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3,94

sur 608 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dans ce roman, un des seuls ouvrages de Malcolm Lowry, l'auteur nous emmène dans la pesante chaleur mexicaine, au rythme d'une journée mêlant légèreté et introspection, au gré des effluves de la tequila et du traître mezcal, comme un long rêve douloureux et éthylique, relatant l'amour, l'amitié et la fraternité impossibles entre nos quatre protagonistes.
Voilà un très bel ouvrage, pesant, presque fantastique, qui se passe sur une journée : el día de los muertos. Pour être tout à fait honnête, ce n'est pas un roman facile d'accès, même si l'avant-propos et la préface nous donnent déjà quelques clés de lecture. le premier chapitre s'avère d'une certaine manière être la conclusion de l'histoire mais on ne le comprend que bien après. Alors il faut le lire en ayant à l'esprit la douleur engendrée par un chagrin d'amour, en se remémorant cette brume qui s'installe dans notre tête après quelques excès alcoolisés, mais aussi cette extrême lucidité qui peut l'accompagner. On n'est pas dans le jugement des personnages qui cumulent les vices : lâcheté, alcoolisme, infidélité. Leur description est telle qu'on y voit plutôt une sorte de miroir dérangeant. Il nous tarde alors que cette journée, dont on ressent la fatalité à chaque page, se termine et que les effets de l'alcool se dissipent.
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C'etait dans l'extreme sud marocain. Une chaleur accablante descendait du ciel et remontait de la route. Elle nous penetrait, mes amis et moi, nous ecrasait, nous extenuait. A un tournant, soudain, de l'eau! Mirage? Non, un vrai petit cours d'eau, etroit, minuscule, mais il coulait! Arretant la voiture illico, nous nous precipitames dedans. L'extase! L'orgasme! Que nous avons paye cher parce qu'une fois ressortis nous etions badigeonnes d'une epaisse couche de boue, durcie en deux secondes, dont nous ne pumes nous debarrasser completement qu'une bonne heure apres, arrives a Tata. Tata, derniere etape avant l'immensite desertique, notre derniere etape avant de rebrousser chemin.

Le plongeon dans la relecture de Sous le volcan me fait aujourd'hui un effet semblable. J'en ressors emboue, me grattant de partout. Une boue qui charbonne l'ame, mais devient en fait boue protectrice. Elle se colle, s'installe, et pollue. Mais au lieu de souiller elle depure, elle purifie.

Et puis non, ce livre n'est pas un ruisselet, c'est un volcan, comme son titre l'indique. Il n'enduit pas de boue, mais de lave brulante, parce qu'il est toujours actif. Et la lave, c'est bien connu, brule, rase tout sur son chemin en un premier temps, mais fertilise au long terme. Elle fait mine de tout detruire, quand en fait elle donne vie. Et de ce livre explose une lave a effarer beacoup de braves, mais recompensera les plus constants.

Ce livre est considere comme un monstre sacre, et c'est pourquoi je m'y suis plonge apres l'Ulysse de Joyce. Il est moins long. Un pave mais pas enorme. Comme dans Ulysse, c'est le recit d'une journee, et plus exactement de 12 heures, chacune d'elles ayant droit a un chapitre. Comme dans Ulysse il y a beaucoup d'introspection, et il est fait grand usage de monologues interieurs, de “courants de conscience”, entrecoupes ici aussi (et donc compliques) de dialogues, de relations d'actions reelles et de descriptions des cadres ou les personnages se meuvent, villes et nature environnante.

C'est la derniere journee de Geoffrey Firmin, consul dechu de Grande Bretagne a Cuarnavaca, Mexique (le nom de la ville est deguise en Quauhnahuac, qui me semble etre son ancienne denomination indienne, mais la Cuernavaca reelle et son entourage sont decrits fidelement). La derniere journee de sa descente aux enfers, son aboutissement. Ou l'on peut voir peut-etre aussi son ultime triomphe, envers et contre tous, la defaite des demons qui l'assaillaient depuis longtemps, sa salvation, la finale salvation de son ame, le repos de son ame inquiete, la quietude, enfin.

