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Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Devoir un jour faire face à un cambrioleur fait partie de mes plus grandes angoisses.
J'en fais des cauchemars, persuadé que quelqu'un s'est introduit dans mon appartement, peut-être même dans ma chambre, et bien évidemment j'ai beau vouloir réagir je suis totalement paralysé, à la merci de l'intrus.
Même réveillé, lorsque j'entend une latte de plancher grincer, je reste sur le qui-vive et j'écoute avec inquiétude le moindre bruit qui confirmerait une présence étrangère.
Prêt à appeler la police, mais avec l'appréhension que le voleur m'entende chuchoter.
Je m'imagine souvent passer par la cuisine m'armer d'un grand couteau à viande.
Qu'est-ce que j'en ferais ? Je n'en sais rien.
Tout dépend des circonstances.
Je ne crains pas vraiment pour mes quelques biens matériels. Je ne vais pas me mettre en danger pour un téléviseur, quelques billets de banque ou ma collection de romans Bob Morane.
C'est pour ma vie que j'ai peur. Ou tout au moins pour mon intégrité physique.
Je n'appartiens pas à ces amateurs d'arts martiaux capables de désarmer et de maîtriser autrui en deux temps trois mouvements.
En tout cas j'espère ne jamais être confronté à un tel cas de figure.

Mark Francis, oncologue de renom, va prendre son courage à deux mains à la demande de son épouse Julia quand des bruits au rez-de-chaussée les avertiront de la présence d'un cambrioleur.
Les faits se déroulant en Arizona, rien de surprenant à ce que le médecin s'empare d'une arme à feu avant d'aller à la rencontre du criminel.
Il a une famille à protéger. Trois filles, et une femme qui appelle quant à elle les autorités.
Mais la confrontation entre les deux hommes va mal tourner. Un coup de feu, mortel, va accidentellement atteindre l'illustre médecin.
Le meurtrier sera arrêté peu de temps après.
Le désespoir et la soif de vengeance animeront alors la veuve éplorée dans un Etat où la peine capitale par injection létale est toujours pratiquée.
Et comment le lui reprocher ?
Sans l'intrusion de Patrick Jones à leur domicile, tout gentleman cambrioleur soit-il, son mari serait encore en vie.
"Il n'était pas tout blanc, mais il n'était pas un assassin."
Et ses filles auraient encore un père.

Dans les premiers chapitres, l'auteur évoquera également brièvement le monstrueux personnage du procureur Stephen Langford, et les attouchements qu'il fera subir à sa fille, la petite Kenza.
Les deux histoires se rejoindront rapidement.

Et toujours par alternance, il est également question d'un autre cambriolage qui tourne mal, en France cette fois-ci, dans le Val d'Oise.
Le tout jeune Ivan le terrible, du haut de ses quatorze ans, sans famille depuis sa fugue, doit réussir un troisième test pour appartenir au gang des frères de sang : Ramener un joli pactole en dévalisant la maison d'un petit vieux. Mais Raoul Granjean, certes âgé, est un ancien militaire qui ne l'entend pas de cette oreille.
"Plus moyen de dévaliser pépé sans risquer de se faire estourbir."
Là encore, le vol va tourner à la confrontation.
Et même à la torture et à l'humiliation.
La police arrêtera Ivan la même nuit.
L'auteur dresse-t-il un parallèle entre deux vols ayant mal tourné, l'un en France et l'autre aux USA ?
Ou les deux affaires sont-elles liées ?

Difficile en premier lieu de définir le genre du dernier roman de Laurent Loison.
Et je ne pense pas qu'il souhaite être mis dans une case spécifique de toute façon au vu de l'originalité du roman dans le cadre pourtant déjà si vaste du polar moderne.
Mais si je devais me prononcer, je dirais que Coupable ? est à la fois un roman noir, un thriller juridique et ... un essai.
Pourquoi un essai ? Parce que le livre est rempli de réflexions, d'interrogations, mettant fortement le lecteur à contribution.
Il ne s'agit pas juste d'une histoire qu'on lit de la première à la dernière ligne avant de connaître la fin et de le ranger mais d'une source quasiment constante de questionnements qui resteront longtemps à l'esprit.

