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Citations sur Dante n'avait rien vu : Biribi (40)

De belles phrases encombrent les projets de lois de nos corps législatifs. Mais ceux qui font les lois ne les appliquent pas et ceux qui les appliquent se moquent de ceux qui les font.
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Depuis vingt ans, le monde a fait beaucoup de progrès : on voyage dans les airs, on se parle à travers l'Océan et sans fil ! L'homme est en marche, du moins il le croit ! Seule, en France, la justice est pétrifiée.
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— Ici ? C'est la baraque à massacre. Je suis soldat de métier, pas ? J'suis donc pas suspect ! Eh bien ! Je deviens antimilitariste. Est-ce que vous savez ce qu'on fait dans les pénitenciers ?
— Dites.
— Les fers, les coups de bottes, la crapaudine, la pelotte, la cravache et cent mille cochonneries. Mais c'est des choses pour des bêtes, tout ça ! Je suis un vieux soldat, moi ; je proteste au nom des vieux soldats. On est fait pour se battre, non pour être battu ! Depuis que je vois ce que je vois, j'peux plus voir l'uniforme.
Et mon vieux copain changea subitement de figure :
— Y m'ont donné de la haine.
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Quand un caïd perd de son prestige, son peuple, petit à petit, passe sous le joug d'un plus fort.
Pour ne pas déchoir, un caïd ira jusqu'au crime. Autant que les plus grands, il a senti que tout n'était pas fini quand on a atteint le pouvoir, mais que le redoutable était de le conserver. alors il s'improvise chroniqueur de sa propre vie. Il invente son histoire. Tel, qui n'aura pour blason qu'un vol sans envergure, sortira son couteau et dira : "c'est fine lame, il en est à sa cinquième boutonnière." Il ajoutera : "La sixième est pour celui qui en doute."
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Suspendre les hommes par les reins.
Leur faire la "blague" de les laisser un après-midi dans une tinette.
Immobiliser un malheureux et lui sucrer la figure pour aguicher les guêpes et les mouches.
L'attacher de telle façon qu'il ressemble à un crapaud. Si l'on attachait des crapauds pour leur faire prendre la forme des hommes, la Société protectrice des animaux interviendrait.
Condamner un homme à la peine de la soif et, quand la soif le torture, lui faire boire du sel fondu.
Le coucher nu entre deux fagots de branches épineuses et commander des violons. Je veux dire: danser dessus.
L'obliger à porter de la chaux vive sur son épaule saignante.
L'étendre au milieu de la cour et le faire directement recouvrir d'immondices.
Le rosser, le piétiner, l'attacher à la queue d'un mulet.
Le livrer à la simplicité des bons tiraillours qui l'expédient dans un monde plus juste.
Et toute la lyre! toute la lyre!
En quel endroit de la terre règnent encore de semblables tyrans?
Ce ne sont pas des tyrans, ce sont des sergents!
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— Monsieur, me dit un fonctionnaire, à Tunis, je ne sais pas ce qui se passe dans les pénitenciers militaires, mais je vais vous dire une histoire vraie. Vous avez vu le garçon qui vous a servi. Je l'ai depuis trois ans chez moi. C'est un brave garçon. Voilà quatre mois, j'invite un officier à dîner.
— Tu peux nous servir, dis-je à Etienne.
Mais Etienne disparaît. Nous attendons. Je sonne. Etienne ne vient pas. Je vais à la cuisine:
— Eh bien! qu'est-ce que tu fais?
— Monsieur, dit-il, tout hors de lui, je ne puis pas vous servir, je m'en vais!
— Qu'est-ce que tu as?
— Y m'en ont trop fait! Y m'en ont trop fait!
— Qui?
— Vous savez bien que j'ai été au pénitencier.
— Oui.
— J'peux plus les voir, plus les voir!
— Tu connais le capitaine?
— Non, pas lui, tous!
Il se mit à pleurer. Puis, avec une cuiller, il frappait la table, à grands coups, comme pour l’assassiner, et dans ses larmes, il répétait:
— Y m'en ont trop fait, m'sieur! trop fait!
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C'était un "intellectuel". Il était dans cette cage en compagnie de six autres détenus. On pouvait lui donner cinquante-cinq ans; cinquante-cinq ans d'un homme fini.
— J'ai trente-six ans.
[...]
— J'aurai fini dans six mois, dit-il, je suis écrivain, je dirai tout cela...
— On l'a déjà dit, mon pauvre ami, fit l'agent principal.
— Oui, en effet, et ce qui sera difficile, ce ne sera pas de le dire mais de le faire croire.
— Quand vous serez libre, vous oublierez tout.
— Oh! non! fit le perclus. On nous a enfoncé une haine éternelle. Pas pour votre prison, mais pour le pénitencier. Ai-je mérité des coups depuis neuf mois que je suis ici? Non, et je n'en ai pas reçu, mais là-bas, on en veut à l'homme uniquement parce qu'il est un homme. Ce ne sont pas des surveillants qui gardent des coupables, mais des êtres humains acharnés sur d'autres être humains. Des sergents? Non pas, ce sont des dieux destructeurs. C'est notre squelette qu'il veulent et non pas notre amendement.
Avec l'une de ses béquilles, il frappa la dalle de sa cage. Ce geste fit visiblement souffrir le paralytique.
— Une haine, monsieur l'agent principal, plus forte que ma douleur.
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... Pas de bêtises, Berton! pas de bêtises, même si l'on tue votre chat.
Un chat ronronnait aux pieds de Berton.
— Monsieur le directeur, si une crapule tue mon chat, je tuerai la crapule, je l'ai dit.
Berton excite les jalousies. Pour qu'il commette une nouvelle faute, des détenus sont prêts à tuer son chat. Ainsi s’entraident les hommes!
— C'est que, dans les prisons, ils s'attachent aux plus petits représentants de la vie, à un moineau, à un rat...
— A un cafard, dit Berton.
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Et Quéru?
— Oui, j'ai déjà entendu parler de cette affaire Quéru.
— Quéru arriva aux Aït Ischag, avec la SS (section spéciale).
Le troisième jour, il tomba malade. C'était un petit maigre comme moi. Le sergent D... le fit traîner de force sur le chantier. Quéru damait. Il s'affaisse le long de sa dame; le sergent D... lui donne l'ordre de se relever. Quéru essaye et ne peut pas. Le sergent le fait frapper par les Sénégalais. Quéru reste par terre. Le sergent lui passe une ceinture autour du cou et attache Quéru à la queue d'un mulet. Le mulet traîne mon camarade. Mais l'attelage se démolit et le mulet part tout seul. Alors le sergent ordonne à deux disciplinaires, dont le détenu Daudet, de frapper Quéru et de le ramener au camp.
Le soir, le sergent D... pénètre dans le marabout et dit à Quéru: « Lève-toi! » Quéru ne bouge pas. Le sergent lui envoie un coup de pied dans le ventre.
Quéru ne bouge pas.
— Salopard, crie le sergent, vas-tu te lever? Mais le sergent se penche et voit que Quéru est mort.
11.407 se leva:
— Vous pleurez?
— C'était mon ami, dit-il
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— Faites appeler le sergent D...
Le nom de ce sergent m'était connu. Je l'avais souvent entendu prononcer par les hommes de la route. Ce sergent était le héros d'une histoire dégoûtante. Il faisait coucher un détenu par terre puis ordonnait aux hommes de se servir de la figure du malheureux comme d'une feuillée.
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