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Citations sur Bonjour paresse : De l'art et la nécessité d'en faire le .. (48)

Rendre service sans être servile, tel est l’enjeu, le défi, que dis-je, le « challenge » !
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De nos jours, il est impensable d’élever un enfant sans : un psychologue pour l’aider à régler son Œdipe, un orthophoniste pour lui apprendre à lire, un appui scolaire pour qu’il puisse assimiler les débilités qu’on lui déverse sur la tête à l’école. On vit dans le monde du soutien généralisé ; c’est à se demander comment, sans aide extérieure, sans psy et sans professions paramédicales aux prestations remboursées par la Sécurité sociale, l’humanité a pu inventer l’imprimerie et construire des cathédrales (un vrai mystère qui accrédite la thèse très sérieuse selon laquelle les pyramides et autres bâtiments pharaoniques auraient été construits par des extra-terrestres).
Il en est de même en entreprise. Puisque les organisations d’aujourd’hui sont censées être « auto-apprenantes » et les individus créatifs, il faut aider tout ce petit monde à accoucher de nouveaux savoirs et de nouvelles idées. Un nouveau métier indispensable a donc vu le jour : le coach. Son rôle est d’offrir un accompagnement personnalisé permettant à chacun de développer son potentiel. (…) Ceux-ci en fait, ne sont rien d’autre que des conseillers un peu relookés pour faire moderne, dans le vent … et pour relayer la demande sociale importante d’authenticité et de liber-té. Le néo-management ne propose-t-il pas à chacun de ne plus être un instrument, mais de réaliser ses aspirations profondes et de s’épanouir ? Mais cette soi-disant « liberté » est à l’entreprise ce que le porno est à la libération sexuelle : un piètre exutoire. Pour transposer une phrase de l’humoriste Cabu on peut écrire : j’ai fait du coatching, du team-building, du e-learning et… je m’emmerding toujours autant !
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Cette nouvelle tarte à la crème de l’éthique prend différents habits : il y a par exemple celle de l’entreprise citoyenne, ou celle du développement durable ; dans les deux cas, on subodore l’oxymore. Contradiction dans les termes ou pas, quelle firme aujourd’hui n’est pas « concernée » par l’effet de serre ou par les trous dans la couche d’ozone ? L’ennui, c’est que l’éthique c’est un peu comme la culture : moins n en a, plus on l’étale – en parler trop est louche. (…) Attention, parfois sous le costume du scout sommeille le gangster…
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Elle (la culture d’entreprise) n’est en fait rien d’autre que la cristallisation de la bêtise d’un groupe de gens à un moment donné. Ce micropatriotisme est constitué par une masse compacte d’habitudes un peu rances, de facilités, de tics d’habillement et de comportement qui virent à la caricature. Réécrite par les managers, elle devient histoire officielle, avec ses héros et ses fêtes destinés à mobiliser et à favoriser l’identification à une entreprise unie et solidaire. Elle se traduit alors par une débauche de séminaires creux, de tee-shirts immettables, de pin’s (oui, cela existe encore), de slogans soi-disant mobilisateurs. Autant de calamités difficiles à supporter qui sont à la firme ce que les bus-tes de Marianne, les statues de Jeanne d’Arc, les incontournables invocations aux sacro-saintes « valeurs républicaines » sont à la France.
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L’image compte plus que la marchandise, la séduction davantage que la production. Car le petit cadre embauché pour sa souplesse et sa labilité, va servir à faire vendre. Quoi ? D’abord des biens standardisés par la production de masse qui, souvent, sont produits dans le tiers-monde ; n’importe qu’elle ouvrière chinoise peut les fabriquer, et moins l’article comporte de valeur ajoutée, plus il faut de la persuasion pour convaincre le consommateur de son intérêt ! Il y a aussi des produits un peu plus difficiles à confectionner, pour lesquels on a inventé le marketing, éthologie de bazar qui sert à savoir de quoi vous n’avez pas besoin et comment on pourrait quand même vous le vendre. Il y a enfin, et surtout, des services qui, pour beaucoup, sont loin d’être indispensables : le vendeur a donc intérêt à faire bien son métier, sinon l’acheteur se rendrait compte qu’il achète du vent…
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Cependant ne jetez pas vos diplômes tout de suite. S’ils ne mesurent ni l’intelligence ni la compétence, ces par-chemins sont toutefois la preuve que le salarié, le petit cadre, saura se plier. Seul l’élève qui a eu la capacité de supporter un nombre donné d’années d’études, la stupidité de ses maîtres, l’instinct grégaire et l’esprit d’imitation de ses camarades, sera capable de supporter une trentaine d’années de vie d’entreprise, de langue de bois et de tâches répétitives !
