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Citations sur Aziyadé (86)

Et puis cette image gracieuse de la femme que nous aimons, qui est peut-être moins une réalité que le plus pur produit de notre imagination, et ce mélange d’impressions, physiques et morales, sensuelles et spirituelles, ces impressions absolument indescriptibles que l’on ne peut que rappeler à l’esprit de celui qui les a déjà éprouvées, – impressions que vous causera, par suite d’une mystérieuse association d’idées, le moindre objet ayant appartenu à votre bien-aimée, son nom quand vous l’entendez prononcer, quand vous le voyez simplement écrit sur du papier, et mille autres sublimes niaiseries, qui sont peut-être tout ce qu’il y a de meilleur au monde.
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On ne doute de rien ; on a sa ligne de conduite toute tracée par les devoirs que l'on est tenu de remplir. Les doutes que l'on pourrait avoir en philosophie, en religion, en politique, les civilités puériles et honnêtes sont là pour les combler ; ainsi vous ne vous embarrasez donc pas pour si peu. La vie sociale vous absorbe ; les mille et un rouages de la grande machine sociale vous engrènent ; vous vous trémoussez dans l'espace ; vous vous abêtissez dans le temps grâce à la vieillesse ; vous faites des enfants qui seront aussi bêtes que vous. Puis enfin vous mourez, muni des sacrements de l'Eglise ; votre cercueil est inondé d'eau bénite, on chante du latin en faux bourdon autour d'un catafalque à la lueur des cierges ; ceux qui étaient habitués à vous voir vous regrettent si vous avez été bon pendant votre vie, quelques-uns même vous pleurent sincèrement. Puis enfin, on hérite de vous.
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Elle dit, traduisait Samuel que son Dieu n’est pas le même que le tien, et qu’elle n’est pas bien sûre, d’après le Koran, que les femmes aient une âme comme les hommes ; elle pense que quand tu seras parti, vous ne vous verrez jamais, même après que vous serez morts, et c’est pour cela qu’elle pleure. Maintenant, dit Samuel en riant, elle demande si tu veux te jeter dans la mer avec elle tout de suite ; et vous vous laissez couler au fond en vous tenant serrés tous les deux… Et moi, ensuite, je ramènerai la barque, et je dirais que je ne vous ai pas vus.
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Quelle bonne chose d’aimer et d’être aimé ; savoir qu’une nature d’élite a compris la vôtre ; que quelqu’un rapporte toutes ses pensées, tous ses actes à vous ; que vous êtes un centre, un but, en vue duquel une organisation aussi délicatement compliquée que la vôtre, vit, pense et agit ; voila qui rend forts ; voilà qui peut faire des hommes de génie.
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On voudrait reprendre sur le temps le passé de la bien-aimée, on voudrait avoir vu sa figure d'enfant, sa figure de tous les âges; on voudrait l'avoir chérie petite fille, l'avoir vue grandir dans ses bras à soi, sans que d'autres aient eu ses caresses, sans qu'aucun autre l'ait possédée, ni aimée, ni touchée, ni vue. On est jaloux de son passé, jaloux de tout ce qui, avant vous, a été donné à d'autres, jaloux des moindres sentiments de son cœur et des moindres paroles de sa bouche, que, avant vous, d'autres ont entendues. L'heure présente ne suffit pas, il faudrait aussi tout le passé et encore tout l'avenir. On est là, les mains dans les mains ; les poitrines se touchent, les lèvres se pressent; on voudrait pouvoir se toucher sur tous les points à la fois et avec des sens plus subtils, on voudrait ne faire qu'un seul être et se fondre l'un dans l'autre.
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16 mai 1876.
… Une belle journée de mai, un beau soleil, un ciel pur… Quand les canots étrangers arrivèrent, les bourreaux, sur les quais, mettaient la dernière main à leur oeuvre : six pendus exécutaient en présence de la foule l’horrible contorsion finale… Les fenêtres, les toits étaient encombrés de spectateurs ; sur un balcon voisin, les autorités turques souriaient à ce spectacle familier.
Le gouvernement du sultan avait fait peu de frais pour l’appareil du supplice ; les potences étaient si basses que les pieds nus des condamnés touchaient la terre. Leurs ongles crispés grinçaient sur le sable.
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Et l'amitié, qui est un sentiment plus sévère, plus solidement assis, puisqu'il repose sur tout ce qu'il y a de plus élevé en nous, la partie purement intellectuelle de nous-même. Quel bonheur de pouvoir dire tout ce que l'on sent à quelqu'un qui vous comprend jusqu'au bout et non pas seulement jusqu'à un certain point, à quelqu'un qui achève votre pensée avec le même mot qui était sur vos lèvres, dont la réplique fait jaillir de chez vous un torrent de conceptions, un flot d'idées. Un demi-mot de votre ami vous en dit plus que bien des phrases, car vous êtes habitué à penser avec lui. Vous comprenez tous les sentiments qui l'animent et il le sait. Vous êtes deux intelligences qui s'ajoutent et se complètent.
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Aujourd'hui, 22 janvier, les ministres et les hauts dignitaires de l'empire, réunis en séance solennelle à la Sublime Porte, ont décidé à l'unanimité de repousser les propositions de l'Europe sous lesquelles ils voyaient passer les griffes de la sainte Russie.... L'enthousiasme national était grand dans cette assemblée où l'on vit pour la première fois cette chose insolite :des chrétiens siégeant à côté de musulmans ; des prélats arméniens, à côté des derviches et du cheik-ul-islam ; où l'on entendit pour la première fois sortir de bouches mahométanes cette parole inouïes : "nos frères chrétiens."
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Beau temps froid, clair de lune.
Aziyadé est assise comme une fille de l'Orient sur une pile de tapis et de coussins et est occupée à teindre ses ongles d'orteils en rouge orange, opération de la plus haute importance.
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Je me croyais si parfaitement seul, que j’éprouvai une étrange impression en apercevant près de moi, derrière d’épais barreaux de fer, le haut d’une tête humaine, deux grands yeux verts fixés sur les miens.
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