Citations sur Le chemin des vierges enceintes: Une autre voie pour .. (4)
Duquesne et bien d'autres admettent que l'Incarnation demeure "l'originalité absolue du christianisme". Aucune autre religion n'osa lancer un pareil pont entre les rives du visible et de l'invisible. En contrepartie, ce désir de Dieu fait homme exigea une gymnastique théologique incomparable, puisqu'à chaque ruade de la raison, les tenants du discours officiel, durent dans l'urgence, forger un nouveau maillon pour enchaîner l'incohérence à leur cohérence.
Les esprits critiques vis-à-vis de la prolifération d'éclats du bois de la croix, des cheveux de Marie, d'épines du Christ ou de fragments d'os de martyrs, dénoncèrent ces excès comme des pratiques païennes. Argument rejeté quand on sait combien les non-chrétiens abhorraient cette habitude de collecter les restes des défunts. Les habitants de l'Antiquité préféraient célébrer la beauté du vivant, plutôt que les effets de la mort, même censés être vaincus par la résurrection.
La Vierge noire trône en majesté au centre de l'autel. Elle porte ce jour-là un manteau blanc aux tiges bleues au bout desquelles fleurissent des étoiles dorées. (...) Une couronne en métal précieux établit la dignité royale. Pour un visiteur non averti, l'apparition est troublante.
En une phrase, Germaine Tillion emballe l'affaire dans le début de son célèbre essai "Le harem et ses cousins" :
"Notre mère l'Église est restée jusqu'à nos jours une mère masculine, si l'on peut dire."
(...)
Elle s'en prenait dans les années 1960, aux décisions du "grand parlement universel" appelé Vatican II. Elle, l'ethnologue agissante, la résistante héroïque, entrée en 2015 au Panthéon, dénonçait la foule disproportionnée de 2200 Pères conciliaires, et l'absence hurlantes de femmes, abbesse ou théologienne.
Rien n'a changé depuis 1962. Germaine Tillion évoquait l'exclusion des femmes de la prêtrise : "L'idée même fait sourire". Les papes suivants, Jean-Paul II avec virulence, refusèrent d'ouvrir la moindre vanne au barrage. Il restera fermé. L'idée ne fait plus sourire. Qui n'avance pas recule. Nous avons tous à y perdre, car l'entêtement du Vatican participe au maintien de nombreux excès patriarcaux du même ordre et menace l'avenir :
"Il n'existe nulle part un malheur étanche uniquement féminin, ni un avilissement qui blesse les filles sans éclabousser les pères, ou les mères sans atteindre les fils."