A commencer par la culpabilité bien sûr.
C'est dans le titre.
Un homme est mort, mais est-ce la faute du cambrioleur qui s'est défendu ? Est-ce celle de Mark qui n'aurait jamais du s'interposer ? Est-ce celle de Julia qui n'aurait jamais du envoyer son mari à la rencontre de l'intrus ?
C'est surtout un concours de circonstances, au sein d'une société dans laquelle se procurer une arme à feu est aussi normal que d'avoir une brosse à dents.
Mais ce ne sont pas non plus des évènements qui ne se produisent que dans les romans.

Et le meurtrier alors, il est certes coupable mais quelle sanction mérite-t-il ?
Ce sera à la justice de trancher en écoutant les arguments du procureur et de l'avocate de la défense.
Quelques années de prison avant d'être remis en liberté conditionnelle seraient logique au vu des faits qui ne nous sont pas cachés.
Mais est-ce que la veuve peut réellement s'en contenter ? Son désir de vengeance est incommensurable, elle est dévorée par la haine mais en même temps tient le coup grâce à celle-ci.
Que ressentiriez-vous pour le chauffard qui a pris la vie de votre femme ? Pour le violeur à cause duquel votre adolescente s'est pendue ? Vous tendriez l'autre joue ? Vous feriez confiance à la justice en estimant que quelques années d'incarcération seront suffisantes ?
Sincèrement ?
"Elle n'avait envie de voir cette souillure que derrière la vitre épaisse de la chambre d'éxécution."

Le roman évoque également la peine de mort bien sûr, toujours d'actualité dans trente états américains.
Depuis 1973, plus de 150 prisonniers attendant dans le couloir de la mort ont été innocentés à temps. Combien ont fini gazés ou sur la chaise électrique alors qu'ils l'étaient tout autant ?
La peine capitale, on peut être pour ou contre, là n'est pas la question. Mais les erreurs policières et judiciaires existent, ce qu'il faut toujours garder à l'esprit.
"Personne n'a encore requis la peine de mort dans mon prétoire."

L'incarcération est également un sujet phare du roman.
Un point commun que partageront le terrible Ivan et Patrick Jones.
"Mais qui sortait réellement de cette bouche de l'enfer ? Des êtres traumatisés qui ont appris à leurs dépens que la violence fait loi."
"Comment se réinsérer après une telle épreuve."
Les prisons non plus ne sont pas une solution idéale pour remettre des criminels, quels qu'ils soient, dans le droit chemin.
Je ne pense pas qu'il faille en faire des hôtels 4 étoiles. Mais il n'en n'est pas moins vrai que la violence engendre la violence. Rares sont les prisonniers qui sont accueillis à bras ouverts après avoir purgé leur peine, et nombreux sont les récidivistes.
A quel moment considérer dans un tel système qu'ils ont enfin purgé leur peine et qu'ils ont le droit de repartir de zéro ?
Peut-on un jour leur accorder l'absolution ?

Le pardon est également un des thèmes récurrents dans Coupable ?
Même si parfois, il est impossible.
Comme quand un père nous a totalement bousillé pendant notre enfance en nous tripotant alors que son rôle était de nous protéger.
"Espérer que sa fille lui pardonne relevait de l'utopie, mais cela ne l'empêchait pas d'essayer. La rédemption était-elle seulement possible ?"
Davantage que le pardon d'ailleurs, c'est le besoin d'être pardonné qui est évoqué ici. Un besoin vital afin de repartir réellement de zéro avec un poids de culpabilité un peu moins lourd.
En prison, Ivan prendra conscience du mal qu'il a fait en torturant une personne âgée.
Il était jeune. Il était bête. Il n'a pas réalisé la barbarie de ses actes.
Alors il souhaite exprimer ses sincères regrets à sa victime. Un seul mot de son interlocuteur et ses fautes pourraient, si ce n'est être expiées, être considérablement allégées.

Le livre se dévore chapitre après chapitre ( à l'exception du cinquante-troisième qui a curieusement disparu ), jusqu'à une fin que je ne concevais pas différente avec en cadeau bonus un superbe uppercut aux dernières lignes.
Certaines parties sont très émouvantes.
Il offre en début de livre la possibilité d'éprouver de l'empathie pour la majorité des personnages, de se mettre dans leur tête, de réfléchir à tous ces points de vue différents qui se croisent et de comprendre chacun d'entre eux, aussi opposés soient-ils.
Et j'aurais en quelque sorte continué à vouloir me faire ma propre opinion.