Longtemps avant son arrivee a Cuernavaca le consul a commis une faute. Ce n'est meme pas sur qu'il l'ait commise. Mais il n'a pas reussi a empecher d'autres de la commettre. Il a ete juge et acquitte. Mais lui ne peut s'absoudre. Il se sent responsable. C'est “SA” faute. Alors il essaye de la noyer dans l'alcool. De l'effacer dans l'alcool. A Cuernavaca c'est dans le mescal, ce liquide apre a gout de javel. Pas dans la biere ou le “pulque” populaire, de faible teneur, pas dans la tequila, faite pour les touristes, dans le mescal. Noyer le passe dans le mescal. Tuer l'avenir dans le mescal. Le probleme c'est qu'il le supporte bien. Apres chaque nuit de beuverie il continue de se tenir droit. Enfin, presque toujours. Il reste concient. Enfin, presque toujours. Il sait que derriere son dos on l'appele “Mescalito”. Il entend, etouffes par la brume, les quolibets: “borracho, borraaacho, borrachooo (soulard)”. Mais c'est peut-etre lui qui profere ces mots, dans sa tete?

Nombre de gens essaient de l'arreter sur cette pente. Sa femme, son frere, qui l'aiment. D'autres, qui l'estiment. Il a perdu sa femme. Perdu? En ce jour des morts de 1938 ou la ville est en liesse sa femme est revenue, apres un an de separation. Elle lui avait ecrit de nombreuses lettres, qu'il n'a jamais ouvertes, jamais lues. Des son depart elle lui avait envoye une carte, qui apres avoir fait un long parcours a travers villes, pays et continents, n'arrive qu'avec elle, en ce jour des morts. Qu'avait-elle ecrit? “Mon cheri, pourquoi suis-je partie? Pourquoi m'as-tu laisse partir?” Elle l'a toujours aime. Elle l'aime. Elle reve de le sauver, de recommencer une nouvelle vie avec lui, ailleurs, dans des contrees plus froides, moins grisantes...

Rien n'y pourra faire. le mescal n'est pas la cause de sa maladie, au contraire, son espoir de guerison. Ou en ses propres mots, dans ses propres pensees: “Mais sa soif etait plus que jamais inextinguible. Parce que sans doute n'etait-ce pas de l'eau qu'il buvait mais de la legerete, une promesse de legerete – comment se pouvait-il qu'il but une promesse de legerete? Parce que sans doute n'etait-ce pas de l'eau qu'il buvait mais une certitude de clarte – comment se pouvait-il qu'il but de la certitude de clarte? Certitude de clarte, promesse de legerete, de lumiere, encore et toujours plus de lumiere, de lumiere, de lumiere, de lumiere!”

Il n'est des fois, il n'est souvent de juge plus inflexible, plus impitoyable, que soi-meme. C'est ce jugement qui dicte des fois la sentence la plus lourde: le suicide. Et cette sentence personnelle devient une delivrance. Dans ce debat d'assises aucun autre juge, aucun jure n'y pourra rien. Dans ce livre la femme aimante du consul n'y pourra rien. Elle assistera a sa descente aux enfers sans pouvoir l'assister. Impuissante. Comme face a eux, la fiancée aimante du Popocatepetl, l'eteinte Ixtaccihuatl, le regarde, impuissante et triste, deverser sa rage, sa fumee et sa lave. Comme tous les personnages de ce roman qui assistent de loin, impotents et consternes, a la bataille de l'Ebre qui est en train de mettre fin a la republique espagnole. L'ivresse du consul est l'ivresse de toute l'humanite. La crise de valeurs est noyee dans des relents ethyliques, en des endroits qui deviennent partout miserables “cantinas” sinon bordels.

La femme du consul ne pourra s'en remettre. Elle mourra avant lui, a la onzieme heure de cette journee, une heure avant le consul, en un bizarre accident agence par les dieux, tolteques ou azteques, qui l'avaient depuis longtemps decide. Moi je n'ai compris cette mort qu'avec cette relecture. Je ne m'en rappelais pas. Je ne l'avais pas vue venir. La mort du consul avait tout efface.

