitants. On eût dit qu’elle implorait sa maîtresse de ne point l’abandonner.
 – Là-bas ! Cria une voix qui n’était plus qu’à quelques foulées.
 Dans une abdication déchirante, Lorette courut vers les chevaux harnachés à la calèche, détacha le plus grand et sauta sur son dos. Se retournant une dernière fois, elle vit le loup qui n’avait pas bougé et lut dans ses yeux une affliction que l’on n’eût pu t’imaginer trouver dans le regard d’une bête.
 La jeune femme, les joues trempées de larmes, abattit sa capuche sur sa tête, pressa des talons les flancs de sa monture et s’en fut dans la forêt comme un spectre nocturne.
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La jeune femme tourna lentement la tête vers son compagnon et, fût-ce dû aux larmes qu’elle avait dans les yeux ou aux liens indicibles qui s’étaient tissés pendant près de dix ans entre ces deux êtres solitaires, le loup sembla à comprendre la nature du désespoir qui envahissait sa maîtresse. Lorette s’agenouilla près de lui et lui caressa le haut du crâne.
 – Tu vas devoir t’enfuir, Sanna. Et moi aussi. Je ne peux plus t’emmener avec moi…
 En disant cela, elle avait mille sanglots dans sa voix, car jamais sur terre elle n’avait eu de compagnon plus fidèle que celui-là, qui avait partagé son secret, son isolement, qui l’avait protégée maintes fois, et qui lui avait offert une confiance qu’aucun loup, d’ordinaire, n’accorde en l’espèce humaine. Il y avait entre ces deux âmes esseulées une indéfectible amitié, une intimité si forte qu’on l’aurait dite inaccessible à l’homme. Et pourtant ils n’avaient à présent d’autres choix que de prendre des chemins différents.
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De déchirants adieux
 
 Au loin, sous le manteau de la nuit, les torches des gendarmes dansaient comme autant de lucioles derrière les arbres. Mais cet lucioles se déplaçaient bien vite et, dans quelques instants seulement, elles seraient déjà sur eux.
 Le loup, tendu sur ses pattes antérieurs, grognait et, malgré sa blessure au flanc, semblait être prêt à bondir. Lorette senti qu’une boule se former dans sa gorge. Elle savait qu’il n’y avait que deux issues possibles à la scène qui se préparait et qu’aucune ne lui était acceptable. Fuir, ou combattre.
 Combattre, c’était tuer six gendarmes qui, à sa connaissance, n’avaient commis d’autre crime que de remplir leur devoir. Fuir… Eh bien, fuir, c’était se séparer du loup, car, à l’évidence, ils ne pourraient s’échapper en calèche. En outre, l’idée de l’enfermer de nouveau dans une boîte était devenue intolérable à Mlle printemps.
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-- Il faut prendre la vie comme elle vient. Il n'y a que le temps présent qui compte. Le passé n'existe plus et le futur pas encore.
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En ce temps, comme en tout temps, c'eût été une erreur de croire qu'il en allât pareil par tout le pays, car l'homme, dans sa diversité, se distingue toujours par le particulier, et il est moins de moutons dans le troupeau de France que l'on ne veut parfois le faire croire.
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C'était, en somme, un homme aussi complexe que le sont tous les hommes, pour peu qu'on les observe de près...
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Les hommes ne naissent pas mauvais : c'est un long apprentissage.
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