Mais Laurent Loison ne m'en n'a pas laissé l'opportunité. Son roman prend rapidement une dimension manichéenne et à l'exception de quelques personnages demeurant nuancés, on a vraiment les gentils et les méchants.
Et devant des exactions absolument infâmes, c'est comme si je me retrouvais obligé de penser comme les gentils. Je n'avais plus le choix. Et ce choix j'aurais souhaité continuer à l'avoir tout au long de ma lecture sans qu'il me soit imposé.
Qu'on me donne des axes de réflexions sans me dire pour autant ce qu'il fallait penser.

Autre petit bémol, la romance pourtant inspirée de faits rééls qui naît entre deux des protagonistes. Elle m'a parue cousue de fils blancs. Nécessaire à l'intrigue, elle dessert au final le roman à mon sens en lui donnant un aspect un peu mièvre alors qu'il aurait gagné à rester d'une noirceur glaçante.
"L'amour, il n'y a que cela de vrai."

* * *

Après avoir entendu le plaidoyer du procureur et de l'avocat de la défense, les membres du jury s'absentent longuement pour délibérer.
Quelques heures plus tard, le président du jury remet au greffier leur décision, qui la transmet lui-même au juge.
- Au chef d'accusation "Laurent Loison a-t-il écrit un page-turner d'une redoutable efficacité", l'accusé est déclaré coupable.
- Au chef d'accusation "Laurent Loison a-t-il amené ses lecteurs à réfléchir sur la vengeance, le pardon, l'équité de la justice, l'incarcération ou la peine capitale", l'accusé est déclaré coupable.
- Au chef d'accusation "Laurent Loison a-t-il écrit un roman dénué de tout espoir sans jamais prendre parti", l'accusé est déclaré non coupable.
En conséquence, je condamne le prévenu à publier dès 2021 un roman encore meilleur.
La séance est levée.
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Suis-je coupable d'avoir pris tant de plaisir à lire cette histoire tordue, amorale et où on éprouve plus de sympathie pour les voleurs que pour certaines victimes ? Oui, et sans circonstances atténuantes. Serai-je du coup condamné à lire d'autres romans de Laurent Loison, que j'ai découvert tardivement ? Oui encore, sans aucun doute ? Faut-il accuser mon ami @Antyrya d'avoir une fois de plus usé de ses critiques si persuasives pour me circonvenir afin que je craque et lise celui-ci ? Toujours oui, mais j'avoue, j'en redemande !
Deux cambriolages qui tournent très mal. L'un en Arizona, à Scottsdale plus précisément, où un honorable médecin, père de trois fillettes, est tué accidentellement avec sa propre arme à feu au cours d'une bagarre contre le cambrioleur. Celui-ci, Patrick Jones, est très vite rattrapé et emprisonné dans l'attente de son procès.
L'autre cambriolage se déroule en France à Garges-lès-Gonesse. le Jeune Yvan, alias "Le Terrible" termine son initiation pour intégrer le gang des Frères de sang. le cambriolage en constitue l'une des épreuves. Yvan s'introduit dans la maison d'une proie à priori facile, mais qui va se révéler plus coriace que prévu. Pour maîtriser le septuagénaire bien décidé à ne pas se laisser dérober ses économies, Yvan va recourir à la torture. Il n'a que 14 ans, c'est un jeune crétin qui ne mesure pas la portée de ses actes. Lui aussi va se faire arrêter quelques instants plus tard, en tentant une autre effraction.
Nous suivrons le destin de ces deux "méchants" en alternance, leurs réflexions sur leurs actes, leurs (mauvais) choix, les chances qu'ils ont manquées... Nous aurons également l'occasion de réfléchir sur les systèmes pénitentiaires dans les deux pays.
Un personnage va jouer un rôle majeur dans l'histoire de Patrick, c'est Kenza, son avocate commise d'office. Kenza est la fille du procureur du comté, en passe d'être élu gouverneur. Ils sont irrémédiablement brouillés, Stephen Longford ayant traumatisé sa fille dans sa petite enfance. Elle a brillamment réussi ses études de droit, mais se tient à l'écart de toute liaison sérieuse dans sa vie privée. Les relations entre Patrick et son avocate sont tout d'abord très froides, mais Kenza comprend rapidement que la partie adverse cherche à transformer un accident en meurtre prémédité, ce qui change la donne en matière de peine encourue.
Le lien entre les deux histoires va se faire très lentement, et on ne comprendra vraiment qu'à la toute fin, même si certains petits malins subodoreront peut-être quelque chose. Pour ma part, j'ai fait partie des naïfs sur ce coup-là, en tout cas j'imaginais autre chose. Quand au dernier rebondissement...c'est presque trop !
L'histoire est bonne, mais pas que : elle ouvre une réflexion sur le degré de culpabilité suivant les circonstances, sur le besoin de vengeance qui peut amener à "tordre" les faits pour aggraver la peine encourue. Sur l'influence des chefs de gangs qui recrutent de jeunes paumés en rupture de famille et les persuadent d'accomplir des forfaits pour gagner une hypothétique protection. Et sur le pouvoir de vie et de mort que certains ont entre leur mains...
Beaucoup de positif, assorti quand même d'un peu d'agacement. Comme certains autres lecteurs, je n'ai pas vraiment été sensible à l'histoire d'amour qui se noue au fil des chapitres. Elle n'est à mon sens pas très utile, et surtout elle ne me semble pas crédible, déontologiquement parlant. Pour tout dire, je l'ai même trouvée un peu noeud-noeud par moments ! C'est ce qui m'a fait limiter ma note à quatre étoiles. Mais peut-être l'auteur a-t-il chercher à élargir un peu son lectorat en introduisant une dimension "romance" ? Sur moi cela n'a pas fonctionné, mais je ne doute pas que cela puisse en attendrir certain(e)s ! En tout cas, comme je l'écrivais au début de ce billet, cela ne m'empêchera nullement de continuer à suivre Laurent Loison, ni de conseiller la lecture de "Coupable" ?
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Je vous le dis d'entrée de jeu, la fin est bluffante, surprenante et m'a laissée bouché bée ! Je n'ai rien senti venir, rien perçu, rien remarqué dans les pages précédant le dénouement et waouh quel twist final ! Un grand bravo à l'auteur pour cette fin si subtile !

