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Critique de Lamifranz


Le nom de Pierre Magnan, comme celui de Jean Giono, son maître, mentor et ami, est attaché à une région précise : les Alpes de Haute-Provence, et plus particulièrement, dans l'Ouest du département, les environs de Manosque et Forcalquier.
Les deux auteurs ont, chacun en leur temps, et parfois ensemble, placé leurs personnages dans ce pays de moyenne montagne, où la nature et le ciel convolent à longueur d'années en noces tour à tour sereines et orageuses.
Comme toutes les régions d France et du monde, c'est le pays le plus beau du monde – pour ceux qui ont la chance d'y habiter ; c'est aussi un pays où, comme ailleurs, les gens vivent et meurent, où les passions vont et viennent, où la chaleur soleil et la folie du vent poussent parfois les hommes et les femmes hors des petits sentiers et hors des grands chemins. Heureusement, il y a des hommes comme le commissaire Laviolette et le juge Chabrand pour ramener ces égarés sur la grand-route.
« le Sang des Atrides » (1977), constitue la première enquête du commissaire. Avec le juge Chabrand, ils forment un couple bizarre : lui, à quelques mois de la retraite, bon vivant : « Il était abruti d'étonnement d'avoir un crime sur les bras un lundi matin, lendemain de banquet, privé de son seul collaborateur, l'inspecteur Courtois, en congé de printemps » ; l'autre, de trente ans plus jeune, au « profil de sinistre incorruptible », un Robespierre provençal, en quelque sorte, mais qui qui vaut beaucoup mieux que l'air qu'il se donne.
L'affaire qui les occupe est assez intrigante : un serial-killer (en français normal), un sériyale quilère (en français de là-bas) sévit depuis quelque temps : ses victimes, des jeunes gens dont le point commun est d'être jeunes, beaux, apparemment baignant dans une félicité récente, mais sans bornes, et tous adeptes du sport cycliste. Leur compétence dans le domaine de la pédale (comme auraient dit Pierre Dac et Francis Blanche) n'entre pas en ligne de compte, mais en revanche tous ont été occis par un coup de fronde bien ajusté : un galet à la tempe. Rude enquête pour nos deux limiers. D'autant plus que le nombre des victimes augmente de façon exponentielle. Les fausses pistes sont aussi nombreuses que les galets de la Bléone, ou les schistes d'or du torrent des Eaux-Chaudes, deux cours d'eau qui, vous ne l'ignorez pas, constituent le système hydrographique où baigne la jolie ville de Digne.
On a beau en connaître un rayon, avoir pignon sur rue, ne pas hésiter à se mettre en selle, et tenir ferme son guidon, quand ça veut pas, ça veut pas, il faudra beaucoup de tours de pédalier avant que nos enquêteurs comprennent enfin le mobile du crime et son déroulé : une tragédie antique héritée des Atrides, avec un Oreste et une Electre du cru, mettant un terme aux errements d'une Clytemnestre locale…
Dire que c'est du Giono, serait certainement exagéré, Pierre Magnan, avec tout son talent reste le disciple, et figure un pas en arrière du maître. Toutefois il nous concocte ici un petit polar régional très agréable, sans tomber dans la « couleur locale », et avec ce qu'il faut de profondeur humaine pour bien saisir les personnalités : nous les avons déjà croisées chez Giono, dans ces mêmes décors, mais ce cadre policier leur donne un air de connaissances qui nous les rend proches et nous les fait aimer et apprécier…
Et puis, comment ne pas évoquer les deux séries-télé qui se sont emparées du personnage :
En 1981 et 1982 avec Julien Guiomar dans le rôle-titre : deux épisodes ont été tournés : « le Sang des Atrides » et « le Secret des andrônes ».
De 2006 à 2016, la série-culte avec l'inoubliable Victor Lanoux en commissaire Laviolette : huit épisodes : « Les Courriers de la mort », « le Sang des Atrides », « le Tombeau d'Hélios », « le Secret des andrônes », « le Commissaire dans la truffière », « le Parme convient à Laviolette », « Les Charbonniers de la mort » et « le Crime de César »


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