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[...] Belliou se réveilla doucement, sans bouger. De petits doigts tièdes touchèrent sa joue et glissèrent jusqu'à ses lèvres pour une tendre pression. Puis une fourrure, imprégnée du froid de l'extérieur, caressa sa chair et son oreille perçut le murmure d'un seul mot : Venez !
Il s'assit avec précaution et prêta l'oreille. La multitude des chiens-loups du camp avait commencé son concert nocturne, mais, malgré le bruit, il pouvait, très près de lui, percevoir la respiration légère et rythmée de Snass.
Labiskwee le tira brusquement par la manche, et il comprit qu'elle l'invitait à la suivre. Il prit ses chaussures et ses bas et sortit sur la neige en mocassins de nuit. En dehors de la lueur du feu mourant, elle lui fit signe de se vêtir complètement et, pendant qu'il obéissait, elle rentra sous la tente où dormait Snass.
Palpant du bout des doigts les aiguilles de sa montre, Belliou se rendit compte qu'il était une heure du matin. La température, qu'il évalua à dix degrés au-dessous de zéro, était relativement douce. [...]