Nous sommes habitués à ce que la science nous fournisse des réponses. Des remèdes, des avancées, des découvertes. Mais les questions restent plus nombreuses que les réponses.
Ces derniers mois, nous avons appris qu'espoir et désespoir sont les deux faces d'une même pièce et à quel point il est facile d'osciller de l'un à l'autre. Nous avons appris la prudence, à demander au lieu de supposer, à prendre chaque jour, chaque heure même, comme ils viennent.
[...] Nous ne pouvons prédire l'avenir quand nous faisons des choix difficiles dans la vie, mais nous pouvons décider à quoi ressembleront les années qui suivront. Nous pouvons faire le choix de revivre.
Parfois, la justesse d'une décision ne nous apparaît qu'une fois que nous l'avons prise. Soit elle s'impose en douceur comme une évidence, soit elle vous reste dans un coin de l'esprit, hideuse, mal fichue. [...]
Je pose une main délicate sur le front de Dylan et caresse ses cheveux. Ils repoussent en fines mèches claires, comme quand il était bébé. Seront-ils toujours bouclés ? Vireront-ils au brun, comme quand il a fêté ses deux ans ? Du doigt, je suis la courbe de son nez en prenant soin d’éviter le tuyau étroit qui serpente par l’une de ses narines jusqu’à son estomac.
Nous avons tous revêtu le manteau en fourrure surdimensionné prêté par la réception, ce qui nous donne l'air d'avoir tout juste découvert Narnia.
Il est parfois plus facile de parler à quelqu'un que l'on connaît à peine.
Il n'y a ni bonnes réponses ni boules de cristal. Il faut simplement se fier à son instinct, espérer et faire ce qui nous paraît juste.
Soudain nous sommes arrêtés sur une aire de stationnement, moteur coupé, frein à main serré et Max tire sur sa ceinture de sécurité pour me prendre maladroitement dans ses bras. Les phares puissants des voitures qui arrivent en face nous éclairent au passage et mes sentiments se lisent aussi sur le visage de Max.
"C'est trop dur, Max".
- Tu vas y arriver. Il le faut. Nous allons y arriver ensemble".
Il pleure.
Je ne l'ai jamais vu pleurer. Le jour de notre mariage, ses yeux brillaient d'émotion ; à la naissance de Dylan, il avait la voix étranglée. Mais je ne l'ai jamais vu pleurer.
Nous pleurons ensemble, le même petit garçon dans deux cœurs, de part et d'autre de l'océan.
page 318