L'archipel d'une autre vie

Couvrez-vous bien, prenez de bonnes chaussures, armez-vous de patience et de courage (en plus de votre fusil !), et en route.
Attention, la Sibérie stalinienne des années 50, c'est pas vraiment le Club Med ! Arrestations arbitraires, goulag, sévices en tous genres ... pas de quartier pour les "ennemis du peuple".

Votre mission puisque vous l'acceptez : rattraper un mystérieux fugitif évadé d'un camp, qui menace à lui seul la stabilité de la grande Russie !
Cinq hommes, parmi lesquels le modeste soldat Pavel Gartzev, sont déjà à ses trousses, mais le fuyard se joue d'eux. Dans l'immensité désertique de l'extrême orient soviétique, la traque s'éternise, exacerbe les tensions et révèle au grand jour les personnalités discordantes de chaque poursuivant, dévoilant notamment leurs plus viles bassesses. Entre humanité et sadisme, bravoure et couardise, altruisme et fourberie, tous ne sont pas logés à la même enseigne...
Bientôt, Pavel et son ami Vassine commencent à mettre en doute le bien-fondé de cette chasse à l'homme, qui tourne au fiasco comique. Grisés par les grands espaces, les deux hommes se prennent à rêver eux aussi de liberté et quand Pavel se retrouve seul à marcher sur les traces du fugitif, la tentation de déserter à son tour l'emporte.

Entre la proie et ses pisteurs se noue alors une relation bien singulière, faite de silences et de signaux lumineux par feux de camps interposés. La plume magistrale d'Andreï Makine nous invite à suivre ces aventuriers solitaires à travers la taïga, hors du temps et loin des turpitudes humaines, jusqu'à l'archipel des Chantars. Un bout du monde d'une beauté inouïe, un paradis perdu et encore préservé, propice à une véritable introspection.

Là, Pavel va tout faire pour démolir son "pantin" intérieur, ce carcan malsain qui nous habite tous et qui trop souvent nous entrave, diffuse en nous convoitise, lâcheté, égoïsme, orgueil ou résignation...
Il le sait désormais, et nous avec lui : une autre vie est possible, loin du monde dit "civilisé", de la guerre froide, de la menace nucléaire latente et des purges staliniennes. Ne plus se contenter d'exister, vivre enfin !

Voilà donc une aventure épique, doublée d'un hymne vibrant à la liberté et d'une célébration splendide de la nature, aussi hostile qu'envoûtante : il ne m'en fallait pas plus pour dévorer d'une traite ce superbe roman et pour me délecter de cette échappée sauvage très revigorante, en écoutant craquer les pas de Pavel sur le manteau neigeux.
"Oui, juste la décantation suprême du silence et de la lumière."

Un magnifique récit dans lequel Makine cisèle ses mots pour décrire une nature pour le moins rude (la Sibérie en hiver) et des hommes pris au piège d'un système totalitaire.
L'archipel d'une autre vie explore les tréfonds de l'âme humaine tout en décrivant une chasse à l'homme à la façon d'un thriller dans une nature vierge et sauvage.
C'est magnifique !

dans la siberie extreme orientale stalinienne, un militaire va être dépêché avec d'autres soldats afin de retrouver un évadé.
c'est le début d'une longue traque qui emmènera le soldat Pavel Gartsev au fin fond de la taîga, de sa résistance et de sa connaissance de l'autre.
une magnifique histoire qui ne me tentait pas, et dont la première partie m'a parue un peu trop va-t-en guerre. Finalement la deuxième partie m'a plus que convaincue et m'a éblouie par son ecriture magnifique, les descriptions superbes de la nature et cette splendide histoire d'amour.
belle découverte!

C'est la première fois que je lis Andreï Makine et franchement c'est bien, très bien.
Au début, je n'ai pas accroché: un mec qui suit un autre mec qui suit un autre mec. J'ai failli abandonner. Et puis, dès qu'on devine l'identité du fugitif, j'ai plongé.
C'est l'histoire d'un soviétique, bien comme il faut, "dans la ligne" qui, en 1952, est "invité" à faire des manoeuvres militaires en Sibérie. Staline est alors obsédé par la guerre atomique et il faut s'y préparer. Mais, très vite, 5 militaires dont Gatsev sont détachés des manoeuvres pour être affectés à une autre mission: traquer et ramener vivant un prisonnier évadé d'un goulag. La traque commence, dans la taïga. Au début, c'est un peu chiant, jusqu'à ce que...
Dans ce court roman il est question de la terreur stalinienne, des dénonciations tous azimuts, des peuples autochtones, des techniques de survie et de cette géographie si particulièrement de l'extrême Orient russe (passionnant !). Et puis il est surtout question de la nature humaine pitoyable et terrible surtout lors d'un projet de viol collectif. Il est question de vivre aussi, de démarrer une autre vie. Très très beau roman. 💙

TRAQUE DANS LA TAÏGA.
L'auteur, russe né en Sibérie émigre en France à 30 ans… pour obtenir un siège à l'académie française. Son roman est un pur délice : en 1952, quelques mois avant la mort de Staline, dans un camp militaire soviétique situé en extrême Orient, les soldats se préparent à une guerre nucléaire potentielle contemporaine du conflit américano-coréen. L'Apocalypse n'aura pas lieu car entre-temps les soviétiques détiendront l'arme nucléaire.
Une équipe de cinq militaires est envoyée en mission à la recherche d'un échappé d'un goulag. Pavel Gartsev fait partie du commando qui comprend cinq hommes, un brave commandant, un capitaine du NKVD, un sous-lieutenant arriviste et un bidasse philosophe et humaniste. le livre décrit la poursuite du fuyard à travers l'impitoyable taïga aux prémices de l'hiver, balayée par les vents du Pacifique. Or, rapidement, il s'avère que le criminel en fuite est insaisissable, que non seulement il déjoue tous les pièges, mais nargue ses poursuivants et les élimine un à un. Qui est cette mystérieuse personne ?
Le roman est en fait une quête initiatique au cours de laquelle Pavel se libère progressivement de son idéologie au fil des cinq jours de la poursuite. Il oublie rancune et vengeance pour s'apaiser et s'abstraire du monde violent en pénétrant dans le silence et la lumière apaisants des premières neiges. Une belle allégorie qui finit bien quand enfin il rattrape le fuyard. 5 étoiles méritées.

