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La lecture des "optimistes" n'est pas vraiment une partie de plaisir, comme le titre pourrait le laisser croire.
555 pages sur le fléau du sida... avant de vous lancer, soyez conscients de la difficulté.
L'action se passe essentiellement à Chicago, dans la communauté gay et le milieu des galeries d'art.
Rebecca Makkai, qui s'est consciencieusement documentée, ne nous épargne rien sur la maladie, depuis les premiers symptômes jusqu'à la déchéance des corps en fin de vie.
J'ai eu beaucoup de mal à tenir sur la longueur du roman car le sujet est sinistre, malgré les passages positifs évoquant la force des sentiments, la solidarité entre les malades et certains de leurs proches, le début des initiatives de soutien aux victimes.







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J'ai choisi de lire ce roman car il traite d'un sujet et d'une décennie particulière dans l'histoire des Etats-Unis qui m'interpelle particulièrement : celle qui a vu l'émergence du Sida, d'abord appelé Grid (Gay Related Immune Deficiency) lorsqu'on pensait encore que les hétérosexuels ne pouvaient tomber malades, qui a touché particulièrement les homosexuels dans les années quatre-vingt des grandes villes des Etats-Unis. Cette période commence à la découverte de la maladie, nommée à tort cancer gay, jusqu'à l'apparition des premiers traitements, connus sous le nom de trithérapie, pendant les années quatre-vingt-dix. La maladie a décimé une partie de la population américaine alors même que ceux qui étaient touchés par cette maladie étaient déjà stigmatisés par l'homophobie ambiante. J'ai aussi eu envie ce livre car il y a deux ou trois ans j'ai découvert le compte Instagram The Aids Memorial, qui publie chaque jour les photos de victimes du Sida, souvent accompagnées d'une biographie, que leurs proches leur ont envoyées. Une grande majorité des photos évoquent des hommes touchés par le virus à cette époque, beaucoup d'entre eux décédés pendant les années 80 et 90, on l'imagine dans d'atroces souffrances, dans une solitude profonde, car bien souvent rejetés par leur famille.

Les Optimistes se place donc dans ce contexte dans le Chicago de l'année 1985, au début du pic de la pandémie. Même s'il ne s'agit que d'une pure fiction, la trame colle suffisamment à la réalité pour faire de ce roman un témoignage de vie d'une époque terrible et de ses protagonistes, Nico, Terrence, Yale, Charlie, Julian, des doubles presque parfaits d'hommes qui ont véritablement existé mais que l'on s'est empressé de reléguer aux oubliettes. L'auteure, Rebecca Makkai, a choisi de d'étaler son récit sur deux époques distinctes : la première commence en 1985 et se concentre autour d'un groupe d'amis, jeunes hommes homosexuels de Boystown. La seconde commence en 2015 par l'arrivée à Paris de Fiona, la soeur d'un des membres du groupe, Nico, pour retrouver sa fille. Seuls quelques protagonistes réapparaissent en 2015, ceux et surtout celles épargnées par l'épidémie. L'incipit du roman donne le ton: il débute par la mort et l'enterrement de l'un des garçons, Nico, la première victime du groupe. C'est une mort qui assomme chacun d'entre eux et au-delà de la peine qu'ils éprouvent, ce deuil les laisse avec le sentiment d'avoir désormais la menace de la maladie qui colle à la peau. La mort, et l'existence, de Nico sont essentielles dans ce roman : en plus d'être celui qui les amènera à côtoyer la maladie de près, il agglomère toutes les difficultés du malade de l'époque. Rejeté par sa famille, sans traitement disponible pour contrer les maladies opportunistes qui ravagent son corps une fois son système immunitaire défaillant, son espérance de vie est courte, et sa mort surgit dans d'affreuses conditions, isolé à l'hôpital, ou le personnel hospitalier refuse de le toucher, comme c'est souvent arrivé à l'époque. Il est devenu un pestiféré et chacun des garçons prennent la mesure de ce qui est susceptible de leur arriver, tôt ou tard. Car si le préservatif existait déjà, son utilisation était loin d'être systématique et même souvent rejetée. Sans parler de ce que l'on nommait Gay panic, ou « panique homosexuelle » qui fut, sur le plan juridique, la ligne de défense de ceux accusés d'avoir passé à tabac un homosexuel. Cette projection en 2015 permet à l'auteure de montrer que s'il reste du travail à faire au niveau de la discrimination des personnes séropositives, on revient quand même de loin avec un rejet total de la population et des instances gouvernementales trente ans plus tôt. Et trente ans après le début de l'hécatombe, la mémoire est bien à vif chez ces survivants qui ont pu passer outre l'épidémie.

