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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Marceline est haute comme trois pommes, elle a toujours sa tignasse rousse qui lui donne un air de petit faune ingénu et insolent, comme dans Chronique d'un été de Jean Rouch et Edgar Morin, où elle demandait à des Parisiens croisés au hasard: "Êtes-vous heureux?'.

Aujourd'hui, Marceline a 89 ans. Et cette fois c'est elle-même qu'elle interroge en fouillant dans sa "valise d'amour" qu'on imagine joyeusement bordélique.

Une valise pleine de lettres d'amour et d'amitié.

Lettres de Loridan son premier mari lointain, de Georges Perec amoureux fou de ce petit bout de femme qui était revenue d'un enfer où sa mère à lui avait disparu, de Jean-Pierre Sergent, d'Edgar Morin, de Joris Ivens son deuxième mari, de trente ans son aîné, compagnon de luttes et de tournages engagés.

Lettres d'anonymes, parfois oubliés, d'amies tendrement chéries comme Simone Veil, comme elle revenue " du même transport, du même quai, du même camp".

Sortie de Birkenau, vivante, Marceline y a laissé son père, tendrement aimé. Et ce qui aurait pu être une adolescence heureuse a été tué avec lui. Elle se jette avec frénésie dans la vie, dans ce "ballet des hommes qui a chassé le nom de (son) père de (son) état civil."

Mais les lettres de la valise , parfois citées partiellement, ne sont pas l'objet du livre: elles tendent un miroir à la narratrice et lui posent toutes la même question : "Es-tu heureuse, Marceline? Peux- tu être heureuse? L'as-tu été ? "

Comment fait-on l'amour, comment ressent-on l'amour après les camps quand on y est entré enfant -elle avait quinze ans- et qu'on y a tout appris de la mort, rien de l'amour?

Sans esquive, sans effet, Marceline répond et dit la vérité d'un corps qui refuse de se dénuder, qui reste insensible, qui ne découvre le plaisir des caresses que dans un mélange troublant de sensualité et de violence.

Elle dit la quête effrénée de la liberté : plus personne ne lui donnera d'ordres, désormais. Et la griserie de la séduction.. .

Mais cette ivresse de séduire n'a pour objet que de s'apprivoiser elle-même. Bientôt elle retrouve la confiance dans la tendresse paternelle et amoureuse du grand Ivens, dont elle devient la co-scénariste.

C'est toute une époque effervescente qui revit en même temps qu'elle : effondrement de l'empire colonial, guerre d'Algérie, naissance d'une Chine nouvelle, luttes politiques , luttes sociales, luttes féministes.

Sortir du camp c'est aussi sortir de soi, donner la parole à ceux qui ne l'ont jamais, aller vers l'autre. Mettre en images et en mots les secousses du monde...et jusqu'au dernier souffle de l'homme aimé dans cette "Histoire de vent"dernier film du vieux lion à crinière blanche, qui m'a laissé un souvenir magique.

Une vraie leçon de vie, d' éternelle jeunesse.

Petit bémol : la co-écriture, qui me gêne toujours un peu. Mais j'ai entendu Marceline parler.. Elle parle comme elle pense et , sans doute, comme elle écrit : vite, juste, précis. Vivant.

Vivante Marceline.
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Biographie des amours de l'écrivain aux 90 printemps, rescapée des camps. J'ai aimé sa façon d'écrire avec la liberté qu'elle se donne. Je trouve dommage que sa prose ne soit pas à l'identique de ces interviews pétillantes. Vite lu, agréable, parfois étonnant.
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Parcourir avec Marceline sa « valise d'amour » pleine de souvenirs au gré des écrits qu'elle passe sous sa machine à lire, c'est forcément un peu décousu… mais est-ce à cause de sa valise ou de ce qu'elle a connu adolescente… On découvre aussi ses deux amours dont elle aura conservé le nom, si différents et pourtant si nécessaires. Je reconnais que je me suis parfois un peu ennuyé ou perdu dans les pages mais il m'est bien difficile de critiquer un livre dont je ne me sens pas le droit de juger l'auteur.
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On ne peut qu'être émue en lisant un tel livre car au-delà du récit de ses histoires d'amours et d'amitiés, l'auteur nous livre un message fort et puissant : malgré l'horreur vécue, une vie peut se reconstruire dans l'amour et la liberté, deux forces vives qui ne font pas oublier hélas les tragédies mais qui réchauffent le coeur et font revivre le corps, en permettant de vivre une deuxième belle vie.
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A travers la plume de Judith Perrignon, Marceline Loridan-Ivens nous raconte son rapport à l'amour et à son corps.
A travers les lettres qu'on lui a envoyées, elle retrace sa construction après la déshumanisation. Jeune fille brisée en pleine adolescence par les camps, plus fille mais pas vraiment femme accomplie.

