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4,24

sur 1190 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je ne remercierai jamais assez mon amie babeliote pour m'avoir fait découvrir Andreï Makine...
Ce livre est, pour l'instant, mon préféré de cet auteur:
- Un amour de la nature, et de la simplicité de "la vie sauvage"
- Un hymne à l'amour
- Ecrit merveilleusement bien, comme tous ses livres

Makine sait créer un univers où j'aime m'immerger, un univers bienveillant. Un livre à découvrir absolument.
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L'archipel des chantars ?
Les îles Chantar forment un archipel composé de quinze îles situées dans la partie occidentale de la mer d'Okhotsk, près de la Russie continentale.
Beaucoup d'oiseaux en voie de disparition, on y trouve aussi l'ours brun du Kamtchatka, la martre, le renne ou le caribou, le renard roux et la loutre de rivière.
Les eaux autour sont gelées pendant environ huit mois de l'année en moyenne. Phoques, lions de mer, loutres de mer, petits rorquals, orques, baleines boréales, baleines grises occidentales et bélugas peuvent être vus au large.

Embarquement immédiat ... il n'y a rien à emmener pour ce voyage au bout du monde ... sur place il y a tout ce qu'il faut ....
Un conte qui nous enseigne ce que c'est que vivre ... vraiment vivre et pas voir ... juste vivre ...
Un texte d'une rare intensité qui nous mène par le bout du nez dans une traque à travers l'histoire d'un pays qui a réussi à survivre aux monstres générés par un système totalitaire.
Les marches de cette errance sont éprouvantes, symbole de la petitesse de nos sentiments, de nos peurs, de nos fantasmes les plus malsains, mais comme si ce chemin était l'indispensable errance qui allait nous amener à accepter le simple fait de s'accepter et de vivre pleinement l'instant présent.
Livre qui nous apprend que les plus beaux voyages que l'on fait ne sont pas forcément liés aux belles photos que l'on fait, l'embarquement peut être symbolique ce qui pour certaine région est l'élément indispensable pour que demeure l'inviolabilité de ce territoire.
De même il faut lutter pour conserver l'homme ou la femme que l'on a aimé pour un jour ne pas constater qu'il ou elle a disparu dans celle ou celui "qui Continue à vivre avec vous ".
Une conclusion comme une délivrance pour comprendre que "c'est notre vie à nous qui était démente ! Déformée par une haine inusable et la violence devenue un art de vivre, embourbée dans les mensonges pieux et l'obscène vérité des guerres."
Les images de cet archipel resteront gravées dans ma mémoire et quand la nuit vient, sans que le sommeil m'accompagne, je m'installe confortablement sur un rocher et je cherche dans l'obscurité les trois feux symboles de vie sur les îles de ma mémoire et je me prépare à rejoindre Pavel, Elkan.
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Voilà un roman qui vous tient en haleine ! "Véritable western sibérien" (L'Obs) ou "puissant récit d'aventures métaphysique" (L'Express ) il fait de vous les témoins d'une chasse à l'homme qui se révèle soudain chasse à la femme par cinq militaires soviétiques sommés de capturer vivant(e) l'ennemi public incarné par un (e) fuyard(e) plein(e) de malice et d'ingéniosité dans la taïga sibérienne.
Le commandant Boutov, le capitaine Louskass, Ratinsky, Mark Vassine, et son chien Almaz et Pavel Gartsev composent l'unité chargée de l'opération.
Deux seulement ont un prénom dans cette liste, ce sont deux hommes sans grade et sans ambition, du moins, pour ce qui concerne Pavel, sans autre ambition que s'en sortir, d'abord, en écoutant son "pantin de chiffon" intérieur qui le pousse à la couardise et au compromis. Vassine, lui, a déjà beaucoup appris de la vie et se montre plus philosophe. Ces deux personnages qui se distinguent donc déjà par leur prénom, acquièrent au fil du récit une fonction bien plus intéressante que celle que l'armée leur avait attribuée : Pavel cesse en effet de se laisser gouverner par son "pantin de chiffon" pour enfin choisir de vivre et il se retire sur une ile quasi inatteignable, l'île Belitchi de l'archipel des Chantars avec celle qu'il avait longtemps poursuivie et qui, elle, a seulement un prénom, Elkar.
Vassine meurt pour permettre à Pavel de réussir son projet mais il meurt satisfait de savoir que Pavel a épargné la vie de la fugitive. Vassine a perdu femme et enfant alors même qu'ils étaient embarqués dans le cadre de l'évacuation des civils lors du siège de Leningrad par le lac Ladoga : un bombardement avait brisé la glace et le camion qui les transportait est tombé dans le lac. Depuis, Vassine ne vivait que pour revoir sa femme, en l'imaginant.
Vassine est un personnage que je trouve très proche de Camus. Ainsi, lorsque p 138 il raconte à Pavel ce qui le pousse à épargner la fugitive, il se révolte.

