Première incursion dans l'univers du romancier Naguid Mahfouz, récipiendaire du prix Nobel de littérature en 1988, intellectuel égyptien qui a relaté dans plusieurs de ses romans les aventures des habitants du Caire.
Les fils de la Médina (les enfants de notre ruelle au sens littéral) raconte l'allégorie des trois religions monothéistes juives, chrétiennes et musulmanes de la descendance d'Abraham.
Ce livre en lecture commune de mon club de lecture est inspirant et totalement différent de mes lectures habituelles. Un livre qui se dévoile en cinq grands chapitres qui ont tous un peu la même prémisse, la vie d'un quartier du Caire avec ses misères et ses exploiteurs, un prophète qui se profile à l'horizon, qui veut mettre fin à la domination des intendants et des « Futuwwas » sans vergogne.
Ça se lit comme un conte des mille et une nuits, avec tout ce que ça comporte comme exotisme, odeurs et sensations. Les quartiers se forment au gré de l'augmentation des populations, les ruelles débordent de marchands, de cafés, de fumeurs de haschisch et de mendiants. Les conteurs sont les narrateurs de l'histoire, l'écriture n'existant pas encore ou étant à ses premiers balbutiements.
La première impression qui m'est venu à l'esprit au début de ce roman, c'est un texte rempli de paraboles. Comme certains textes des principes religieux de mon enfance. L'auteur décrit les aventures de héros mythiques (Adham, Gabal, Rifaa, Hasim...)
Mais tout de suite on réalise qu'ils nous sont connus sous d'autres patronymes, puisqu'il s'agit de Adam, Moïse, Jésus et Mahomet ! le petit dernier Arafa est encore un mystère et on peut conjecturer sur son identité.
Celui par lequel tout arrive est Gabalawi, Dieu, et fondateur. On s'y réfère comme à une personne et sa maison est le point de départ du combat contre le pouvoir. L'auteur mets en lumière les opposants et les critiques du pouvoir. Mais encore plus intéressant à mon sens, c'est le combat culturel, social et politique sous-jacent dans ce texte.
Un grand roman, parfois violent, car la violence peut être nécessaire, souvent remplis de sagesse, car celle-ci sert à éviter la violence, mais surtout plein d'espoir de voir la fin de la tyrannie.
Ça se tape à coups de gourdin à qui mieux mieux et les femmes n'ont pas le bonheur facile. Mais je retiens cette phrase en conclusion, pour l'espoir…
— Si le Seigneur me donne la victoire, je rendrai aux femmes la part qui leur revient sur les bénéfices du waqf, déclara-t-il soudain.
— Mais le waqf est pour les hommes, pas pour les femmes!
— le message de l'Ancêtre était que le waqf appartient à tous. Les femmes forment la moitié du quartier : il est étonnant qu'elles soient aussi peu respectées. Mais elles le seront, quand les gens respecteront la justice et la compassion!