Marceline nous interroge sur le sens de la vie, sur celui que voudrait lui donner la société, surtout quand on est de sexe féminin. Elle évoque le retour à la vie après les camps. Trop rapide après l'horreur. Ceux qui ne les ont pas vécus et qui veulent tout de suite reprendre les choses là où elles avaient été laissées.

Marceline énumère certains hommes de sa vie. Ceux qui ont compté. Parce que comme elle dit, "aimer une personne c'est l'aider à vivre". Et elle a bien besoin qu'on l'aide à vivre la pétillante Marceline, qui ne sait pas pourquoi elle a survécu, qui n'a pas de but mais qui s'oblige quand même à avancer.

Après ma lecture, j'ai refermé ce livre sans être vraiment convaincue. Pour nous raconter son histoire, Marcelline va a mille à l'heure, elle évoque sans s'attarder. Du coup, j'ai eu l'impression de survoler ses propos sans vraiment m'en imprégner. Et puis, en y réfléchissant, j'ai trouvé son témoignage assez puissant finalement. Elle reflète sûrement une certaine mentalité d'après guerre. Celle de ces gens brisés qui ont dû se reconstruire, qui ne savaient pas et qui ne pouvaient pas mettre des mots sur ce qu'ils avaient vécu. Parce que c'était difficile et qu'on ne voulait pas forcément les écouter. Tout va vite dans ce livre, comme le temps qui passe. La soif de liberté de cette femme a été immense. Elle est décédée le 18 septembre 2018. J'espère qu'elle a pu trouver la paix qu'elle n'a pas l'air d'avoir vraiment trouvée ici-bas.
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Très déçu par ce livre qui finalement, reste à la surface des choses les plus inavouables. Trop de publicité, trop de promesses pour ce récit conventionnel d'une femme libre qui a traversé son siècle avec une fausse insouciance. Ce fameux sujet dont personne n'a vraiment parlé : l'amour dans les camps, pourquoi il est improbable, pour quoi il ne peut être raconté... n'est jamais abordé. C'est pourtant le thème de la quatrième de couverture. Un coup marketing. Dommage parce que l'auteur a certainement beaucoup à raconter. On ne peut douter de sa sincérité et de sa profondeur.
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Je ne la connaissais pas, une critique dans le journal me convainc d'acheter ce livre, chose que je fais rarement car je préfère le bouche à oreille!
Grand bien m'en a pris, Marceline Loridan nous montre qu'elle est libre et malgré l'horreur d'un vécu elle vit.... Merci Marceline pour ce témoignage.
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Très beau témoignage sur l'amour ou les amours possibles pour les jeunes de l'après guerre ( la seconde). Un peu moins bien écrit que " et tu n'est pas revenu" mais l'intérêt réside plus dans le contenu que par sa forme. Un beau récit sincère.
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Ce livre est un témoignage, ce n'est pas un livre d'écrivain mais il est d'une sincérité absolue. L'émotion n'en est que plus grande. Il fait suite à "et tu n'est pas revenu" qui relatait sa déportation a Birkenau. Cette femme décédée en septembre 2018 à 90 ans, avait témoigné à la télévision de sa déportation et de sa vie de retour en France. Elle était d'une vie et d'une drôlerie rafraichissante. Ses épreuves lui avaient appris qu'après Birkenau, le reste n'est que du rab !
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