URSS - Un jeune homme d'une quinzaine d'années raconte son enfance dans une sorte d'orphelinat. Un orphelinat un peu spécial car tous les garçons sont des enfants d'opposants au régime ou de personnes ayant été envoyés dans des goulags…
Il reçoit une formation de géodésie et part dans un coin encore plus reculé..Tougour près de l'archipel des îles Chantar…c'est la qu'il va rencontrer un homme, Pavel, qui lui raconte une traque à l'homme qui a eu lieu plusieurs années auparavant dans ce même lieu…
L'écriture de cette traque est envoûtante : j'ai été hypnotisée par ce groupe de soldats qui cherchent à capturer un autre homme : cinq soldats armés tenus en échec par un malheureux prisonnier sous-alimenté mais qui connaît à merveille des techniques de survie. Au fil des pages, les cinq hommes prennent vie sous la plume d'Andrei Makine, du plus vil au plus « gentil » : ce jeu du chat et de la souris révélera au narrateur Pavel un sens de la vie qu'il ne soupçonnait pas…
Les relations d'une part entre les cinq soldats sont décortiquées et d'autre part une sorte de complicité (à distance) nait entre le narrateur et le prisonnier en fuite…
Dans la dernière partie, le premier narrateur revient vingt ans après sur les lieux pour clore cette histoire, presque une légende : celle de Pavel et du prisonnier évadé…
Un livre envoûtant !

Ce roman relate la manière dont, au début des années 70, la rencontre d'un adolescent avec un voyageur inconnu va changer le sens qu'il donne au verbe "vivre". L'histoire se noue tout au bout de la Sibérie, au fond d'un fjord de la mer d'Okhostk, à Tougour et nous entraîne à travers la taïga jusque dans l'archipel des Chantars. C'est d'abord une longue traque menée par cinq soldats soviétiques, à la fin de l'ère stalinienne. Ils sont lancés à la poursuite d'un évadé qui leur échappe par sa ruse et sa connaissance intime de cette région hostile mais d'une beauté sauvage que l'écriture de Makine rend avec une poésie merveilleuse. Tout au long de cette course, exposés à la solitude extrême de l'univers sibérien, écrasés sous le poids de la chape de la tyrannie stalinienne, affrontant un passé où l'instinct de survie a été exacerbé par les conditions d'une guerre impitoyable, les masques de chacun d'entre eux tombent, les lourds secrets se révèlent et le sens de la destinée humaine est cruellement mis à nu. C'est également le récit d'une quête qui illustre que le choix est toujours possible et que notre liberté en dépend. Enfin, c'est un roman sur la fidélité : fidélité à ses idéaux, fidélité dans l'amour, fidélité aux éclaireurs qui nous devancent et nous transmettent leur héritage.

J'ai ouvert ce petit roman sans savoir de quoi il était question. Je ne me souviens même pas comment il est arrivé dans ma PAL.
Les premiers chapitres m'ont laissé un peu perplexe, puis la vraie traque a commencé, et alors là je n'ai plus pu lâcher le roman.... et dans une période un peu bizarre où je n'arrive plus à lire, c'était une sacré performance de m'accrocher de cette façon.
J'ai aimé ces paysages, cette vie dure, ces choix qui doivent être fait. ... et finalement c'est peut être juste ça qui change tout : faire le choix.. oser...

L'un des plus beaux romans lus en 2016 …

L'histoire de cette poursuite à travers la taïga sibérienne est prenante et se lit comme un roman d'aventure, mais enrichi des paysages sauvages de la Russie extrême-orientale et rehaussé de réflexions vertigineuses (je n'aime pas vraiment les romans d'aventure à vrai dire …). Les personnages sont ni totalement bons, ni totalement mauvais, mais tout simplement humains. Et le style est très agréable, poétique par moment.

A travers cette histoire, l'auteur nous touche, nous transporte, parle de notre condition humaine et fait résonner les peurs et les rêves que nous portons en nous … Un très grand livre, que j'achèterai dès sa sortie en poche et que j'offrirai autour de moi ….

Décidément, je suis sous le charme de l'écriture de d'Andreï Makine !
Ce roman nous propulse dans l'URSS d'après guerre, au début des années 50, sous le régime de Staline dans la taïga de l'Extrême Orient de l'URSS. Pavel Gartsev et ses camarades soldats se lancent dans la trace d'un fugitif.
Sous la plume de Makine, les différents personnages se livreront sous leurs aspects les plus noirs, les plus odieux mais aussi les plus tendres ou sensibles. le lecteur passe en quelques pages du dégoût à l'espoir, de l'Amour à la mort.
J'ai beaucoup aimé la psychologie des personnages en cette période ou chacun usait de stratagème pour sauver sa peau face non pas à l'ennemi mais à la hiérarchie et aux rouages du stalinisme.
Un magnifique roman qui restera un coup de coeur !