Les épreuves nous laissent démunis. Elles viennent aussi interroger notre espérance.
Vieillir, c'est vivre encore, et trop souvent nos sociétés modernes l'oublient. Vieillir, c'est aussi se préparer à la mort, et frère Luc est un modèle pour moi.
J'avais un frère là-bas, dans les montagnes algériennes, et je ne le savais pas... Il a fallu que sept moines soient enlevés, séquestrés, puis assassinés pour que j'apprenne l'existence de Luc, mon ami, mon frère.
L'environnement d'une nature sauvage ne peut que séduire les grandes âmes.
Vivre dans la simplicité est un vrai défi spirituel. Je suis inquiet de voir la consommation sans limite qui marque notre époque, la course aux dernières trouvailles technologiques : comment distinguer le chemin de la simplicité, qui rend libre ? On est loin, dans notre société, de l'esprit des convers.
Il ne nous appelle pas à tout quitter pour nous installer dans l'Atlas ou pour entrer dans un monastère. Non: il nous invite à nous enraciner et à tenir, à vivre dans la joie et l'allégresse, là où nous vivons.
Finalement, il faut être profondément libre pour être capable d'obéir.
Il y a des décisions qui engagent la vie, qui coûtent et qui mettent chacun face à d'immenses responsabilités.
J’aime beaucoup cette anecdote qui a été racontée par le prieur de Tibhirine : il avait pris l’habitude de s’entretenir avec Mohammed , un voisin du monastère . « Nous avons ainsi une longue histoire de partage » , insiste Christian . Mais le paysan algérien et le moine laissent passer le temps , pris par mille activités . Jusqu’au jour où le musulman s’adresse au moine et lui lance : « Il y a longtemps que nous n’avons pas creusé notre puits ! » Tous deux comprennent à travers cette expression qu’ils ont un peu laissé tomber leur dialogue spirituel . Et Christian de Chergé de lui répliquer : « Et au fond de notre puits , qu’est - ce que nous allons trouver ? De l’eau musulmane ou de l’eau chrétienne ? » La réponse du paysan vaut tous les traités de théologie : « Il m’a regardé mi - rieur , mi - chagriné , raconte le prieur : “ Tout de même , il y a si longtemps que nous marchons ensemble et tu me poses encore cette question ! lui rétorque Mohammed . Tu sais , au fond de ce puits , ce qu’on trouve , c’est l’eau de Dieu . ” »
Nous avons du mal à lâcher les rênes, à nous laisser guider, dans les petites choses autant que dans les grandes décisions.