AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782228933384
96 pages
Payot et Rivages (01/06/2023)
3.9/5   96 notes
Résumé :
1924, le Tour de France s'élance dans la poussière de juin. Albert Londres, qui découvre le milieu, embarque avec ceux qu'il aura tôt fait de baptiser « les forçats de la route ». Les Bottechia, Pélissier et Thys dévorent la France en quinze étapes, de jour comme de nuit.
« Voulez-vous voir comment nous marchons ? Tenez...
De son sac il sort une fiole :
- Ça c'est de la cocaïne, pour les yeux, ça c'est du chloroforme, pour les gencives...
... >Voir plus
Que lire après Les forçats de la route (ou) Tour de France, tour de souffranceVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 96 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
0 avis
Albert LONDRES est le nom aujourd'hui que l'on donne au prix qui, chaque année depuis 1933, récompense les meilleurs journalistes Francophones.

Journaliste, écrivain, poète, grand reporter, il a 40 ans lorsqu'il écrit les forçats de la route.

Tour de France 1924, Londres nous parle de tout sans langue de bois, dans un style faussement candide et drôle.

Les coureurs sont des vedettes attendues reconnues, les étapes font 400 km! Les routes sont bien souvent des chemins caillouteux, nous sommes en 1924, et ne parlons même pas des vélos!

Les conditions de course sont terribles, alors les coureurs pour «tenir» se dopent cela va du vin rouge en passant par le café, jusqu'à la cocaïne!

Les primes de courses sont dérisoires, les coureurs sont des héros des temps modernes, des «forçats de la route»
Commenter  J’apprécie          652
Avec la caravane du Tour, nous suivons les péripéties de la course.
Mais le journaliste n'est pas de ces baveux qui alimentent une chronique sans surprise, et contribuent à édifier le mythes de ces surhommes chargés de se donner en spectacle comme s'ils étaient jetés en pâture à la foule.
Pour que le public en ait pour ses sous, les organisateurs imposent des conditions humiliantes et des épreuves inutiles. Plus de la moitié des coureurs abandonnent, sont blessés, renversés par des voitures, cassent leur vélo, ils n'ont droit à aucune aide, et risquent une amende s'ils en acceptent. Certaines étapes durent vingt heures, (Metz/Dunkerque) sous la pluie et sur les routes pavées. Pas de voiture-balai, pas de médecin ni d'infirmerie, les blessés doivent s'arrêter dans une pharmacie pour se faire soigner.
En arrivant dans les Ardennes, Londres ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec la souffrance des poilus de 14/18: "Ce n'était cependant pas à une guerre que nous assistions, mais à une course. A juger la chose sur l'extérieur, il n'y avait pas sur la face des acteurs une énorme différence."
Un récit qui fut publié en direct pendant l'été 1924 dans le Petit Parisien, et qui nous fait partager la vie de ces forçats condamnés à avaler 300 à 400 km par jour "pour six francs 50".
Commenter  J’apprécie          213
Le Tour de France 1924 a été couvert par le journaliste du Petit Parisien, Albert Londres. Il a suivi la grande boucle auprès des coureurs. Une réelle boucle de 5425 km avec des vélos pesant plus de 15 kg, au plus près des côtes.

Il raconte les conditions inhumaines de cette course où les coureurs couraient parfois près de 19 heures d'affilé, partant de nuit pour arriver le soir et se reposer peu ! La plupart étaient drogués jusqu'au fond des yeux : cocaïne pour les dits yeux ; chloroforme pour les gencives ; des pilules et des pommades !

Les frères Pélissier et Maurice Ville ont abandonné à la 3ème étape pour protester contre le règlement tant le comportement des organisateurs et les conditions de la course étaient abominables. Ces forçats, comme ils ont été surnommés, étaient payés 6,50 francs par jour.

Même si je savais que toutes les conditions étaient beaucoup plus difficiles que maintenant mais je ne savais pas que cette année là était si particulière ! J'ai dû relire certains passages pour être certaine d'avoir correctement lu ! Hallucinant !