Lien : http://www.lirelire.net/2018..
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L'archipel d'une autre vie de Andreï Makine, écrivain russe en langue française, est un roman d'une richesse multidimensionnelle. C'est une oeuvre tirée d'un contexte historique en Russie, dans l'après seconde guerre mondiale, l'époque du début de la guerre froide. Sur ce plan c'est une peinture critique du régime communiste, l'arbitraire de la terreur subie par le peuple et pas uniquement dans les camps, le goulag, mais également pour le peuple au quotidien et même pour les militaires, les individus véritablement considérés comme des moyens et pour ces derniers comme de la chair à canon. Des individus condamnés pour délits de droit commun ou supposés opposants politiques ont même été utilisés pour tester sur eux les effets des essais nucléaires. Des pilotes sont envoyés à la suite en reconnaissance observant le déluge, un lac au coeur de minéraux fondus mais ceux-ci payant le prix de ce survol d'un décès en deux jours. C'est aussi une oeuvre d'une réalité actuelle, contemporaine, au regard de l'écologie, le sens du verbe "vivre" comme nous l'indique l'auteur dans sa première phrase. Futurs lecteurs ne soyez pas effrayés par ce propos, ce livre n'est pas une argumentation sociopolitique ardue, c'est une oeuvre de grande qualité littéraire d'un auteur primé du prix Goncourt et académicien, un roman plaisant à lire, une oeuvre engagée qui expose les atteintes à l'humanité et par là les dénonce. C'est vrai pour l'époque décrite mais interpelle aussi aujourd'hui et pour l'avenir au regard de la dimension écologique. Vivre sur cet archipel, au sens de "bien vivre" et pour tous les autres privés de ce privilège il ne s'agit que "d'exister". Que de résilience pour l'homme traqué ! Que de belles perspectives pour tous ceux disposés à renoncer à une société de production, d'accumulation et de consommation effrénée !
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C'est du grand roman. Une histoire passionnante, puissante, mais dure. Un roman d'aventure qui nous plonge aux confins de la Sibérie dans les années 50. le quotidien est difficile, la vie est fragile, dangereuse. Les humains y sont traqués, la peur est partout. La bêtise humaine et la violence des hommes qui ont le pouvoir nous amènent une fois de plus a réagir face à l'absurdité de notre condition humaine. Mais la lecture qu'il fait des relations humaines, même celle tordues, est d'une telle profondeur qu'elle nous convie à explorer les tréfonds de l'âme de ces hommes traqués comme des bêtes. Malgré tout, il nous amène à découvrir la puissance de l'homme face à la lutte pour sa survie et de là émerge des sources de bonheur et d'amour qu'on avait pas pu imaginer dans ce contexte. Au coeur de la taïga russe c'est la nature qui domine et pour y vivre, il faut y être en osmose. Et puis, c'est tellement bien écrit.
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Nouveau coup de coeur de cette rentrée 2016. Magnifique roman. Intense. Rude. Extrême. Bestial. Exaltant.
Roman d'aventure comme on le qualifierait. Mais ce serait réducteur. Ou alors une aventure anthropologique, avec tout ce qui peut constituer l'Homme dans un système, dans ses travers et ses folies comme dans ses joies exaltées et ses émotions.