Je ressors de ce livre touche. Encore une fois. Je l'ai avale a longues gorgees, comme du mescal. Et pourtant, il y a tellement de passages, tellement de pages, qui meritent d'etre degustees lentement... Comme s'il m'avait fait entrer de force en une tarantelle endiablee. Je sue de l'alcool, mais, moi, je m'en remettrai. Sans pour autant oublier. Oui, c'est un livre inoubliable.
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Allons!
Je ne couperai pas à la relecture de ce livre qui sut m'hypnotiser voici quelque quarante ans... peut-être avec la nouvelle traduction Sous le volcan.
Je n'ai gouté au mescal que quelque temps après Au-dessous du volcan, et j'y ai retrouvé la saveur du chef-d'oeuvre de Malcolm Lowry. le mescal, pas la tequila.... La tequila n'ayant pas ce "bouquet" particulier de terre, de fumée et de mort.
L'alcool et une déchéance aussi continue que flamboyante accompagnera le consul ("completamenta borracho") jusqu'à une fin de gueux, misérable.
La lumière est crue et la nuit chaude, oppressante comme la prose de l'auteur habité par ses personnages...marionnettes hantées par leurs démons et leurs souvenirs prégnants.
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Au pied du Popocatepetl, dans la ville de Quauhnahuac, le "Consul" Geoffrey Firmin va de bar en bar. Même le retour de sa femme, Yvonne, ne paraît pas pouvoir le détourner de la boisson... En une journée, celle de la Fête des morts mexicaine, leur destin sera scellé.

Saturé de références à la Bible, à la Divine Comédie et à Faust, Au-dessous du volcan est un roman touffu, suffocant, nimbé des vapeurs de la tequila et du mescal que le Consul boit jusqu'à sombrer dans d'infernales hallucinations. Sa complexité et sa profondeur symbolique en font un sommet de la littérature du XXe siècle.
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Ce livre c'est de la poésie , de la grande poésie.C'est un mélange complexe de dialogue entrecoupées de pensées abrupte.Le personnage principal cache un lourd secret et se noie dans l'alcool, les autres personnages tourne autour de lui, mention spécial aussi au demi-frére et au personnage féminin surtout au début quand elle pense et regrette les années passées.C 'est triste c' est beau, certain passage m ont marqués.Je pense souvent à ce livre et notamment à ce personnage tout en nuance qui aime puis rejette,pas de spoil lisez-le.Grande oeuvre.
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On sort d'Au-dessous du volcan comme on sort d'une longue ivresse, sonné, incapable de comprendre pourquoi on a trouvé ce roman si beau et si épuisant.

Les personnages, le consul en particulier, qui est allé jusqu'au bout de la nuit alcoolique, errent de tavernes en cantinas, ils avancent à petits pas titubants vers le vide et tombent du haut de leur terrible solitude dans une mort qui n'est pas bien différente de leur vie.

L'écriture elle-même est ivre, le lecteur se noie dans le mescal des mots du consul, il l'accompagne dans sa dérive, il la vit avec lui, tout en posant aussi sur cette mystérieuse tragédie le regard d'Yvonne, l'épouse qui revient par amour mais qui ne revient pas vraiment tant la distance entre le consul et le reste du monde semble infinie.

Et puis, il y a le Mexique, ce paradis à l'envers où l'on monte vers l'enfer du Popocatepetl, ce jardin d'Eden dévasté devenu prison, cette arène où le taureau ne comprend rien au sacrifice dont il est la victime. Tout, autour du consul, d'Yvonne et de Hugh semble vaciller, comme si le monde avait soudain décidé de tourner dans l'autre sens.

