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EAN : 9782869598195
60 pages
Arléa (07/05/2008)
3.93/5   76 notes
Résumé :
1924, le Tour de France s'élance dans la poussière de juin. Albert Londres, qui découvre le milieu, embarque avec ceux qu'il aura tôt fait de baptiser « les forçats de la route ». Les Bottechia, Pélissier et Thys dévorent la France en quinze étapes, de jour comme de nuit.
« Voulez-vous voir comment nous marchons ? Tenez...
De son sac il sort une fiole :
- Ça c'est de la cocaïne, pour les yeux, ça c'est du chloroforme, pour les gencives...
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Albert LONDRES est le nom aujourd'hui que l'on donne au prix qui, chaque année depuis 1933, récompense les meilleurs journalistes Francophones.

Journaliste, écrivain, poète, grand reporter, il a 40 ans lorsqu'il écrit les forçats de la route.

Tour de France 1924, Londres nous parle de tout sans langue de bois, dans un style faussement candide et drôle.

Les coureurs sont des vedettes attendues reconnues, les étapes font 400 km! Les routes sont bien souvent des chemins caillouteux, nous sommes en 1924, et ne parlons même pas des vélos!

Les conditions de course sont terribles, alors les coureurs pour «tenir» se dopent cela va du vin rouge en passant par le café, jusqu'à la cocaïne!

Les primes de courses sont dérisoires, les coureurs sont des héros des temps modernes, des «forçats de la route»
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Avec la caravane du Tour, nous suivons les péripéties de la course.
Mais le journaliste n'est pas de ces baveux qui alimentent une chronique sans surprise, et contribuent à édifier le mythes de ces surhommes chargés de se donner en spectacle comme s'ils étaient jetés en pâture à la foule.
Pour que le public en ait pour ses sous, les organisateurs imposent des conditions humiliantes et des épreuves inutiles. Plus de la moitié des coureurs abandonnent, sont blessés, renversés par des voitures, cassent leur vélo, ils n'ont droit à aucune aide, et risquent une amende s'ils en acceptent. Certaines étapes durent vingt heures, (Metz/Dunkerque) sous la pluie et sur les routes pavées. Pas de voiture-balai, pas de médecin ni d'infirmerie, les blessés doivent s'arrêter dans une pharmacie pour se faire soigner.
En arrivant dans les Ardennes, Londres ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec la souffrance des poilus de 14/18: "Ce n'était cependant pas à une guerre que nous assistions, mais à une course. A juger la chose sur l'extérieur, il n'y avait pas sur la face des acteurs une énorme différence."
Un récit qui fut publié en direct pendant l'été 1924 dans le Petit Parisien, et qui nous fait partager la vie de ces forçats condamnés à avaler 300 à 400 km par jour "pour six francs 50".
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Le Tour de France 1924 a été couvert par le journaliste du Petit Parisien, Albert Londres. Il a suivi la grande boucle auprès des coureurs. Une réelle boucle de 5425 km avec des vélos pesant plus de 15 kg, au plus près des côtes.

Il raconte les conditions inhumaines de cette course où les coureurs couraient parfois près de 19 heures d'affilé, partant de nuit pour arriver le soir et se reposer peu ! La plupart étaient drogués jusqu'au fond des yeux : cocaïne pour les dits yeux ; chloroforme pour les gencives ; des pilules et des pommades !

Les frères Pélissier et Maurice Ville ont abandonné à la 3ème étape pour protester contre le règlement tant le comportement des organisateurs et les conditions de la course étaient abominables. Ces forçats, comme ils ont été surnommés, étaient payés 6,50 francs par jour.

Même si je savais que toutes les conditions étaient beaucoup plus difficiles que maintenant mais je ne savais pas que cette année là était si particulière ! J'ai dû relire certains passages pour être certaine d'avoir correctement lu ! Hallucinant !

Challenge RIQUIQUI 2020
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Fini de se promener, c'est demain les Pyrénées...

Albert Londres suit le tour de France 1924, et nous offre quelques billets d'anthologie, sur ce qui est alors un "tour de souffrance".
En selle, pour 15 étapes d'une vingtaine d'heures en moyenne...

Des lignes la plupart du temps magiques, qui m'ont sympathiquement émoustillé du départ à l'arrivée.

Quelle plume ce Londres, c'est concis, c'est vivant, il saisit ces tranches de vies comme peu d'autres savent le faire.
Un petit bouquin qui vous apportera un réel bonheur.