Ce groupe reflète un monde qui d'insouciant qui doit apprendre à vivre avec la maladie mais qui ne prend pas pour autant le parti de se préserver, c'est une génération condamnée, elle le sait. L'auteure en déroulant l'histoire du groupe, en détaillant les histoires de couples, les histoires personnelles, démontre la fatalité inéluctable qui frappe chacun d'entre eux bien avant que la trithérapie ou même l'AZT n'apparaissent, ou que le traitement soit financièrement accessible à chacun. On ne peut qu'être admiratif du soin qu'elle a mis à reconstituer ces laissés-pour-compte, qui en plus de la haine, doivent subir l'indifférence de gouvernements insensibles à la question du sida. Son récit saisit le lecteur au vif, elle ne lui épargne rien, comme rien n'a été épargné à ces jeunes hommes, qui ont été pris dans les filets d'une maladie inconnue, aussi redoutable qu'incurable : elle retranscrit avec précision la dualité qui s'impose à cette génération, prise entre la volonté de continuer à vivre et à entretenir des relations amoureuses, et la peur d'être contaminé. Et si psychiquement, elle démontre que les coups sont rudes à encaisser, elle démontre que physiquement ça l'est encore plus. le sarcome de Kaposi ou autres infections dégénératives laissent des séquelles indélébiles, et parfois handicapantes, sur les jeunes hommes, qui ont dépassé le stade de la positivité et qui les relèguent, de fait, au ban de la société.

Malgré tout, et c'est peut-être cette maladie qui amplifie ce sentiment, c'est d'ailleurs un point que Rebecca Makkai exploite avec pertinence, on ressent une certaine joie de vivre, avidité à profiter au maximum de l'existence, à aimer fêter, aimer, au maximum, quitte à en être malade après, certes. C'est une certaine joie de vivre que l'on ne retrouve absolument pas ailleurs. Elle a d'ailleurs su créer des personnages attachants, dotés de parcours de vie différents, avec les qualités, les faiblesses qui sont les leurs, et dont la menace de cette maladie, les rend peut-être davantage vulnérables, plus attachant, mais parfois tout aussi détestables, que le commun des mortels. Elle a également bien reconstitué les ravages du Sida, son évolution au fil des années, le soulagement d'avoir échappé à la condamnation d'un premier test, la mortification de retrouver le test suivant positif, elle reconstitue le plus terrible, de voir ses amis agoniser et mourir tout en pensant qu'on est peut-être le prochain.

L'auteure rend là un bel hommage à tous ces hommes et femmes perdus, qui ont à l'époque été lâchement abandonnés au sort qui les attendait à travers ce roman parfaitement équilibré entre le passé, ou l'épidémie ravageait tout, et le présent ou elle est désormais contrôlée, mais ou les pertes inestimables sont inscrites dans le marbre. Elle parvient à mesurer la hauteur des ravages, d'une génération d'hommes dont il ne reste guère plus le souvenir chez les proches et les quelques associations qui cultivent leur mémoire ainsi que de leurs combats qui sont malheureusement toujours d'actualité, trouver un remède au Sida et effacer la stigmatisation des séropositifs. C'est un roman passionnant tout comme un témoignage d'une époque et d'une hécatombe, que je trouve essentiel à lire afin que les vies de tous ces Yale, Charlie, Nico, Terrence, ne retombent pas inutilement dans l'oubli, que l'on ne sous-estime pas le sacrifice involontaire qui a été le leur afin que la collectivité prenne conscience du mal.
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Chicago, les années 80, les années SIDA, l'histoire débute par un deuil d'un ami de Yale. Ce sera le commencement de la maladie qui se propage, des tests, des copains hospitalisés. Il ne restera que Fiona, la petite soeur de Nico, un ami décédé.
C est aussi une histoire sur l'art, très présent dans le livre.
Et puis on alterne les chapitres en 2015, où on retrouve Yale et Fiona. Fiona qui recherche sa fille depuis qu'elle a été sous l'emprise d'une secte.
C'est un beau roman qui alterne entre 2 périodes, intense en sentiment, en tristesse, le ravage du SIDA.
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Comment rester optimiste quand la maladie guette chacun de nos écarts ? Non, je ne vous parle pas du coronavirus, mais des débuts du sida, dans les années 1980, à Chicago. Véritable fléau dans la communauté gay en particulier, cette maladie était considérée comme tabou, à cause de la méconnaissance générale et du rejet manifeste du gouvernement républicain de faire quoique ce soit pour adresser l'épidémie. Les Optimistes est l'histoire fictive mais incroyablement émouvante de ces hommes qui ont essayé de continuer à vivre malgré l'épée de Damoclès qui vacillait au-dessus de leurs jolies têtes, mais aussi celle de la femme qui les a tous enterrés, dédiant sa vie à cette guerre difficile et impalpable.

