Quelle vie! Je vous invite à découvrir la biographie de l'auteur, grande voyageuse dont je rêve de lire
Des monts célestes aux sables rouges ou Oasis interdites (oui, Papillon!). Pour l'instant, voici
Ti-Puss, qui relate son séjour en Inde au début des années quarante.
Qui est
Ti-Puss? Un adorable chaton (euh, c'est un pléonasme, non?) devenu une chatte au caractère bien trempé (aussi caractérielle que la mienne) qui partagera quelques années de sa vie. Amoureux des chats, ce livre est pour vous! Portrait d'un chat qui la suit dans ses voyages et ses promenades, attachement profond pour une petite bête gardant cependant son indépendance (à ses dépends, souvent). Magnifique.
Mais
Ella Maillart n'est pas en Inde uniquement pour une histoire d'amour avec un félin, si attachant soit-il, elle suit les enseignements de différents sages hindous et finalement sa chatte lui sert d'objet de réflexion sur elle-même.
"De toute évidence la chatte est venue satisfaire mon besoin d'aimer mais vais-je désormais souffrir d'un lien que je me suis forgé au moment même où un sage me guidait sur la voie de l'immuable liberté? Quel illogisme! Je ne donnerai pas la chatte par renoncement car mieux vaut comprendre pourquoi j'ai noué une servitude. C'est important, car c'est mettre en pratique l'enseignement quotidien. La nature d'un attachement peut être transformée si elle tend constamment vers l'amour infini -source de nos joies et de nos affectations- vers cette puissance d'Amour qui, dit-on, forme notre essence. M'étant consacrée à cela, je ne pouvais devenir sujette d'un animal qui peut et doit être la pierre de touche de mon progrès vers la vérité."
"Suis-je incapable d'appliquer l'enseignment du Sage et fais-je autre chose qu'obéir à la loi qui veut que l'on souffre le plus là où l'on aime le plus?"
Une chatte, une quête spirituelle, et aussi : l'Inde!
Ella Maillart réside de régions montagneuses plus fraîches à des plaines desséchées, du nord au sud et de l'est à l'ouest, se déplaçant en bus ou en train. Elle porte le pantalon, estimant cela plus correct que des robes courtes, vit comme les indiens (au grand dam de certains brahmanes et de quelques européens) mais fréquente tout de même des amis blancs.
Elle décrit avec vivacité ses voyages en train, y cotoyant des femmes qu'elle croque avec humour. "Ceux qui préfèrent voyager en première classe ne savent pas ce qu'ils perdent."
Au final, ce n'est pas un livre mineur de cette grande voyageuse, et j'ai aimé cette première lecture où elle se dévoile avec honnêteté. Et puis quelqu'un qui décrit si bien les chats ne peut être que fréquentable. Je la relirai, séduite aussi par sa façon de croquer paysages et habitants.
"J'éprouve profondément qu'un pacte nous lie à l'animal que nous adoptons. Ne pense-t'il pas, très vraisemblablement, que nous sommes tout-puissants et responsables du bien et du mal qui lui arrivent? Et si nous faisons notre devoir envers lui, il nous communiquera sa beauté, ses peines et ses joies. Dans le cas contraire, la possibilité d'échanges sera perdue, nous n'aurons pas accès à son univers fait pour enrichir le nôtre. mais pour éviter que ce pacte ne se transforme en désir de possession -désir qui m'enchaînerait- je décide de considérer la chatte comme un don toujours renouvelé, don à accueillir avec reconnaissance."
Lecture aisée malgré les changements de temps passé/présent, et fort heureusement pas trop de passages "sagesse hindoue" que je devais relire à chaque fois pour comprendre.
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