Dans ces histoires noires, on croise de nombreux personnages. Certains vont de suite se révéler antipathiques, malsains et même pervers… Et puis d'autres, à l'image de Kenza, vont nous toucher. On finit même par se prendre d'affection pour Patrick alors qu'il est accusé de meurtre… Chaque personnage de ce roman a une psychologie complexe, autant dire que Laurent Loison, tel un scénariste, a creusé en détail chaque personnalité, ce qui rend le roman très vivant.

L'auteur joue avec nos nerfs en faisant en sorte que l'on s'engage dans des chemins sans issue et il fait tout pour brouiller les pistes. C'est très rythmé, il n'y a pas de temps mort – je pense que la présence de chapitres courts n'y est pas pour rien -, on est de suite aspiré dans le tourbillon de la justice américaine et on finit par passer certains chapitres totalement en apnée ! L'auteur fait également preuve de finesse car dans ces destins moroses, il arrive à faire naitre de l'émotion, notamment lorsque le dénouement approche.

Seul petit bémol pour moi, c'est l'équilibre entre les deux histoires qui n'est pas vraiment respecté… J'aurais aimé en savoir plus sur Ivan, sur sa sortie de prison, sur sa possible réinsertion ou bien savoir s'il replonge dans la délinquance…

Malgré ce petit bémol, ça se dévore parfaitement bien en période de confinement ! Un très bon roman noir à mettre dans votre PAL ! 🙂
Lien : https://ogrimoire.com/2020/0..
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Laurent Loison est sans conteste l'une des étoiles montantes du roman noir, policier, thriller français. L'occasion s'est présentée pour moi de le découvrir, je n'ai pas hésité , je remercie la générosité des éditions Slatkine &Cie en particulier Delphine.
Un roman surprenant mêlant adroitement plusieurs schémas et plusieurs thématiques. Deux affaires, l'une en France , l'autre aux U.S.A. Des personnages peu ou pas sympathiques , peu ou très malsains, manipulateurs voir pervers ,bref la loi du genre me direz-vous.
Malgré quelques très bons passages, malgré les questions que chacun pourrait être à même de se poser face à celui ou à celle qui a commis l'irréparable sur un de ses proches, malgré le débat sur le maintien ou non de la peine de mort dans de nombreux états américains, malgré , malgré.. je n'ai pas réussi à m'immerger dans cette histoire . Dommage vraiment une rencontre un brin décevante avec Laurent Loison. Comme je ne suis peut-être pas la lectrice adéquate je ne peux que vous inciter à découvrir coupables? par vous même.
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Un bon polar, sur deux lignes différentes, une en France, une aux USA, la partie concernant les USA est plus développée et je dois le dire, a plus retenue mon intérêt, mais c'est sans compter sur le talent de Laurent Loison qui réussit à nous bluffer avec une fin très inattendue, une belle surprise.

J'ai particulièrement aimé le procès.
Les personnages sont intéressants, surtout l'avocate et la complexité de ses sentiments et de ses pensées.

Le thème de la culpabilité est forcément central, on aborde la sanction carcérale, la peine de mort aux USA, le besoin de rédemption, le pardon, le passé des personnages et l'importance de celui-ci, l'homicide volontaire ou involontaire, la vengeance, la manipulation sentimentale ou politique, les secrets ou encore l'amour qu'il ne faut surtout pas oublier.