Ce livre est entré sous ma peau comme peu le font. Je suis devenue Yale puis Fiona, grâce au talent de conteuse hors pair de l'auteure, aux mots si bien choisis de la traductrice, aux descriptions vivaces de la réalité de l'époque et de celle d'aujourd'hui. Je me suis laissée surprendre comme une enfant par l'évocation des attentats de 2015, j'ai replongé dans ce moment si particulier que j'ai vécu moi aussi, retrouvé avec étonnement des réflexions similaires aux miennes dans les réactions de Fiona. Je me suis émue de l'histoire de Charlie et Yale, de celle de Nora et Ranko, de ces amitiés indéfectibles que la mort n'entame pas, de l'hommage rendu par Richard à tous les disparus.

Je ne connaissais pas la réalité de cette époque pour la communauté gay, j'en avais entendu quelques bribes, mais aujourd'hui, Rebecca Makkai m'a donné l'impression de l'avoir vécue – et rares sont les livres qui parviennent à me transporter à ce point, surtout quand ils évoquent des sujets aussi difficiles. Il y a tant de beauté dans ce récit, tant de force et d'amour, tant de regards sur la vie et la mort, tant d'humanité, que je suis encore bouleversée en le refermant. C'est un grand livre, à n'en pas douter, un témoignage précieux d'une époque malheureusement pas si lointaine, mais incroyablement honteuse, où on laissait mourir les hommes dans la misère à cause de leur sexualité. Je n'oublierais pas Yale, Charlie, Nico, Terence, Katsu, Julian, Teddy, Richard, Fiona et tous les autres de si tôt.
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Merci à Rebecca Makkai d'avoir essayé de rendre compte de cette époque où le virus du sida est apparu. Au travers de différents personnages, on aperçoit comment chacun, à sa manière, a essayé de vivre avec son homosexualité et/ou la maladie. Ce sont des histoires de vie attachantes et dramatiques.

Seul petit bémol : j'ai trouvé que parfois l'intrigue n'avançait pas assez vite.
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Chicago, les années 80 et l'arrivée d'un virus : le VIH. Un groupe d'amis, parfois partenaires d'un moment, parfois partenaires de longue durée et la maladie, qui vide les répertoires et remplit les cimetières.
Ce roman dans lequel j'ai eu un peu de mal à rentrer, m'a touché comme je suppose, peuvent être touchés ceux qui ont eu une personne dans leur cercle d'amis que le virus a impacté.
Des histoires d'individus pour ne pas oublier, parce qu'on pense toujours qu'une épidémie ne vous concerne pas ...
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Ce livre est magnifique. Je me suis attachée aux personnages et j'ai eu l'impression de traverser ces terribles épreuves avec eux. Je n'avais plus envie de quitter ce livre et je n'avais pas envie de le finir trop vite car je ne voulais pas quitter ces personnages. Très belles histoires de vies et la situation sanitaire liée au sida est très bien décrite et expliquée. C'est un livre à lire.
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Que dire de ce roman au bandeau si prometteur ?

