AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Viviane Lièvre (Autre)
EAN : 9782367322445
414 pages
Editions Chandeigne (22/09/2022)
4/5   1 notes
Résumé :
Avez-vous déjà vu des représentations de la Vierge enceinte ? Des statues de Marie dans l’attente de Jésus, la main posée sur son ventre rond et proéminent ? Elles ont existé. Elles ont, pour la plupart, disparu.

Entre le XIIIe siècle et la fin du XVIe siècle, les sculptures de la Vierge enceinte jouissent d’une ferveur populaire, en France, en Espagne, au Portugal. Les femmes confient espoirs et angoisses à Celle qui partage leur sort.

... >Voir plus
Que lire après Le chemin des vierges enceintes: Une autre voie pour CompostelleVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
"Le chemin des vierges enceintes" est un récit de Jean-Yves Loude édité par les Editions Chandeigne en partenariat avec la Librairie Portugaise et Brésilienne.

Deux ethnologues, Jean-Yves Loude pour la partie rédaction et Viviane Lièvre, pour la partie photos, se sont lancés sur la trace des vierges enceintes.

La figure de Marie semble, dans le premier christianisme, issue de l'association du culte de la déesse mère Cybèle, (à laquelle était souvent attachée l'exigence de virginité issue des mentalités méditerranéennes), et de l'image de Marie, mère du Christ.

C'est en détrônant les grandes déesses mères Isis et Cybèle que se serait instauré le monothéisme en faveur d'un Dieu normalement asexué (le sexe étant une limitation), mais de fait exclusivement représenté par une figure masculine.

Nous serions ainsi progressivement passés d'un monde sur lequel régnaient à égalité des divinités masculines et féminines à un monde exclusivement masculin et patriarcal.

En 431, le concile d'Ephèse a défini le rôle de Marie, mère de Jésus et mère de Dieu (sans être pour autant son égale, on reconnaît bien la figure de Cybèle dé-légitimée).

À partir de cette époque s'est développé en Occident le culte marial qui n'était pas encore nécessairement associé à l'idée de virginité, voire pas du tout ( toutes les coutumes locales n'y accordant pas une égale importance et les mentalités populaires étant par ailleurs rétives à l'idée de virginité pour une mère).

Marie pouvait donc être représentée enceinte, et le fut très souvent notamment dans le Cantal (la quête des auteurs commence en effet à Puy-en-Velay), dans le sud de la France, en Espagne et surtout au Portugal.

Peu à peu le culte marial se renforça et les figures représentant des "vierges" allaitantes, enceintes ou couchées en gésine furent ôtées de la vue des fidèles, détruites ou cachées. A partir de la Renaissance, l'idée de la virginité de Marie s'imposa et la représentation d'une mère de Dieu non vierge fut tout bonnement interdite par une hiérarchie religieuse devenue toute-puissante.

Jean-Yves Loude et Viviane Lièvre se sont donc lancés à la recherche des statues et des tableaux qui furent épargnés dans cette "chasse aux sorcières". Leur périple les a menés, en 2020 après le confinement, de Saint-Flour, Brioude et Puy-en-Velay dans le Cantal, à Belpech, Prades, Cucugnan, Perpignan, Ceret (pour la France), puis dans de nombreuses villes de l'ouest de l'Espagne et du Portugal (La Curuna, Saint-Jacques-de-Compostelle, Chaves, Coimbra, Evora, Lisbonne, Porte Alegre... non limitatif)

Leur recherche s'appuie notamment, dans son souci de rendre aux femmes leur rôle historique, sur la redécouverte en 1945 à Nag Hamadi (Egypte) des Evangiles apocryphes de Thomas, Philippe et Marie-Madeleine, écrits au 2ème siècle et écartés au 4ème du canon chrétien.

Les évangiles apocryphes réhabilitent le rôle de Marie-Madeleine, qui n'était certainement pas une prostituée, comme l'ont affabulé les pères de l'Église, mais, selon les textes que nous avons à notre disposition, un témoin du Christ et une disciple à part entière.

Le déplacement des auteurs est indiqué sur une carte placée en début d'ouvrage, et il est possible de voir les photos des monuments et des objets religieux grâce au QR-code (www.le-chemin-des-vierges-enceintes.org).

Des sculptures de ces petites jeunes filles enceintes figurent également dans la partie centrale de l'ouvrage et ont l'aspect touchant et naïf de l'art populaire du Moyen-Âge.