Challenge RIQUIQUI 2020
Commenter  J’apprécie          193
Qu'auraient pensé Albert Londres et les coureurs du Tour de France de 1924, de ce qu'est devenu le Tour d'aujourd'hui ?
Des étapes difficiles aujourd'hui c'est sûr, mais celles de 1924 pouvaient faire jusqu'à 482 kilomètres comme l'étape Les Sables-d'Olonne – Bayonne, et commencer en pleine nuit à 2 heures du matin, pour ne finir qu'à plus de 20 heures.
Et bien sûr, à l'arrivée pas d'équipe de masseurs, de diététiciens, d'hôtel 5 étoiles pour prendre soin des coureurs, ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes.
Et les vélos, rien à voir avec ceux de 2023 super profilés et super légers, ils pesaient alors 15 kilos et les coureurs emmenaient avec eux tout ce dont ils avaient besoin, pas de voiture suiveuse et de mécanos pour changer en vitesse une roue crevée, le coureur de 1924 avait des boyaux autour des épaules pour réparer lui-même sa crevaison, et si le sort voulait qu'un jour il soit victime de trop nombreuses crevaisons, il faut dire que les route de d'alors n'étaient pas non plus celles d'aujourd'hui, il n'avait d'autre choix que d'aller acheter ce dont il avait besoin chez le marchand de cycles local.
Mais ce qui n'a pas changé c'est que les grands cols des Pyrénées et des Alpes étaient déjà là et qu'il fallait les gravir à la force du mollet.
Albert Londres alors journaliste au Petit Parisien, va nous faire vivre les 15 étapes de ce Tour parti de Paris le 22 juin avec 157 coureurs pour arriver à Paris le 20 juillet avec 60 coureurs, après 5 425 kilomètres qui ont consacrés pour la première fois un vainqueur italien : Ottavio Bottecchia qui a porté le maillot jaune depuis la première étape pour ne plus jamais le quitter.
Joli livre qui nous fait revivre la France d'Entre-deux-guerres et qui glorifie ceux qu'Albert Londres a appelé les forçats de la route.
Commenter  J’apprécie          120
Fini de se promener, c'est demain les Pyrénées...

Albert Londres suit le tour de France 1924, et nous offre quelques billets d'anthologie, sur ce qui est alors un "tour de souffrance".
En selle, pour 15 étapes d'une vingtaine d'heures en moyenne...

Des lignes la plupart du temps magiques, qui m'ont sympathiquement émoustillé du départ à l'arrivée.

Quelle plume ce Londres, c'est concis, c'est vivant, il saisit ces tranches de vies comme peu d'autres savent le faire.
Un petit bouquin qui vous apportera un réel bonheur.

Merci d'avoir passé à la postérité ces quasi surhommes, j'aimerais tous les citer à l'image de ce dernier billet qui m'a profondément ému (mais je vais pas le faire... pas encore, du moins).
Ces Alavoine, dit "Jean XIII, roi de la poisse" dont c'était sa dernière boucle.
Bottecchia l'intouchable, ancien maçon qui retira son maillot jaune à l'approche de la frontière Italienne, pour éviter que ses compatriotes ne le lui fasse perdre.
Pelissier, vainqueur en 1923 qui s'arrête "parce qu'ils sont pas des bêtes".
Kamm, qui asticote notre chroniqueur pour reprendre sa place au "petit Parisien", ou encore Tiberghien et ses mystérieuses lettres d'amour.

A noter qu'on aurait quand même eu envie de jeter quelques pierres à ces commissaires de course aussi, qui rigolaient pas avec ce courageux petit peuple de bicyclistes...
Commenter  J’apprécie          130

Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Les Pélissier n'ont pas que des jambes, ils ont une tête et, dans cette tête, du jugement.
- Vous n'avez pas idée de ce qu'est le Tour de France, dit Henri, c'est un calvaire. Et encore, le Chemin de Croix n'avait que quatorze stations, tandis que le nôtre en compte quinze. Nous souffrons du départ à l'arrivée. Voulez-vous voir comment nous marchons? Tenez....
De son sac, il sort une fiole:
- ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives....
- ça, dit Ville, vidant aussi sa musette, c'est de la pommade pour me chauffer les genoux.
- Et des pilules? Voulez vous voir des pilules? Tenez, voilà des pilules.
Ils en sortent trois boîtes chacun.
- Bref, dit Francis, nous marchons à la "dynamite".
Commenter  J’apprécie          171
De son sac, il sort une fiole : - Ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives ... - Ça, dit Ville, vidant aussi sa musette, c'est de la pommade pour me chauffer les genoux. - Et des pilules ? Voulez-vous voir des pilules ? Tenez, voilà des pilules. Ils en sortent trois boîtes chacun. - Bref ! dit Francis, nous marchons à la "dynamite". Henri reprend : - Vous ne nous avez pas encore vus au bain à l'arrivée. Payez-vous cette séance. La boue ôtée, nous sommes blancs comme des suaires, la diarrhée nous vide, on tourne de l'œil dans l'eau. Le soir, à notre chambre, on danse la gigue, comme Saint Guy, au lieu de dormir.
Commenter  J’apprécie          90
Quand nous crevons de soif, avant de tendre notre bidon à l'eau qui coule, on doit s'assurer que ce n'est pas quelqu'un, à cinquante mètres qui la pompe. Autrement: pénalisation. Pour boire, il faut pomper soi-même ! Un jour viendra où l'on nous mettra du plomb dans les poches, parce que l'on trouvera que Dieu a fait l'homme trop léger. Si l'on continue sur cette pente, il n'y aura bientôt plus que des clochards et plus d'artistes. Le sport devient fou furieux....
Commenter  J’apprécie          90
Je ne leur parlais pas, je les connais tous, mais ils ne m'auraient pas répondu. Quand leur regard rencontrait le mien, cela me rappelait celui d'un chien que j'avais et qui, avant de mourir, en appelait à moi de sa peine profonde d'être obligé de quitter la terre. Puis ils baissaient de nouveau les yeux et s'en allaient, courbés sur leur guidon, fixant la route, comme pour savoir si les gouttes d'eau dont ils la semaient étaient de la sueur ou des larmes.
Commenter  J’apprécie          50
- Vous ne nous avez pas encore vus au bain à l'arrivée. Payez-vous cette séance. La boue ôtée, nous sommes blancs comme des suaires, la diarrhée nous vide, on tourne de l'oeil dans l'eau. Le soir, à notre chambre, on danse la gigue, comme saint Guy, au lieu de dormir. Regardez nos lacets, ils sont en cuir. Eh bien ! ils ne tiennent pas toujours, ils se rompent, et c'est du cuir tanné, du moins on le suppose...Pensez à ce que devient notre peau ! Quand nous descendons de machine, on passe à travers nos chaussettes, à travers notre culotte, plus rien ne nous tient au corps...
- Et la viande de notre corps, dit Francis, ne tient plus à notre squelette...
- Et les ongles des pieds, dit Henri, j'en perds six sur dix, ils meurent petit à petit à chaque étape.
- Mais ils renaissent pour l'année suivante, dit Francis.
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Albert Londres (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Londres
Par Delphine Minoui, grand reporter, lauréate du Prix Albert Londres 2006 Tout public, à partir de 10 ans
« Lumières pour enfants », c'était le titre donné par Walter Benjamin aux émissions de radio destinées à la jeunesse qu'il assura avant la montée du nazisme. Ce titre, Gilberte Tsaï l'a repris pour les Petites conférences qu'elle programme depuis 2001 dans différents établissements culturels. Elles reposent sur le pari que ni les grandes questions, ni les espaces du savoir, ne sont étrangères au monde des enfants et qu'au contraire elles font partie de leur souci, formant un monde d'interrogations restant trop souvent sans réponses. La règle du jeu en est la suivante : un spécialiste d'une matière ou d'un domaine accepte de s'adresser à un public composé d'enfants mais aussi d'adultes, et de répondre à leurs questions. À chaque fois, il n'est question que d'éclairer, d'éveiller : en prenant les sujets au sérieux et en les traitant de façon vivante, hors des sentiers battus.
Programme de la Petite conférence #2 – « Raconter la guerre, dessiner la paix, 25 ans de reportages au Moyen-Orient » par Delphine Minoui :
Rien ne prédestinait l'enfant timide, née à Paris d'une mère française et d'un père iranien, à devenir reporter de guerre. Quand elle s'envole pour Téhéran, en 1997, c'est avec l'envie d'y raconter le quotidien des jeunes de son âge, épris d'ouverture. Mais l'après 11-septembre 2001 chamboule tout. Elle se retrouve en Afghanistan, puis en Irak, pour suivre l'invasion américaine et ses conséquences sur la région. Depuis, les soubresauts s'enchaînent : révolutions du printemps arabe, attentats de Daech, crise des réfugiés syriens, putsch raté en Turquie, retour des Taliban à Kaboul. Mais Delphine ne perd jamais espoir. Sensible à l'humain au milieu du chaos, elle navigue entre ses articles et ses livres pour faire parler la paix, encore et toujours, en racontant le combat des héros anonymes croisés sur son chemin.
Entre anecdotes et confidences, la conférence donnera à voir les coulisses du reportage, où le journaliste n'est ni un super héros ni un agent du « fake news » au service d'un grand complot, mais un témoin d'exception, porteur de lumière, même au coeur de l'obscurité.
Le terrain est la colonne vertébrale de son écriture. Correspondante au Moyen-Orient pour France Inter et France Info dès 1999 puis pour Le Figaro depuis 2002, Delphine Minoui a consacré la moitié de sa vie à cette partie du monde synonyme de révolutions, coups d'État et conflits.
À lire – « Les petites conférences » sont devenues une collection aux éditions Bayard. Delphine Minoui, L'alphabet du silence, l'Iconoclaste, 2023 Les Passeurs de livres de Daraya, Seuil, 2017 Je vous écris de Téhéran, Seuil, 2015
Conception et programmation : Gilberte Tsaï – Production : l'Équipée.
+ Lire la suite
Dans la catégorie : CyclismeVoir plus
>Loisirs et arts du spectacle>Sports, jeux athlétiques extérieurs>Cyclisme (52)
autres livres classés : cyclismeVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (200) Voir plus



Quiz Voir plus

Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

Honoré de Balzac
Stendhal
Gustave Flaubert
Guy de Maupassant

8 questions
11105 lecteurs ont répondu
Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..