La médecine est comme la politique, elle fait de belles promesses.
Joseph Michaud
P 154
Cette Compagnie, qu’est-elle, Messieurs, si ce n’est une grande leçon de liberté, puisque ici, toutes les opinions politiques, philosophiques, religieuses, littéraires, toutes les leçons de comprendre la vie, tous les genres de talent, tous les mérites, s’assoient côte à côte avec un droit égal ?
Extrait du discours d’Ernest Renan le 3 avril 1879.
Une fois passé le moment de frayeur, on s'est rendu compte que le fonctionnement du corps, et même celui du cerveau, n'affectait ni positivement ni négativement les croyances religieuses
Ernest Renan
p 204
Je ne crois pas aux fantômes vengeurs, mais je crois volontiers aux gracieux fantômes de la littérature, qui hantent les vieilles bâtisses et les esprits rêveurs.
Le premier occupant du fauteuil n'y resta pas longtemps. Reçu en mars 1634, il se noya dans la Seine quatorze mois plus tard, ce qui lui vaut le triste privilège d'être le premier "immortel" a mourir.
Pierre Bardin est aujourd'hui oublié.
Ce sont, toutefois les premières phrases du discours qui restèrent dans la mémoire du public rassemblé sous la Coupole ce jour-là, le jeudi 3 décembre 1840. On s’attendait à ce que le nouvel académicien répondit, d’une manière ou d’une autre, au tollé insultant qui avait accueilli son élection face à Victor Hugo ; mais Flourens ne s’était pas contenté de justifier sa présence à l’Académie française. En quelques paragraphes brefs, il avait su rendre compte d’un véritable phénomène de civilisation. S’élevant au-dessus des querelles entre « classiques » et « romantiques », entre républicains, bonapartistes, orléanistes ou légitimistes, et au-dessus des inévitables conflits de personnes, il avait rappelé à ses confrères qu’un monde nouveau était en train de naître, dans lequel la science, son esprit, ses méthodes et ses applications allaient jouer un rôle déterminant. Et pas uniquement dans les domaines du savoir ou de l’enseignement ; en France, comme en Angleterre, comme dans d’autres pays, la généralisation des machines allait produire de nouvelles relations entre les hommes, de nouvelles doctrines politiques et philosophiques, transformant à la fois l’existence matérielle et la vie intellectuelle de la population entière.
Ceux qui parviennent à préserver leurs textes sacrés de toute critique historique ou scientifique ne font que conduire leur civilisation vers le dessèchement et la rigidité ; il a fallu que l'Eglise soit débarrassée, contre son gré, de ses propres rigidités mentales, pour qu'en Occident, la foi puisse commencer à coexister avec la science, le progrès, la liberté.
Quelques diplomates, qui avaient eu jadis entre les mains l'ouvrage de François de Callède, se souvinrent d'y avoir lu certains passages qui pouvaient éclairer d'une nouvelle lumière leur propre époque d'égarement.
"Tous les États dont l'Europe est composée ont entre eux, disait-il, des liaisons et des commerces nécessaires qui font qu'on peut les regarder comme des membres d'une même république".....
À cause de ce faux pas (deux vers moqués), on renoncera à composer des épitaphes en vers pour les académiciens disparus. Bientôt s’instaurera une autre coutume, qui se révélera durable : celle de faire prononcer leur éloge par leur successeur.
Renan faisait peur à ceux qui pensaient que si l'on situait Jésus dans le terreau historique où il a émergé, il ne resterait rien de la religion ; Claude Bernard faisait peur à ceux qui pensaient qu'en ramenant la vie à des phénomènes chimiques et physiques, on priverait l'homme de sa dimension spirituelle.