Suis-je
coupable d'avoir pris tant de plaisir à lire cette histoire tordue, amorale et où on éprouve plus de sympathie pour les voleurs que pour certaines victimes ? Oui, et sans circonstances atténuantes. Serai-je du coup condamné à lire d'autres romans de
Laurent Loison, que j'ai découvert tardivement ? Oui encore, sans aucun doute ? Faut-il accuser mon ami @Antyrya d'avoir une fois de plus usé de ses critiques si persuasives pour me circonvenir afin que je craque et lise celui-ci ? Toujours oui, mais j'avoue, j'en redemande !
Deux cambriolages qui tournent très mal. L'un en Arizona, à Scottsdale plus précisément, où un honorable médecin, père de trois fillettes, est tué accidentellement avec sa propre arme à feu au cours d'une bagarre contre le cambrioleur. Celui-ci, Patrick Jones, est très vite rattrapé et emprisonné dans l'attente de son procès.
L'autre cambriolage se déroule en France à Garges-lès-Gonesse. le Jeune Yvan, alias "Le Terrible" termine son initiation pour intégrer le gang des Frères de sang. le cambriolage en constitue l'une des épreuves. Yvan s'introduit dans la maison d'une proie à priori facile, mais qui va se révéler plus coriace que prévu. Pour maîtriser le septuagénaire bien décidé à ne pas se laisser dérober ses économies, Yvan va recourir à la torture. Il n'a que 14 ans, c'est un jeune crétin qui ne mesure pas la portée de ses actes. Lui aussi va se faire arrêter quelques instants plus tard, en tentant une autre effraction.
Nous suivrons le destin de ces deux "méchants" en alternance, leurs réflexions sur leurs actes, leurs (mauvais) choix, les chances qu'ils ont manquées... Nous aurons également l'occasion de réfléchir sur les systèmes pénitentiaires dans les deux pays.
Un personnage va jouer un rôle majeur dans l'histoire de Patrick, c'est Kenza, son avocate commise d'office. Kenza est la fille du procureur du comté, en passe d'être élu gouverneur. Ils sont irrémédiablement brouillés, Stephen Longford ayant traumatisé sa fille dans sa petite enfance. Elle a brillamment réussi ses études de droit, mais se tient à l'écart de toute liaison sérieuse dans sa vie privée. Les relations entre Patrick et son avocate sont tout d'abord très froides, mais Kenza comprend rapidement que la partie adverse cherche à transformer un accident en meurtre prémédité, ce qui change la donne en matière de peine encourue.
Le lien entre les deux histoires va se faire très lentement, et on ne comprendra vraiment qu'à la toute fin, même si certains petits malins subodoreront peut-être quelque chose. Pour ma part, j'ai fait partie des naïfs sur ce coup-là, en tout cas j'imaginais autre chose. Quand au dernier rebondissement...c'est presque trop !
L'histoire est bonne, mais pas que : elle ouvre une réflexion sur le degré de culpabilité suivant les circonstances, sur le besoin de vengeance qui peut amener à "tordre" les faits pour aggraver la peine encourue. Sur l'influence des chefs de gangs qui recrutent de jeunes paumés en rupture de famille et les persuadent d'accomplir des forfaits pour gagner une hypothétique protection. Et sur le pouvoir de vie et de mort que certains ont entre leur mains...
Beaucoup de positif, assorti quand même d'un peu d'agacement. Comme certains autres lecteurs, je n'ai pas vraiment été sensible à l'histoire d'amour qui se noue au fil des chapitres. Elle n'est à mon sens pas très utile, et surtout elle ne me semble pas crédible, déontologiquement parlant. Pour tout dire, je l'ai même trouvée un peu noeud-noeud par moments ! C'est ce qui m'a fait limiter ma note à quatre étoiles. Mais peut-être l'auteur a-t-il chercher à élargir un peu son lectorat en introduisant une dimension "romance" ? Sur moi cela n'a pas fonctionné, mais je ne doute pas que cela puisse en attendrir certain(e)s ! En tout cas, comme je l'écrivais au début de ce billet, cela ne m'empêchera nullement de continuer à suivre
Laurent Loison, ni de conseiller la lecture de "
Coupable" ?