Un bon thriller/polar que les amateurs du genre apprécieront forcément.
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
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Un faut pas , une mauvaise décision ou une erreur de jeunesse et c'est la trajectoire d'une vie qui se trouve faussée à tout jamais avec immanquablement la case prison comme prochaine étape . Un mauvais timing , la faute à pas de chance ou tout simplement le hasard font qu'un cambriolage tourne au drame . Deux causes à effets irrémédiables. Qui se paient cash . Comme Patrick et Ivan , l'un à Scottsdale , U.S.A , l'autre à Garges les Gonesse , banlieue parisienne. Deux faits divers aux conséquences incommensurables . Deux coupables qui ne font aucun doute même si on a étonnamment envie de leur trouver des circonstances atténuantes.
Il faudra en tout cas plus que des circonstances atténuantes pour sauver la mise à Patrick qui se trouve , malgré lui , embarqué dans une spirale infernale qui risque de lui coûter la peau , dans cet État d'Amérique où la peine de mort est toujours d'actualité. Heureusement il a pour le défendre, une avocate tenace , Kenza Longford , la fille du gouverneur .Mais le combat promet d'être rude car la femme du défunt veut la tête de Patrick Jones et le procureur a bien l'intention de la lui donner .

Laurent Loison revient avec force et brio en 2020 avec ce roman sous tension permanente où le lecteur est constamment écartelé entre le doute et la raison . Entre l'évidence et les faux-semblants. Difficile en effet de se faire une véritable opinion quand la plupart des protagonistes jouent chacun une partition intéressée au détriment de la morale . Comment évaluer à sa vraie valeur une justice que ses acteurs cherchent à travestir à tout instant ? Difficile de croire encore à l'innocence quand on est entouré par tant de coupables .
Car l'auteur sait y faire pour brouiller les pistes , jouer avec les nerfs ou torturer l'esprit de ses lecteurs ( gentiment je vous rassure ) , témoins impuissants de ces passes d'armes homériques entre l'accusation et la défense dans un procès où le verbe comme la théâtralité comptent . Il manie avec talent le chaud et le froid ou le blanc et le noir comme pour mieux distiller le doute à petites touches et y inclure quelques rebondissements dramatiques qui vous prennent totalement par surprise.
Difficile également ne pas être captivé par ce récit qui laisse une belle place aux répliques, apportant ainsi de la force et du rythme à l'ensemble sans oublier l'émotion qui s'intensifie alors que le dénouement se rapproche . Mais peut-être , n'êtes-vous pas totalement à l’abri d'une ultime estocade ? Qui sait ?
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Dans ce nouveau roman de Laurent Loison, sans en dire trop, on suit deux histoires parallèlement : une en France avec un jeune voyou Ivan qui ferait n'importe quoi pour intégrer le gang des Frères de Sang. L'autre se passe aux Etats-Unis où un père de famille meurt à la suite d'une tentative de cambriolage. le voleur, Patrick est arrêté, la veuve n'a qu'une idée en tête, qu'il soit condamné à mort. L'affaire est prise en charge par Kenza, une jeune avocate commise d'office.
Nous suivons donc ces deux intrigues dans une alternance de chapitres courts très rythmés, avec de nombreux rebondissements.