Russie. Ere communiste. Pavel et ses acolytes, réservistes, poursuivent un fugitif à travers la Taïga. Qui est ce criminel aux multiples visages, qui échappe à ses poursuivants ? La traque dure, par les habiles stratèges du fugitif mais aussi puis surtout par la volonté des soldats, qui n'ont pas envie de retourner au camp de cantonnement. Bouleversés par la traversée de cette TaÏga infinie, par la beauté de la nature, malmenés par la force des éléments, tiraillés par la faim, les caractères des hommes se révèlent : bassesse et lâcheté, prise de pouvoir, faiblesses, humanité, empathie, autre vision d'un collectif... Un à un les hommes abandonnent, et ne reste que Pavel qui continue la course-poursuite. Mais à ce moment-là, peut-on encore parler de traque ? Une nouvelle relation s'instaure entre le traqué et le traqueur : une relation à distance mais d'une étrange proximité. La découverte de l'identité du fugitif rebat les cartes et donne une autre dimension et un nouveau souffle au récit. Jusqu'à ce qu'émerge à l'horizon l'Archipel des Chantars et la promesse d'une autre vie...

Et la question au-delà de l'intrigue, question pas si évidente quand on en mesure les conséquences et les prix à payer : deux choix de vie s'offre à vous, celui de rentrer dans le rang ou celui de la liberté. Quelle vie choisiriez-vous ?
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Très beau récit en forme de western sibérien. J'ai vraiment aimé ce roman de Makine, premier pour moi mais sûrement pas le dernier. Les descriptions de la nature sauvage et de la sauvagerie des hommes sont splendides.
Après "Transsibérien" de Fernandez, je me prends à vouloir tenter la Russie un jour, notamment orientale qui me semble si exotique et si attirante tant elle semble résolument différente de tout ce que l'européen connaît.
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Ce roman est excellent.

Il est ici question de la part sombre des hommes et comment vivre hors de leur domination.

Il n'y a pas besoin d'écrire plus de 500 pages pour décrire un pays, une traque, un climat hostile.... Non, Andrei Makine écrit en peu de mots la tension d'une chasse à l'homme et le volonté de s'extirper des frontières.
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Les premiers mots qui me viennent à l'esprit sont "rafraîchissant", "poésie" et "beauté" quand je pense à cette lecture. Voilà un livre rafraîchissant dans tous les sens du terme !
1972, nous sommes en Sibérie. Un garçon suit un homme qui l'intrigue à travers la taïga. Cet étrange personnage va lui raconter une histoire qui va hanter le jeune homme et pendant bien longtemps, il ne pourra pas le chasser de son esprit, il s'agit de Pavel, un homme qu'il va suivre et la nuit tombée, le jeune homme va écouter son récit bouleversant d'une chasse à l'homme 20 ans plus tôt, en 1952, sous le règne de Staline. Une chasse à l'homme qui va changer cet homme alors encore jeune, le faire douter de tout ce en quoi il croyait jusqu'à cette poursuite, de sa vie, de ses réelles motivations. Une merveilleuse histoire d'amitié, une histoire d'amour, un paysage qui donne envie de partir loin, de marcher en plein air dans cette nature encore sauvage, de goûter l'eau limpide des rivières et le soir, écouter cette incroyable histoire digne d'un conte russe, adossé contre un arbre dans une de ces forêts qui viennent colorer le paysage. Andrei Makine m'a emmenée loin dans son pays d'origine et j'ai tellement aimé le suivre à travers cette taïga, me demandant si moi aussi, j'allais oublier un instant le pantin qui vit en moi, qui s'agite de peur, peur de décevoir les autres et perdre du temps, un temps précieux et un peu profiter de la vie... Suivre les pas du narrateur et cesser de m'agiter, de vivre dans la crainte et de souffler, respirer, m'arrêter un instant et prendre le temps d'oublier pendant quelques instants cette fichue peur et savourer chaque instant, chaque page, chaque pas dans l'immensité de ces belles contrées lointaines et aller jusqu'au bout, relisant par pur plaisir certains passages, s'arrêter pour mieux repartir sur les pas de cet homme jusqu'à la fin, jusqu'au bout, tout au bout de l'archipel et admirer le paysage, savourer cette nature... Tout au long de cette lecture, j'ai eu un sentiment de bien-être. Une merveilleuse histoire, une fin inattendue, une fin qui nous oxygène en ces temps de peur et d'anxiété ! Merci pour ce beau voyage, monsieur Makine!
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Dès les premières lignes Andreï Makine affirme le thème principal de son roman :
« A cet instant de ma jeunesse, le verbe « vivre » a changé de sens. Il exprimait désormais le destin de ceux qui avaient réussi à atteindre la mer des Chantars. Pour toutes les autres manières d'apparaître ici-bas, « exister » allait me suffire. » (Page 9)