Le sujet ramène aux années 80 à Chicago, années SIDA ou la communauté gay est décimée dans une relative indifférence, voire hostilité moralisatrice.

Yale et ses amis tentent de faire front. La peur d'être séropositif les paralyse, la douleur les anéantit face aux morts qui se succèdent. Pas encore de traitement, pas vraiment de recherche médicale non plus sur cette maladie encore mystérieuse. Il faudra encore attendre.

Pour que la recherche progresse, Yale, galeriste s'emploie activement à trouver des fonds.

En parallèle, dans les années 2015, Fiona, soeur de Nico décédée du SIDA, se rends à Paris à la recherche sa fille dont elle n'a plus de nouvelles.

Le texte alterne les deux périodes et avance (lentement) dans le temps.

Quelques moments d'émotion, des amitiés fortes, des trahisons aussi, les deux personnages principaux sont attachants.

C'est long, très long, beaucoup de digressions, de descriptions inutiles ; je me suis accrochée mais je n'en garde pas un bon souvenir de lecture. Peut-être que, allégé de 200 pages le texte aurait été plus fluide ?

En résumé, un roman , certes documenté et riche, mais auquel je n'ai pas adhéré, dommage…
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J'ai éprouvé des difficultés à lire les premières 200 pages. Pas que le sujet ne m'intéressait pas, ou que l'histoire était inintéressante, mais la mise en place m'a semblé bien longue. Et finalement, par la suite, j'ai vraiment eu plaisir à retrouver les personnages de ce livre.

C'est une histoire qui nous replonge dans les années 80, avec tous les dégâts que l'arrivée du sida a générés. Un virus, dont le vaccin n'a toujours pas été trouvé, soit dit en passant. Ce virus, qui toucha dans un premier temps une grande partie de la population homosexuelle, ce qui n'a pas aidé à limiter leur stigmatisation.
L'histoire retranscrit bien tous les sentiments que les personnes de l'époque ont pu avoir. C'est ce qui m'a le plus intéressée ; l'aspect psychologique de la découverte macabre du sida chez chaque personne. Ce n'est pas une histoire gaie (sans mauvais jeu de mots), mais il y a tout de même de belles choses à en retenir ; l'amitié en est une.
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Je n'ai pas vécu à Chicago pendant les années 80. Je n'ai pas fréquenté le milieu gay. Je n'ai pas perdu d'amis du Sida. Au pire j'ai su pour "quelqu'un" ...et encore, sans certitude.
Oui mais voilà, ça n'empêche que ma jeunesse est marquée par ces années là. Une maladie omniprésente qui nous terrifiait.
Une épée de Damoclès qui pouvait toucher tout le monde. Je trouve qu'on n'en parle plus trop aujourd'hui en comparaison. En tout cas ce n'est pas le sujet en 2020 pour les médias tout puissants...
Et c'est pourquoi la lecture de ce roman m'a remuée et que je n'en sors pas indemne.

"Les optimistes" alterne des chapitres de deux périodes : 1985/90 d'une part et 2015 d'autre part.

En 2015, on retrouve des "rescapés" en quelque sorte. le lien avec les années 80 est fort, en particulier grâce au personnage de Fiona.

Car le coeur du sujet se situe bien pendant les années 80. On y suit le destin d'une bande de copains et plus particulièrement celui de Yale, personnage principal avec Fiona, hanté par l'ombre de son meilleur ami Nico, frère de cette dernière.
Et j'avoue que je suis parfaitement "entrée " dans la tête de Yale, tour à tour inquiète, soulagée, dépitée selon la situation. J'ai ressenti beaucoup d'empathie même s'il faut le reconnaître,  on est en plein dans les comportements à risque...voire parfois dans une certaine provocation.
Et le résultat est connu, car ils seront décimés.

Mais le roman ne parle pas que de maladie ou de mort. Pas du tout. Il y a des projets, tels que l'exposition d'oeuvres d'arts, des combats, la vie tout simplement.
C'est également un beau roman sur l'amitié, les rapports parents/enfants. Et une dénonciation d'une forme de racisme tant de la population que des dirigeants de l'époque.
Une lecture essentielle sur le sujet servie par un texte de grande qualité littéraire.

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