Ce livre constitue une formidable ouverture sur l'évolution de la pensée et des représentations religieuses dans la lignée de Jean-Yves Leloup, écrivain, philosophe, théologien et prêtre orthodoxe français contemporain.

Il est en effet nécessaire de restituer au féminin sa place dans le monde des croyances et dans l'histoire des religions : la limitation des pratiques cultuelles et des mentalités à un univers exclusivement masculin introduit un déséquilibre de nature ontologique en réduisant, décentrant et délégitimant le principe féminin et donc en altérant la nature humaine et en faussant son rapport à la spiritualité ; ce déséquilibre est rendu plus visible et inacceptable encore du fait de l'évolution des sociétés.

Pour devenir véritablement humain, l'Homme doit se réconcilier avec la dualité en lui qui en fait un être soumis à la naissance et à la mort. La sexualité est là pour le lui rappeler et son appartenance à un sexe porte en creux son appartenance à l'autre.
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les esprits critiques vis-à-vis de la prolifération d'éclats du bois de la croix, des cheveux de Marie, d'épines du Christ ou de fragments d'os de martyrs, dénoncèrent ces excès comme des pratiques païennes. Argument rejeté quand on sait combien les non-chrétiens abhorraient cette habitude de collecter les restes des défunts. Les habitants de l'Antiquité préféraient célébrer la beauté du vivant, plutôt que les effets de la mort, même censés être vaincus par la résurrection.
Commenter  J’apprécie          40
Duquesne et bien d'autres admettent que l'Incarnation demeure "l'originalité absolue du christianisme". Aucune autre religion n'osa lancer un pareil pont entre les rives du visible et de l'invisible. En contrepartie, ce désir de Dieu fait homme exigea une gymnastique théologique incomparable, puisqu'à chaque ruade de la raison, les tenants du discours officiel, durent dans l'urgence, forger un nouveau maillon pour enchaîner l'incohérence à leur cohérence.
Commenter  J’apprécie          40
En une phrase, Germaine Tillion emballe l'affaire dans le début de son célèbre essai "Le harem et ses cousins" :
"Notre mère l'Église est restée jusqu'à nos jours une mère masculine, si l'on peut dire."
(...)
Elle s'en prenait dans les années 1960, aux décisions du "grand parlement universel" appelé Vatican II. Elle, l'ethnologue agissante, la résistante héroïque, entrée en 2015 au Panthéon, dénonçait la foule disproportionnée de 2200 Pères conciliaires, et l'absence hurlantes de femmes, abbesse ou théologienne.

Rien n'a changé depuis 1962. Germaine Tillion évoquait l'exclusion des femmes de la prêtrise : "L'idée même fait sourire". Les papes suivants, Jean-Paul II avec virulence, refusèrent d'ouvrir la moindre vanne au barrage. Il restera fermé. L'idée ne fait plus sourire. Qui n'avance pas recule. Nous avons tous à y perdre, car l'entêtement du Vatican participe au maintien de nombreux excès patriarcaux du même ordre et menace l'avenir :

"Il n'existe nulle part un malheur étanche uniquement féminin, ni un avilissement qui blesse les filles sans éclabousser les pères, ou les mères sans atteindre les fils."
Commenter  J’apprécie          00
La Vierge noire trône en majesté au centre de l'autel. Elle porte ce jour-là un manteau blanc aux tiges bleues au bout desquelles fleurissent des étoiles dorées. (...) Une couronne en métal précieux établit la dignité royale. Pour un visiteur non averti, l'apparition est troublante.
Commenter  J’apprécie          00

Videos de Jean-Yves Loude (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Yves Loude
Afin de décrire autrement leur banlieues, des femmes du quartier Le Bouchet-La-Riomière près de Saint-Etienne s'improvisent journalistes avec l'aide de l'écrivain Jean-Yves Loude. Elles mènent des enquêtes, explorent le richesse humaine de leurs entourages.
Les plus populaires : Littérature française Voir plus
Livres les plus populaires de la semaine Voir plus


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

tanuk le maudit

De quoi les chasseurs vivaient-ils ?

ils vivaient de nourriture
certains chasseur vivaient des amours cachés
de sentiment
de malheur

12 questions
6 lecteurs ont répondu
Thème : Tanuk le maudit de Jean-Yves LoudeCréer un quiz sur ce livre

{* *}