Pendant tout le roman, je me suis demandée ce qui relié ces deux histoires : personnages différents, lieux différents. Mais je n'ai pas réussi à trouver le lien. Les chapitres se sont succédés. Entre mensonges et manipulations, la tension monte jusqu'au dénouement. Nous ne comprenons le lien entre les deux affaires qu'au dernier mot de l'histoire !!

Les thèmes abordés par l'auteur sont captivants et amènent à réfléchir sur la possession d'armes à feux, la rédemption, le pardon mais aussi l'impartialité de la justice, la peine de mort.
Patrick est coupable, c'est certain, mais impossible de ne pas ressentir aussi de l'empathie pour lui. On s'attache à cet homme dans lequel on voit de la bonté.

Un très bon roman noir, bien écrit, une intrigue qui nous tient en haleine, un final inattendu, et des sujets qui amènent la réflexion.
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Ce que j'ai beaucoup aimé:
-que l'auteur sache nous faire plonger au plus profond des personnalités qui font vivre ce roman , aucun n'étant tout noir ou tout blanc comme dans la vraie vie.
-que la Justice , personnage à part entière , montre ses imperfections , ses limites , les coupables n'étant pas toujours punis, les innocents pouvant l 'être parfois et que celui qui croit avoir gagné peut parfois s'apercevoir , trop tard , qu'il aurait mieux valu qu'il perde.
- que manipulation , remords ,repentir ,ambition …….sont parfaitement traités dans le déroulé de l'histoire.
- que le final est une vraie réussite.
Ce que je n'ai pas aimé:
RIEN


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Scottsdale, Arizona. Julia, Mark et leur trois filles sont réveillés en pleine nuit par un cambrioleur qui tuera accidentellement le père de famille. Julia n'aura alors de cesse de faire condamner le coupable à la peine capitale, quand bien même il lui faudra en passer par le pire …
Garches-Les-Gonesse, France. Michel Bernard (alias Ivan le terrible) un jeune adolescent de quatorze ans tient absolument à se faire accepter par le Gang des frères de sang et se prête à un “bizutage” qui le conduira directement à la case prison, jusqu'à sa libération où il prendra un nouveau départ …
Kenza, six ans, est régulièrement abusée par son propre père, jusqu'à cette nuit tragique où sa mère le découvre : pour cette dernière, la vérité est si insupportable qu'elle n'y survivra pas …
Quel lien entre ces évènements et les principaux protagonistes ? Laurent Loison nous entraine dans un récit palpitant et nous tient en haleine - jusqu'à ce que le voile se déchire enfin, à la toute dernière page !
J'avais beaucoup aimé “cyanure” mais alors là : j'ai adoré ! Une construction géniale. Un excellent moment de littérature noire, que je vous conseille vivement !
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Laurent Loison est l'homme des titres de romans en C : Charade, Cyanure, Chimères, et maintenant Coupable. La couverture du roman, que je trouve très réussie pour son atmosphère glaçante, met en lumière la Chaise électrique. le premier mot qui me traverse l'esprit en regardant cette photo est Clémence… Est-ce de cela que l'auteur va nous parler ? Va-t-il aborder le sempiternel sujet de pour ou contre la peine de mort et des conséquences qu'elle engendre pour le condamné, mais aussi pour la victime et ses proches ?