Merci d'avoir passé à la postérité ces quasi surhommes, j'aimerais tous les citer à l'image de ce dernier billet qui m'a profondément ému (mais je vais pas le faire... pas encore, du moins).
Ces Alavoine, dit "Jean XIII, roi de la poisse" dont c'était sa dernière boucle.
Bottecchia l'intouchable, ancien maçon qui retira son maillot jaune à l'approche de la frontière Italienne, pour éviter que ses compatriotes ne le lui fasse perdre.
Pelissier, vainqueur en 1923 qui s'arrête "parce qu'ils sont pas des bêtes".
Kamm, qui asticote notre chroniqueur pour reprendre sa place au "petit Parisien", ou encore Tiberghien et ses mystérieuses lettres d'amour.

A noter qu'on aurait quand même eu envie de jeter quelques pierres à ces commissaires de course aussi, qui rigolaient pas avec ce courageux petit peuple de bicyclistes...
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Le grand journaliste Albert Londres suit le Tour de France 1924. Il est au départ à Argenteuil. Les coureurs partent dans la nuit, ils vont au Havre. Déjà, le récit nous change des vieilles photos en noir et blanc, « On aurait juré une fête vénitienne, car ces hommes, avec leurs maillots bariolés, ressemblaient de loin à des lampions. »
Il rend compte de la dimension populaire, on fait du feu dans la nuit, des braseros, pour accompagner la première étape des coureurs.

Quand aux coureurs, ils crèvent et ils crèvent encore, leitmotiv qui va rythmer le récit, un boyau qui crève une fois de trop et c'est la tragédie . Fin de l'étape, vers 18h30, les casquettes ont l'air de pansements de blessés de guerre.
Deuxième étape, les frères Pélissiers ne repartent pas. Henri en a marre des vexations des commissaires trop zélés et des règlementations. Ce qu'il cause bien, le coureur, assis devant son chocolat chaud au café de la gare, comme il exprime bien sa souffrance. On retrouve une époque beaucoup plus dure dans les relations humaines. Les coureurs cyclistes représentent une sorte de prolétariat qu'on admire, mais qu'on exploite, qui doit souffrir...D'ailleurs Bottechia l'italien, futur vainqueur, est maçon dans le civil. Et le Alphonse Baugé, dit le Maréchal, pour tenter de convaincre un coureur de continuer malgré les 6 francs 50, lui dit il y a la fanfare de ton pays natal qui viendra t'accueillir à la gare. Ambiance paternaliste.

Les étapes s'enchaînent, 354 km, 405 km, 412 km, les départs dans la nuit, les petits matins froids, des météos à ne pas mettre un cochon d'Inde au balcon, le soleil s'installe et les coureurs disent: il est temps de manger notre poussière ou la belle-mère a poivré la route. Il y a l'oeil de verre de Barthélémy vicitme d'un silex, il y a les noms des coureurs: Alavoine, Mottiat, Omer Huysse, Tiberghien, Jacquinot, Jean Garby.
Le comportement du public, déjà, cause des accidents.

