Aujourd'hui il pleut . Le ciel verse des larmes sur notre sort .
Mon corps est une fleur carnivore, une plante vénéneuse, un pistolet chargé avec des millions de détentes sur lesquelles il est plus que jamais prêt à appuyer .
Le rire c'est la vie, dis-je dans un haussement d’épaules qui se voudrait désinvolte. Jusqu’ici, je n’étais pas vraiment en vie.
J'ai passé ma vie coincée entre les pages des bouquins. En l'absence de relations humaines, j'ai noué des liens avec des personnages de papier. J'ai connu l'amour et la perte de l'être aimé au fil des petites histoires entremêlées dans la grande, j'ai vécu l'adolescence par association d'idées. Mon univers est un réseau d'entrelacs de mots, de membres liés à des membres, d'os à des muscles, de pensées et d'images enchevêtrées. Je suis constituées de lettres, un personnage créé par des phrases, un produit de l'imagination forgé par la lecture de romans.
Tant de gens t'ont traitée de cinglée que tu t'es mise à le croire, en fait.
« J'ose croiser son regard.
Ses yeux possèdent la nuance parfaite du cobalt : ils sont bleus comme une ecchymose épanouie, clairs, profonds et décidés. Sa mâchoire est détendue et ses traits sculptés trahissent la prudence. Il y a réfléchi toute la nuit.
- Ok.
- Alors, pourquoi tu ne me dis pas ton nom ?
Il se penche et je me fige.
Je dégèle.
Je fonds.
Je murmure :
- Juliette. Je m'appelle Juliette.
Ses lèvres s'adoucissent en un sourire qui craquelle ma colonne vertèbrale. Il répète mon nom, à croire que ça l'amuse. Ça le distrait. Ça l'enchante.
En dix-sept ans, personne n'a jamais prononcé mon nom comme ça. »
Les éléments naturels se sont déchaînés les uns contre les autres parce qu'on a maltraité notre écosystème. Maltraité notre atmosphère. Maltraité nos animaux. Maltraité notre prochain.
Le soleil glisse dans le ciel et trébuche vers le bord de la terre. La nuit ne va pas tarder à tomber et je n'ai aucune idée de l'endroit on l'on se trouve. Je n'aurai jamais cru qu'autant de choses puissent se passer aussi vite en même un jour. J'espérais juste survivre, mais sans savoir où tout cela pourrait nous mener.
- T'es sûre que t'es pas cinglée ?
- Non, dis-je en penchant la tête. Je n'en suis pas sûre.
- Au moins, je suis sincère, ajoute-t-il.
- Tu viens juste d'admettre que t'es un menteur !
Il hausse les sourcils.
- En tout cas, je suis sincère quand j'admets mentir.