L'expérience Utopia

Le régime marxiste ne leur avait offert ni le bonheur ni l’égalité qu’il leur avait promis. L’idéologie communiste était devenue une nouvelle arme au service d’hommes dénués de conscience – des hommes prêts à tout pour conserver les rênes du pouvoir.

Le général n’avait pas inventé la poudre, mais il n’était pas non plus le dernier des imbéciles. La présence d’un soldat plus jeune et plus calé que lui représentait une menace qu’il ne pouvait ignorer. Voilà qui ne ferait qu’envenimer leurs relations.
À vrai dire, les nouvelles technologies étaient l’affaire de la jeunesse et, d’année en année, Pedersen perdait pied. La majorité de ses hommes ne comprenaient pas comment il pouvait toujours être en poste, et ils priaient tous les soirs pour qu’il soit mis au placard.

La communauté scientifique avait tendance à penser que sa réussite reposait sur l’échange, le dialogue et la réciprocité. Mais la philosophie de Dresner allait à l’encontre de cette convention. Il disséquait ce qui lui posait problème jusqu’à en isoler les éléments fondamentaux, puis il demandait aux plus grands experts de plancher séparément sur chacun d’entre eux.

Que se passait-il derrière ces fenêtres sans tain ? Des chercheurs étaient-ils en train de découvrir le vaccin contre le cancer ? De construire un robot capable de ressentir des émotions ? D’inventer le moyen d’envoyer des hommes et des femmes sur Mars ?

On est sur le point d’éradiquer les maladies auto-immunes grâce à ses recherches consacrées à l’influence du cerveau sur le système immunitaire. Avec ses nouveaux antibiotiques, la pharmaco-résistance est en passe de devenir un mauvais souvenir. Sans oublier ce qu’il a fait pour les sourds et les malentendants, et les millions de dollars qu’il a investis dans l’éducation, la…

Le monde était chaque jour un peu plus dangereux, les hommes politiques de plus en plus imprévisibles, et les vieilles agences de renseignements incapables de s’en sortir. La nécessité d’une petite structure, capable de réagir dans l’instant, s’était renforcée à chaque nouveau conflit, chaque nouveau programme nucléaire lancé par une nation ennemie, chaque nouvelle attaque terroriste.

Le problème d’Internet – et du monde en général – n’est pas la disponibilité de l’information, c’est qu’il y en a beaucoup trop et qu’elle est trop souvent inutile. Mais imaginez que nous puissions évaluer instantanément la qualité de ce qu’on nous raconte et de ce qui nous entoure.

On ne choisit pas son nom. Cela dit, ça aurait pu être pire, mon père voulait m’appeler Gomer, comme son frère. Heureusement, ils se sont fâchés juste avant ma naissance.

La querelle entre leurs deux villages était si vieille que tous en avaient oublié la cause exacte. Certains parlaient d’un vol de bétail, les autres croyaient se souvenir d’une vague histoire de fiançailles rompues. Mais une chose était sûre, la haine farouche qu’ils portaient à leurs rivaux était inscrite dans leurs gènes.

Âgé de vingt-six ans, Gerhard Eichmann était de deux ans son aîné, mais son physique et ses manières donnaient l’impression qu’il était resté coincé quelque part entre l’adolescence et l’âge adulte. Cependant, derrière cette allure enfantine se dissimulait un brillant psychologue – ce qui lui avait valu la bienveillance des politiciens soviétiques déterminés à contrôler le moindre aspect de la vie de leurs compatriotes. Qui plus est, Eichmann était son ami – une qualité exceptionnelle dans un monde rempli d’apparatchiks zélés, d’agents de la police secrète, et d’informateurs prêts à tout pour s’en sortir. Cet homme fragile était peut-être le seul véritable allié qu’il aurait jamais. Et un compagnon de sa trempe en valait cent autres.