L’autour était un feu qui dévorait ma douleur. Il ne pouvait y avoir en elle ni regrets ni deuils. Ni passé ni avenir. Elle ne vivait que dans l’instant présent et c’était là mon refuge. Sur ses ailes barrés et battantes, je pouvais m’enfuir loin de la mort. Mais j’avais oublié que l’énigme de la mort était inextricablement liée à l’autour, et que, moi aussi, j’y étais reliée.
Le novice est en sécurité. Pendant que vous apprenez quelque chose, vous n’avez nul besoin de vous inquiéter de vos capacités, bonnes ou mauvaises. Mais lorsque vous avez accompli quelque chose, lorsque vous avez appris comment faire, vous n’êtes plus en sécurité. Être expert vous expose à être jugé.
Parfois nous faisons le compte de toutes les vies que nous avons perdues, et parfois c’est nous-mêmes qui les réduisons en cendre.
L’autour était un scélérat : une brute meurtrière, difficile à dresser, maussade, indisciplinée. Un marginal. Sanguinaire (…) Vile.
Plus loin, des bandes d'armoises que le gel a fait mourir, tiges et branches encore couvertes de graines, milliards de petites perles flétries sur des sapins de Noël décatis.
La nature sauvage n'est pas la panacée de l'âme humaine : s'y exposer trop longtemps peut corroder l'âme jusqu'à la faire disparaître.
Mabel garde les ailes écartées; sa tête reptilienne serpente et ses yeux brillent. J'ai l'impression de brandir un animal bâtard issu du croisement entre une torche enflammée et un fusil d'assaut.
Le néon tremblote de façon inquiétante, sans parvenir à choisir entre éclairer la pièce ou tomber définitivement en panne.
L'archéologie de la douleur ne se fait pas avec ordre et méthodes. Cela ressemble davantage à la terre que vous retournez à la bêche et où vous découvrez parfois des choses oubliées. Des éléments surprenant refont surface non seulement les souvenirs, mais aussi des états d'âme, des émotions, des visions du monde plus anciennes.
Cette étape du dressage consiste à apprendre à l'autour qu'il doit revenir immédiatement lorsqu'on lève la main et qu'on siffle.