Voilà un petit bouquin qu'on lit bouche bée, en se disant nan, c'est pas possible. Un reportage au jour le jour paru dans le Petit Parisien, servi par la prose dense et poétique de Albert Londres, des phrases au pouvoir évocatoire pour montrer le combat dantesque, inhumain des coureurs sur leur machine.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les Pélissier n'ont pas que des jambes, ils ont une tête et, dans cette tête, du jugement.
- Vous n'avez pas idée de ce qu'est le Tour de France, dit Henri, c'est un calvaire. Et encore, le Chemin de Croix n'avait que quatorze stations, tandis que le nôtre en compte quinze. Nous souffrons du départ à l'arrivée. Voulez-vous voir comment nous marchons? Tenez....
De son sac, il sort une fiole:
- ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives....
- ça, dit Ville, vidant aussi sa musette, c'est de la pommade pour me chauffer les genoux.
- Et des pilules? Voulez vous voir des pilules? Tenez, voilà des pilules.
Ils en sortent trois boîtes chacun.
- Bref, dit Francis, nous marchons à la "dynamite".
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De son sac, il sort une fiole : - Ça, c'est de la cocaïne pour les yeux, ça c'est du chloroforme pour les gencives ... - Ça, dit Ville, vidant aussi sa musette, c'est de la pommade pour me chauffer les genoux. - Et des pilules ? Voulez-vous voir des pilules ? Tenez, voilà des pilules. Ils en sortent trois boîtes chacun. - Bref ! dit Francis, nous marchons à la "dynamite". Henri reprend : - Vous ne nous avez pas encore vus au bain à l'arrivée. Payez-vous cette séance. La boue ôtée, nous sommes blancs comme des suaires, la diarrhée nous vide, on tourne de l'œil dans l'eau. Le soir, à notre chambre, on danse la gigue, comme Saint Guy, au lieu de dormir.
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Quand nous crevons de soif, avant de tendre notre bidon à l'eau qui coule, on doit s'assurer que ce n'est pas quelqu'un, à cinquante mètres qui la pompe. Autrement: pénalisation. Pour boire, il faut pomper soi-même ! Un jour viendra où l'on nous mettra du plomb dans les poches, parce que l'on trouvera que Dieu a fait l'homme trop léger. Si l'on continue sur cette pente, il n'y aura bientôt plus que des clochards et plus d'artistes. Le sport devient fou furieux....
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Je ne leur parlais pas, je les connais tous, mais ils ne m'auraient pas répondu. Quand leur regard rencontrait le mien, cela me rappelait celui d'un chien que j'avais et qui, avant de mourir, en appelait à moi de sa peine profonde d'être obligé de quitter la terre. Puis ils baissaient de nouveau les yeux et s'en allaient, courbés sur leur guidon, fixant la route, comme pour savoir si les gouttes d'eau dont ils la semaient étaient de la sueur ou des larmes.
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- Vous ne nous avez pas encore vus au bain à l'arrivée. Payez-vous cette séance. La boue ôtée, nous sommes blancs comme des suaires, la diarrhée nous vide, on tourne de l'oeil dans l'eau. Le soir, à notre chambre, on danse la gigue, comme saint Guy, au lieu de dormir. Regardez nos lacets, ils sont en cuir. Eh bien ! ils ne tiennent pas toujours, ils se rompent, et c'est du cuir tanné, du moins on le suppose...Pensez à ce que devient notre peau ! Quand nous descendons de machine, on passe à travers nos chaussettes, à travers notre culotte, plus rien ne nous tient au corps...
- Et la viande de notre corps, dit Francis, ne tient plus à notre squelette...
- Et les ongles des pieds, dit Henri, j'en perds six sur dix, ils meurent petit à petit à chaque étape.
- Mais ils renaissent pour l'année suivante, dit Francis.
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Videos de Albert Londres (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Londres
Le combat d'un homme pour la liberté de la presse
En 2018, après avoir été victime d'une tentative d'enlèvement et d'assassinat dans son pays d'origine, le journaliste d'investigation Taha Siddiqui trouve refuge en France. À travers ce roman graphique, et en compagnie d'Hubert Maury, il revient sur sa jeunesse, son parcours, et son combat pour la liberté de la presse. Quand les parents de Taha quittent le Pakistan pour l'Arabie Saoudite c'est dans l'espoir d'une vie meilleure. Au pays de la Mecque, le quotidien du petit Taha est déjà régi par un islam rigoriste mais quand son père se radicalise, les choses se corsent. C'en est fini des coloriages de Batman et Superman, place à des livres moins profanes. Désormais les super-héros de Taha seront les leaders religieux ! En pleine Guerre du Golfe, la police des moeurs commence à sévir et bientôt il faudra aussi renoncer au foot de rue. C'est en l'an 2000 qu'une brèche s'ouvre... La famille se réinstalle alors au Pakistan où l'armée a pris le pouvoir. À l'âge de 16 ans, Taha rêve de faire des études d'arts, mais son père a d'autres projets pour ce fils qui rechigne à suivre le droit chemin. En attendant, Taha va découvrir une Société faite d'interdits que la jeunesse s'efforce de contourner. Jamais il ne s'est senti aussi libre malgré l'insécurité ambiante. Les attentats du 11 septembre vont profondément l'impacter, tout comme son entrée à l'université. Après avoir connu l'école coranique et la censure, Taha va progressivement s'émanciper et trouver sa voie… il sera journaliste et débutera sa carrière sur une chaîne « hérétique » au grand dam de son père ! Sa détermination, sa foi en son métier et son engagement politique feront de lui une cible comme tant d'autres condisciples à travers le monde.
Véritable chronique d'enfance et d'adolescence, Dissident Club retrace avec un humour libérateur et décomplexé le quotidien d'un jeune homme aux prises avec les fondamentalistes religieux ainsi que son combat pour un accès à l'information et la liberté d'expression. Coécrit et mis en scène par Hubert Maury, ancien diplomate devenu auteur de bandes dessinées, ce roman graphique aussi réjouissant qu'édifiant nous offre une vision limpide du Pakistan sur les trente dernières années ainsi qu'une certaine réflexion sur la religion, ses dérives et les fractures d'une communauté. Un témoignage touchant et sensible qui nous rappelle aussi bien L'Arabe du Futur que le travail de Guy Delisle.
Aujourd'hui Taha Siddiqui (Prix Albert-Londres 2014) et sa famille vivent à Paris. Taha a ouvert en 2020 The Dissident Club, un café & bar où les dissidents du monde entier se retrouvent pour échanger et qui propose régulièrement des conférences, des expositions et des projections.
Un album en partenariat avec Reporters sans frontières et France Info.
https://www.glenat.com/1000-feuilles/dissident-club-9782344042717
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