Deux histoires, deux lieux, deux espaces-temps. L'une se déroule à Garges-Les-Gonesse où une petite frappe, Ivan tente d'intégrer un gang en passant les épreuves initiatiques requises. La dernière se révèle être un cambriolage qui tourne mal. Ivan se retrouve face à un vieillard qui n'a pas l'intention de se laisser faire. Immanquablement, les choses dérapent… L'autre a lieu à Scottsdale, Arizona. Là aussi, un cambriolage en cours tourne au drame puisque le chef de famille, le docteur Mark Francis est abattu par Patrick Stone lors d'un corps à corps musclé. Il laisse sa femme Julia, et ses 3 filles. Cette partie de l'intrigue se déroule donc aux États-Unis. À titre d'information, je rappelle que jusqu'en 1934, la pendaison était le seul moyen d'exécution des condamnés. Après cette date, on favorise l'utilisation de la chambre à gaz jusqu'en 1962. Un moratoire suspend les exécutions jusqu'en 1976, puis l'injection létale devient le seul moyen d'exécution. Tout ça pour dire que Laurent Loison devait poser une partie de sa trame dans un état américain. Cette précision indispensable évitera les reproches à venir de ces auteurs français qui posent leur intrigue en Amérique.

Deux idées de départ quasi similaires, des destins brisés, des conséquences cataclysmiques pour chacun des protagonistes. le lecteur se retrouve embarqué dans ces faits divers, un vol avec violence et un homicide involontaire, et passe les pages à se demander quel est le lien entre les deux. le plus juste serait de parler de torture des méninges. Torture des méninges il y a, à n'en pas douter ! Laurent Loison excelle dans la construction de ce puzzle où les pièces s'emboîtent progressivement sans pour autant donner une lumière immédiate aux corrélations. Je défie les plus aguerris de comprendre le fin mot de l'histoire avant les dernières pages.

Plusieurs thématiques fort intéressantes sont abordées dans ce roman, et pas des moindres. Tout d'abord le deuil et la volonté de vengeance, carte maîtresse de ce jeu dangereux, dont une seule personne possède les atouts : Julia. Elle ne reculera devant rien pour que le meurtrier de son mari soit exécuté ! Ce besoin absolu et presque irrationnel de vengeance engendre un plan de bataille audacieux, qui met en lumière les notions de commisération, de compassion, de clémence et évidemment de justice. le thème de la justice est le point d'orgue du roman. Laurent Loison utilise plusieurs points d'ancrage pour étayer son propos. D'abord, il a eu l'intelligence de créer le personnage de Kenza Longford, fille du procureur en passe de devenir gouverneur Stephen Longford. Ce personnage est le reflet d'un système judiciaire américain que je juge moribond : les hauts représentants de la justice sont parfois des personnes peu recommandables, aux agissements plus que discutables pour ne pas dire illégaux. Cet homme à la carrière fulgurante, aux responsabilités cruciales se révèle être une ordure de première. L'occasion pour l'auteur de montrer les deux faces d'une même pièce. Ensuite, il est donné au lecteur l'occasion d'entrer de plain-pied dans le système judiciaire grâce aux thèmes de culpabilité et de responsabilité, de gradation de la sanction, de petits arrangements entre amis, de menaces et de chantages en tout genre. En somme, Laurent Loison pose la question de l'équité de la justice, mais aussi de la confiance ou de l'absence de confiance qu'elle dégage. Enfin, le débat sur la peine de mort est un élément essentiel du roman puisque c'est sur ce débat que le roman se fonde. de ce débat découle celui du pardon, du besoin fondamental de l'être humain d'être pardonné pour ses actions. le personnage de Michel en est un excellent exemple.

Cela m'amène à la fin : « Quel est le prix à payer pour sauver son âme ? » Seules les dernières pages du livre vous permettront de comprendre où l'auteur a voulu en venir, et lorsque la vérité crue et brutale apparaît, le lecteur rembobine le fil du roman pour mieux appréhender l'horreur de la situation. Cette fin est extrêmement bien pensée, très bien déroulée, elle met en lumière le manichéisme des personnages, la cruauté des actions, l'atrocité des conséquences et fait naître une improbable empathie pour certains personnages. le coupable n'est pas toujours celui qu'on croit…. Laurent Loison signe ici un roman très abouti, à l'intrigue parfaitement ficelée, mais il apporte également une dimension supplémentaire de réflexion sur des problématiques sociétales essentielles. Les grands du noir ont compris que sous couvert de meurtres sordides, ils pouvaient aborder des thématiques fondamentales. Laurent Loison fait partie de ceux-là.

Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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