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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
C'est la troisième oeuvre de Mahfouz que je lis et je commence à reconnaître son style : un roman choral, où l'auteur donne sa parole à plusieurs personnages. Oui, dans bien des cas, ça donne des résultats concluants. Mais, dans d'autres cas, un peu moins. Akhénaton le Renégat fait part de ceux-ci, selon moi. Je n'ai pas détesté mais je n'ai pas compris l'utilité de toutes ces voix qui apportaient peu au roman.

Vers -1300, le jeune Méri Moun est fasciné par toutes ces histoires concernant le règne troublé d'Akhénaton et de son épouse Néfertiti. Même si ces histoires datent de quelques années, il ressent le besoin de faire ressortir la vérité de tout ça. Alors, avec l'aide de son grand-père, un ancien haut fonctionnaire du royaume d'Égypte, il interroge un bon nombre de personnes qui ont connu le couple royal. Parmi ceux-ci, on retrouve le général Horemheb, le conseiller et beau-père Aÿ, le grand-prêtre d'Amon, le sculpteur Bek, le vizir Toutou, la princesse du Mittani Tadoukhépa… et même la veuve Néfertiti elle-même, recluse dans son palais.

Elle est bien belle et impressionnante, cette galerie de personnages (certains historiques, d'autres fictifs), mais à quoi sert-elle ? La plupart d'entre eux ressassent les mêmes histoires, parfois avec un point de vue légèrement différent, voire un certain parti pris. Les premières fois, ça va, mais, après trois, bof… Alors imaginez après douze ! Et que dire de ce témoignange tant attendu de Néfertiti ? Elle raconte deux ou trois anecdotes de jeunesse mais elle essaie surtout de se justifier, comme si elle était devant un jury et qu'elle tentait de convaincre de son innocence.

De plus, non seulement ils racontent avec étroitesse leur version histoire, mais ils le font d'une manière superficielle. Je ne peux pas dire avoir appris beaucoup sur Akhénaton. Je savais déjà qu'il était faible, efféminé (probablement dû à une tare génétique) et qu'il semble avoir été influencé par sa mère à adopter le culte du disque solaire. Cette philosophie a été une des trois seules expériences majeures du monothéisme dans l'Antiquité, un événement important. le roman en parle beaucoup mais ne le développe pas. Quels étaient les rituels, la hiérarchie chez les pratiquants, la vision du monde ? Je ne saurais quoi répondre.

L'auteur lui-même a-t-il écrit son roman de manière superficielle ? Il reste très vague sur les menaces à la frontière et les troubles intérieurs. Je veux bien croire que le passage du polythéisme et du culte d'Amon à celui d'Aton ait pu bouleverser les structures et la société mais ça n'a pas été bien rendu. J'ai aussi de la difficulté à croire que l'élite n'y ait pas plus réagi. Non, plus j'y pense, plus je suis déçu par Akhénaton le Renégat. Mais bon, sans doute quelqu'un qui ne connait pas très bien l'histoire de l'Égypte ancienne y trouvera son compte.
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Lu dans le cadre du challenge Nobel.

« Lui qui aurait pu être musicien ou poète devint pharaon, et ce fut un désastre ».
Manifestement, Akhénaton, fils du pharaon Aménophis III, n'avait pas la carrure d'un homme d'Etat au sens des canons de l'époque. de nature quasi-divine, un pharaon se doit de garantir la splendeur et le rayonnement de l'Egypte sur le reste du monde. le pharaon et la grande Epouse royale sont aussi les représentants et les premiers serviteurs des divinités.
Des années avant de monter sur le trône d'Egypte, Akhénaton a cependant entendu une Voix, qui lui demande de croire désormais en un Dieu Unique, proclamant une Vérité de paix, d'amour et de joie. Akhénaton, d'une nature douce, sensible aux arts et à la beauté bien plus qu'à la chose publique, commencera alors à prêcher cette foi nouvelle, heurtant de front les traditions religieuses et le clergé qui en est le garant. A la surprise générale, le nombre de nouveaux fidèles ne cessera de croître pendant le règne d'Akhénaton et Néfertiti.
Mais un empire tel que l'Egypte ne peut être gouverné uniquement par l'amour et la poésie. Les criminels ne sont plus punis, la corruption règne, les ennemis sont aux frontières et la guerre civile couve. Pour sauver le pays en dépit de l'entêtement du pharaon, les grands prêtres et l'armée destituent celui-ci, évitant un bain de sang. C'est Toutankhamon qui lui succèdera, et reviendra au culte traditionnel.
Cette curieuse parenthèse « monothéiste » dans l'histoire de l'Egypte ancienne nous est contée au travers des témoignages des protagonistes de l'époque, recueillis vers 1300 avant JC par un jeune Egyptien fasciné par ce pharaon atypique. Néfertiti, le grand prêtre d'Amon, la mère d'Akhénaton,…fidèle ou opposant, chacun décrit sa version des faits, son ressenti et son interprétation des événements.
Ce roman ressemble donc à une enquête journalistique, ou à un procès dans lequel les témoins défileraient à la barre. Et c'est le lecteur qui est juge, l'auteur ne prenant parti à aucun moment. C'est d'ailleurs un peu perturbant, j'ai encore du mal à me faire une opinion tant les voix sont discordantes.
J'en retiens d'Akhénaton l'image d'un roi malgré lui, préférant s'occuper de spiritualité que d'administration. Prêchant la croyance en un dieu unique, cherchant peut-être par là à affaiblir le tout-puissant clergé traditionnel, il ne pouvait que s'attirer les foudres de ce dernier, qui n'aura de cesse de manoeuvrer pour évincer cet hérétique.
Ce roman intéressant, agréable et facile à lire, nous plonge au coeur du règne d'un souverain controversé, dans un climat délétère de luttes d'influences, de manipulations, alliances, trahisons, jalousies, de rumeurs de démence, d'inceste ou d'hermaphrodisme, de malédictions et d'empoisonnements.
Une chose est certaine : Akhénaton non plus n'était pas destiné à être prophète en son pays.

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