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Quelle femme que Ella Maillart et quelles femmes toutes ces aventurières qui, il y a longtemps déjà, n'ont pas hésité à vivre des aventures hors du commun en voyageant à travers le monde entier et bien souvent avec de faibles moyens, comme par exemple, la grande Alexandra David-Néel (entre autres). Ella Maillart était une voyageuse – écrivaine et photographe suisse, née en 1903 à Genève et décédée en 1997 à Chandolin. Elle est considérée comme l'une des plus grandes voyageuses du XXème siècle et a démontré une intrépidité à toute épreuve. Je lui prêterais bien une expression qui démontrerait en peu de mots, son caractère : « Peur moi ? Jamais ! ». J'ai aussi relevé ces quelques lignes : « Les visages rudes de la terre m'appellent violemment. La vie civilisée est trop loin de la vie tout court. » De ses oeuvres, j'en connais un certain nombre car elles me passionnent. Avec « Des monts célestes aux sables rouges », (Éditions Payot & Rivages – 2017), c'est une aventure extraordinaire et le livre est composé de deux parties : * de Moscou à Alma-Ata, * Vagabonde au Turkestan, Dans lesquels s'incorporent de nombreux chapitres. Dans cet ouvrage, nous sommes en 1932 et notre Ella Maillart décide d'explorer l'Asie centrale, mais ce n'est pas sans mal qu'elle parvient à recevoir une réponse de Kiev, car le sieur Pograbetzki est tout simplement parti en vacances. On lui conseille de partir plutôt à Mourmansk, près du cercle polaire, car les « bases » d'Asie sont fermées et elle ne pourrait pas se ravitailler. Mais Ella maintient sa décision : « Non. Je veux à tout prix partir pour l'Orient. » En effet : « La vie des nomades me captive. Leur instabilité m'attire, je la sens mienne comme celle des marins : ils vont, d'une escale à l'autre, partout et nulle part chez eux, chaque arrivée ne marquant somme toute qu'un nouvel appareillage... » C'est une définition qui la caractérise bien elle aussi. Dans ce livre, Ella Maillart ne manque pas de nous décrire les paysages magnifiques avec des montagnes bien particulières (comme l'Aiguille Verte et des glaciers culminant à 4 900 mètres) – de prendre quantité de photos (même quand c'est interdit) - elle nous fait part de nombreuses réflexions politiques ; Historiques ; des traditions des peuples rencontrés ; on trouve de l'humour car elle sait aussi se moquer d'elle-même ; des nombreuses difficultés rencontrées (principalement à cause de l'administration du pays) – mais elle nous décrit tout aussi bien la générosité des personnages qui savent toujours bien l'accueillir (par exemple en lui offrant du thé grâce à leur « bout-tout-seul » (signification du mot russe samovar) – on la découvre bien gourmande avec toutes les descriptions de ce qu'on lui propose et elle reconnaît « manger comme quatre et prendre des kilos » (un exemple cocasse : « Un Doungane est installé près de sa marmite bouillonnante. Par terre, il étend un tapis poussiéreux sur lequel nous nous asseyons à la turque : l'aryk coule à nos pieds et fournit l'eau pour notre thé. le cuisiner habile jongle avec une masse grise, pâteuse, l'allonge, la double, répétant le mouvement plusieurs fois : alors il a en main une torsade de spaguettis (lapcha) souples qu'il étire une dernière fois et plonge dans son bouillon. En trois minutes le plat est cuit, épicé en diable ! » Après ce petit intermède culinaire (il y en aura bien d'autres avec les spécialités locales), c'est la poursuite de l'expédition : à cheval, à ski – rencontre des Kirghises – des militants anarchistes – on se retrouve à Tachkent, à Samarcande, ainsi que Khiva (Xiva en ouzbek et خی en persan, une ville d'Ouzbékistan, au nord-ouest de ce pays, dans une oasis de 469 kilomètres de Boukhara) et Boukhara – des Turkmènes ainsi que des Kazaks – on fume le tchilim - on partage le pain, des pastèques, le thé, de la chèvre, des galettes… du koumis ("кумыс", lait fermenté de jument). Il y aussi cette expédition où elle se retrouve à dos de chameau, avec un vent glacial, pour traverser le désert des Sables rouges, à l'est de la mer d'Aral. C'est de justesse qu'elle échappe à des pillards ou à des contrôles soviétiques et elle arrivera, finalement, grâce à son courage, à venir à bout de son extraordinaire périple. Exploit formidable, cet ouvrage est une ode à la liberté. Cette lecture nous laisse rêveurs et admiratifs devant une telle expédition qui n'a pas été la seule de cette femme intrépide, libre, qui a poursuivi son but : « Apprendre à connaître la vie. Surtout, la rendre vraie en la simplifiant moralement et physiquement. Alors seulement, en goûter la saveur saine. » Je n'en dirai pas plus car c'est vraiment à lire pour une belle découverte mais j'adresse simplement un grand « Bravo » à Ella Maillart, là où elle est à présent avec ses yeux qui sont certainement restés rieurs. + Lire la suite |