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Car l’entreprise se sert du Droit du Travail pour … contourner celui-ci. Elle saute sur toutes les possibilités d’embauches temporaires, d’usage de main d’œuvre intérimaire, d’horaires flexibles, qui sont largement développés dans l’ensemble des pays de l’OCDE, rognant peu à peu sur les dispositifs de sécurité instaurés au cours d’un siècle de lutte sociale. Cela lui permet de « garder les mains libres », et de ne pas s’engager sur le long terme avec un salarié. D’où la création d’un marché du travail double : d’un côté une main d’œuvre stable, qualifiée, bénéficiant d’un niveau de salaire assez élevé, d’une relative sécurité de l’emploi, d’une véritable protection sociale ainsi que d’« avantages » (bons d’achat divers, colonies de vacances, tarifs préférentiels, logements de fonction, etc.). Ce sont des planqués (…). De l’autre, les précaires, les vacataires, les contractuels, qui constituent une main-d’œuvre moins qualifiée que la première catégorie, sous-payée, faiblement protégée. A ces tâcherons, employés de façon intermittente, l’entreprise ne doit ni congés payés, ni assurances sociales, ni formation. Officiellement, ils effectuent les services annexes, en fait, ils abattent bien souvent tout le travail que la première catégorie, celle des nantis, ne veut pas faire. Pour qu’il y ait des embusqués, il faut qu’il y en ait qui bossent !
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Tout le monde travaille pour l’argent, et pour la foultitude d’objets qu’on peut acheter avec. (…) L’argent est le nerf du travail mais il ne faut pas le dire, c’est un sujet tabou. L’entreprise n’en parle jamais, c’est vulgaire ; elle lui préfère les mots chiffres d’affaire, résultat, salaire, revenu, budget, prime, épargne, beaucoup plus raffinés. Un jour, j’ai osé dire en plein milieu d’une réunion sur la motivation que je ne venais au bureau que pour faire bouillir la marmite : il y a eu quinze secondes de silence absolu, et tout le monde a pris un air gêné. Si l’étymologie du mot travail est un instrument de torture, il est de rigueur d’afficher, et ce en toutes circonstances, que vous travaillez parce-que-votre-travail-vous-intéresse. (…) D’ailleurs si vous avez choisi ce travail, c’est bien la preuve qu’il est intrinsèquement « valorisant » ! Valorisant, mais pour qui ? Est-ce vous qui valorisez votre travail, ou lui qui vous valorise ? (…) Pour résumer, vous travaillez parce qu’il le faut, personne n’aime travailler ! Si les gens aimaient cela, ils travailleraient gratuitement !
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Dans le domaine de l’entreprise, c’est surtout elle qui joue. Vous, vous n’êtes qu’un pion et l’emploi qu’elle vous accorde est un cadeau qu’elle vous fait. On dit merci au monsieur ou à la dame, on se montre poli et obéissant, on n’élève pas la voix pour ne pas déranger, et on attend paisiblement la paie à la fin du mois. Vous pensiez « faire vos preuves », impressionner avec « votre formation », vous « rendre indispensable » auprès de votre employeur ? Vous vous êtes trompé de porte, vous êtes là pour vous vendre et faire vendre.
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Il faut replacer les choses et les évènements dans leur contexte. L’entreprise ne peut être séparée du monde dans lequel elle prospère – où pour le moment s’étiole. Elle n’est que le symptôme d’un monde qui a sombré dans le mensonge, qui repousse sans cesse l’échéance du coup de grâce à l’aide d’immenses pots-de-vin et d’un charabia accompagné d’une gesticulation insensée.
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