Au-dessous du volcan est-il un chef-d'oeuvre ? Sans doute, puisqu'il fait partie de ces livres dont on sait à la première lecture qu'on n'en a que frôlé les merveilles.
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Il y a quelques années, j'avais essayé, sans succès, de lire ce roman culte. Et cette fois encore, le premier tiers m'a semblé très alambiqué - et pour cause - Il s'agit du récit du long et lent suicide de Geoffrey Firmin, ex-Consul britannique à Quauhnahuac. Suicide à la téquila et au mezcal, puisque nous sommes au Mexique au pied du volcan Popocatepetl. L'action se déroule en un seul jour de 1939, le « Jour des morts » qui est une fête. Ici tous les détails sont importants, ils sont nombreux et symboliques ; Références bibliques (le jardin d'Eden entre autres), kabbalistiques (j'ai dû passer à côté de certaines), littéraires (Dante, Don Quichotte ...), mais aussi historiques ; Hernán Cortés, la guerre d'Espagne, la montée du fascisme ... La fin du monde, la fin d'un monde, de celui du Consul en tous les cas. C'est une histoire d'amour qui tourne au fiasco, au désastre, à la déchéance totale. le texte est émaillé de flashbacks qui expliquent le parcours des protagonistes de l'histoire, outre le Consul alcoolique ; Yvonne son ex-femme revenue par amour, Hugh son demi-frère idéaliste, et Mr Laruelle son ami cinéaste. le désespoir de cette passion qui sombre dans l'éthylisme autodestructeur suinte à toutes les pages. le style possède un rythme hypnotique, une poésie étrange, parfois chaotique comme les pensées du Consul soûl du matin au soir, puis il peut être très précis et détaillé lorsque Firmin redevient lucide malgré son ivresse. Les dialogues sont entrecoupés par les pensées d'autres personnages, parfois en espagnol, ce qui les rend plus embrouillés et confus mais aussi plus vrais (quelquefois il faut relire certains passages). le Consul sait, et le lecteur avec lui, que sa fin sera tragique dans cette descente aux enfers.
Alors, un grand roman certes, mais d'une désespérance absolue, d'une infinie noirceur, une lecture qui se mérite et qui ne laisse pas indemne. 4.5*, sombres les étoiles. Allez adios.
P.S. : John Huston a fait un film de ce roman, je suis curieux de savoir ce qu'il vaut car le style, l'essence du roman me semble impossible à traduire en 24 images/seconde.
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Un des livres les plus magistraux qu'il m'ait été donné de lire.
par sa forme, tout y est à sa place, en douze chapitres comme les douze heures qui restent au consul, avant la fin tragique de ce livre. C'est une tragédie que l'on sent venir; Irrémédiablement. Elle n'est pas due à un destin qui échappe aux hommes, elle est due à la névrose d'un homme. A l'auto-destruction par l'alcool d'abord et par le passage à l'acte ensuite. Il s'agit du suicide de cet homme et son incapacité à se tourner vers l'amour. L'amour pour sa femme chérie, qui a failli à ses yeux. C'est un homme incapable de pardonner cette trahison. Il est en quête d'absolu, absolu que seul l'alcool ou la drogue peut donner à croire qu'on le touche. Que seule la mort peut nous laisser penser que nous l'atteindrons.
La citation de William Blake en début de livre résume ce livre, en une journée, la chute volontaire, dans les abîmes de ses pulsions destructrices de l'homme, hardi amant de la démence comme dirait Beaudelaire, funambule, marchant dans la boue et rêvant de nez en l'air de brillant paradis: "You never know what is enough unless you know what is more than enough"
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Je termine "Au dessous du volcan".
J'ai tenté de lire ce livre pendant des années sans jamais parvenir à dépasser au mieux la page 100. Emporté dans le tourbillon d'une écriture pleine de symboles et de lumière. Celle du Mexique, celle de l'auteur, celle de l'amour dont je sais enfin qu'il trace l'irrémédiable nécessité de se convaincre, de nous convaincre, de son éternelle puissance. Quelque chose à laquelle on aspire et qu'à la fois on rejette tout en la désirant fermement... un premier cercle.
J'ai lu enfin la préface. Je ne lis jamais les préfaces, pensant, idiot, qu'elles gâchaient le plaisir de la lecture. Je voulais découvrir le livre par moi-même. Idiot. Encore une fois. Idiot de m'être ainsi refuser la lecture de ce livre depuis des années. Pour sûr, certains penseront que je fais là acte de pensée magique? Mais la magie réside dans ce long poème en prose qu'est "Au dessous du volcan". On pourrait n'y voir que l'histoire d'un alcoolique en quête de rémission. Rémission de ses péchés, rémission de son addiction, rémission de son amour. Mais on est entrainé dans l'enfer, peu à peu. On se laisse porter par la nonchalance, le destin, sur des chemins qu'on imagine concentriques jusqu'à nous écrouler, vain, remis, complet.
J'ai lu chaque mot. En manquer un eut été échouer dans la musicalité des phrases, dans la description des paysages, des scènes, de ces à-côtés qui règlent le roman comme un véritable univers auquel on cherche, l'auteur, les personnages, le lecteur, à se connecter pour retrouver de notre caractère entier et renaitre enfin dans ce jardin perdu, éden particulier, éphémère si l'on n'y prend garde.
On en revient avec une sorte d'insécurité mâtinée d'un plaisir incompréhensible: entre la mystique de la mort, omniprésente, et une manière de rêve qui parfois s'immisce dans le chapitre qu'on croit volontiers à l'irréalité du monde qui nous entoure tant les descriptions sont d'une telle précision que seul un rêve en puisse donner l'expression.
Il y a peu de livres aujourd'hui qui nous remplissent à ce point de sentiments, d'émotions, de connaissance, de passion. Peut-être parce qu'un tel livre, comme d'autres tout aussi puissants, est impraticable pour bon nombre, et c'est bien dommage de tout réduire de façon si superficielle.
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Un récit qui m'a marquée...
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