1970 :
Nous sommes dans les territoires les plus sauvages de la Sibérie, un trappeur solitaire (Pavel Gartsev) raconte à un jeune homme (narrateur non nommé) ce qui a changé sa Vie : Il a participé par obligation militaire à la traque d'un fugitif de camp de travail. Cette chasse à l'homme est menée au travers de la taïga par un groupe de cinq militaires. Cette poursuite va réorienter totalement son destin vers « une autre vie ».

1952 :
L'action que lui décrit le trappeur se déroule à l'époque du régime communiste de l'URSS, et on est tout de suite dès la page 12 mis dans les aberrations de ce système : « A la fin de l'année scolaire, notre classe fut coupée en deux et l'annonce tomba : le premier groupe recevrait une formation de grutiers, le second-celle de géodésistes…. »
Je ne décrirai pas cette chasse à l'homme dans la taïga, mais plutôt évoquerai la beauté des paysages que nous fera découvrir Andreï Makine. On pourra se poser la question : qui est le chasseur, qui est le traqué ? En effet celui qui est devant attend ses poursuivants……Pourquoi ? En parallèle des actions de cette poursuite nous découvrons de sublimes moments de poésie dans la description des territoires traversés. Des mots évocateurs de la Russie de Michel Strogoff où nous avons rêvé de mettre les pieds.
Par moment, comme à l'époque des guerres de tranchées, les deux camps échanges des sentiments de profonde humanité : « Camarade ! Ne reste pas seul, viens boire un verre ! Malgré nos éclats de rire, ce cri nous laissa une étrange tristesse ! Boutov voulut dire un toast, sans doute aussi enjoué que l'invitation adressée à l'évadé………Il a été peut-être calomnié, ce gars. Une délation et, hop, le voilà ennemi du peuple ! Il n'a pas la tête d'un tueur. Sinon il nous aurait tous abattus, hier soûls comme nous étions……Cette nuit-là -je le comprendrais plus tard- nous étions au plus près de ce qu'il y avait en nous de meilleur. »
Cette histoire allégorique démontre comment en quelques semaines un homme peut quitter un monde où il a perdu toutes ses marques et ses certitudes pour vivre une Vie dépouillée des contraintes politiques et matérielles : Doit-on se contenter d'exister ou bien de vivre ?
« Oui, la liberté ! Ils pouvaient m'envoyer dans un camp au régime plus sévère, me torturer, me tuer. Cela ne me concernait pas, car ce n'était qu'un jeu et je n'étais plus un joueur. Pour jouer, il fallait désirer, haïr, avoir peur. Moi, je n'avais plus ces cartes en mains. J'étais libre… »
J'ai lu plusieurs critiques qui mettent en doute la crédibilité du récit. C'est lié souvent au fait qu'il leur parait impossible que les poursuivants n'aient pas réussi à capturer leur « proie » alors qu'ils la suivent à quelques centaines de mètres. J'ai entendu cette opinion aussi dans mon cercle de lecture. Pourtant Andreï Makine le confirme, cet adolescent c'était lui. "Bien sûr que j'ai rencontré Pavel. J'avais 14 ans", se souvient le romancier aujourd'hui âgé de 59 ans et bientôt à l'Académie française. "L'histoire est réelle", insiste-t-il en rappelant que la taïga fut une terre d'asile pour nombre de fugitifs. (Interview France Info Août 2016)
Une merveille de roman écrit avec des mots ciselés et précis, par moment qui devient rapidement bouleversant et nous interroge fréquemment. Un roman d'une humanité gigantesque. Une perle rare que l'on referme avec tristesse. Merci à Andreï Makine et au cercle de lecture qui avait programmé ce roman que je n'aurai peut-être pas pu découvrir. C'est en cela que j'aime les cercles de lecture.
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