On ne devient pas marin, on naît marin. Et par "marin" j'entends non pas ces individus quelconques et sans ressort qui composent aujourd'hui les équipages des grands paquebots, mais l'homme capable de manœuvrer ce complexe de bois, de fer, de cordages et de toile que représente un navire, et de l'obliger d'obéir à sa volonté sur la surface des flots.
(Extrait de "A bord d'un petit voilier", p. 131)
Charley, au gouvernail, semblait doué de l'instinct de la direction. Il avouait lui-même son impossibilité d'expliquer ce phénomène ; mais il possédait un sens particulier qui lui permettait de prévoir les vents, de calculer les distances, le temps, la vitesse des courants et la dérive de façon étonnante.
Mon excitation était comparable à celle de l'eau. Le bateau se comportait de façon splendide, bondissant et filant sur l'onde à la vitesse d'un cheval de course. J'avais peine à contenir mon enthousiasme. La voile immense, le hurlement du vent, la mer agitée les plongeons du bateau... Et moi, un pygmée, simple point dans l'espace, maîtrisant les éléments déchaînés, je m'avançais sur les flots, victorieux.