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sur 63 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Quand je suis devenu athée, je me suis senti investi par la mission (divine?) d'expliquer aux autres pourquoi ils avaient tout faux, et je suis devenu anti-religieux. Puis je me suis fatigué d'expliquer aux croyants leurs propres dogmes, que je connaissais mieux qu'eux, avant de leur expliquer pourquoi en fait ils ne devaient pas croire dans une idée à laquelle il n'avait jamais cru. Je suis donc devenu anti-clérical. Puis je me suis fatigué d'essayer de démolir des concepts dont plus personne ne parlait vraiment, et je me suis contenté de laisser les autres tranquilles, du moment qu'ils en faisaient de même avec moi. Ce qu'ils font généralement (à l'exception notable des témoins de Jéhovah).

Ceci dit, la liberté de conscience et de religion est encore mise à mal dans beaucoup de régions du monde, et une piqûre de rappel ne fait jamais de tort. J'ai donc entamé cet essai avec enthousiasme et une indulgence déjà toute acquise.

Cet enthousiasme a cependant été vite douché. Premièrement, j'ai trouvé l'argumentaire un peu vieillot. Les livres religieux aiment revenir aux sources, ça me paraît logique (quand on a eu des paroles directes d'un prophète, on préfère s'y tenir). Concernant l'athéisme, je trouverais plus logique qu'on se concentre plutôt sur les dernières découvertes (histoire, sciences cognitives, sociologie, … il y a de quoi faire). Ergoter sur les écrits de Jean Chrysostome (quel croyant connaît ne serait-ce que son nom aujourd'hui?) dans un livre qui se veut généraliste aujourd'hui, ça me paraît un peu dépassé.

Deuxième, il y a beaucoup d'approximations et de raccourcis douteux. D'accord, le livre est présenté comme un pamphlet, mais avec la quantité de références qu'il propose, j'aurais préféré un argumentaire plus solide. Quelques procédés un peu limites aussi, comme l'insertion de photos sans contexte ni explications pour illustrer un point de vue pratiquement pas développé.

Dernier point, les commentaires personnels de l'auteur, qui m'ont fait levé un sourcil au début, puis qui ont fini par provoquer une série de facepalm à force de se répéter. On trouve déjà quelques conneries monumentales : « Plusieurs scientifiques affirment de nos jours qu'avaler le sperme est bon pour la peau et le système immunitaire », « [Les vierges d'un certain âge] sont généralement plus pessimistes, impulsives, rigides, sont inclines à l'anxiété et à la dépression. Elles sont en conflit avec elles-mêmes, conflit qui ne fait que s'aggraver au fil du temps – rappeler-vous le comportement anormal des vieilles filles. Une femme restée vierge court le risque de troubles psychiatriques. Les hôpitaux psychiatriques ont toujours été remplis de ces jeunes femmes », qui accentuent l'impression d'amateurisme du point précédent. On retrouve également des remarques désobligeantes sur le physique d'une amie d'enfance (devenue croyante, évidemment, ça enlaidit terriblement), un guide de voyage torturé pendant une heure sur ses pratiques masturbatoires, trois pages sur les images que découpait un camarade pour se masturber (encore), « On imagine avec quelle fureur et quelle passion les prêtres inquisiteurs s'adonnaient à l'onanisme après les tortures ou l'exécution d'une pécheresse » (bizarrement, c'est pas le premier truc qui m'est venu à l'esprit sur les inquisiteurs, mais je commence à discerner une constante), … Je ne sais pas si le but était de créer de la complicité avec le lecteur, mais ces commentaires sortent un peu de nulle part, et je ne vois pas bien en quoi ils servent les différents arguments. Et ça ne me donne pas spécialement envie de faire partie de l'entourage de l'auteur…

Je quitte ce livre avec un certain soulagement et une impression de gâchis, parce que l'essai contient tout de même énormément de documents et de réflexions intéressants. Mais la façon de les articuler et les anecdotes personnelles de l'auteur ne m'ont franchement pas convaincu.
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J'ai ouvert ce livre avec la gourmandise de quelqu'un qui s'apprête à passer un bon moment de réflexion sur une thématique passionnante. Pourtant, je l'ai refermé avec soulagement. En effet, j'ai trouvé la lecture de cette diatribe lourde à digérer et cela malgré la grande qualité des images - c'est un beau livre - l'intérêt des thématiques abordées et les sources bibliographiques.

Le propos aurait pu être stimulant : les religions notamment celles dites du Livre : Judaïsme, Christianisme et Islam en proposant une existence meilleure après la mort imposent au croyant de suivre à la lettre des préceptes où la peur, la fascination de la mort, le refoulement des désirs, le renoncement à tous les plaisirs permettront non pas le bonheur ici-bas mais dans un hypothétique autre monde au prix de privations hallucinantes. Les pouvoirs religieux en manipulant les croyants leur imposent des règles de vie allant de l'ascétisme à la mutilation (circoncision, excision...). Tout ceci, ayant pour conséquence des sociétés frustrées et violentes où le fanatisme et le dogmatisme se conduisent en maître.

Cependant, malgré la qualité des sources, la réflexion ne m'a pas paru solide. On comprend bien que l'auteur s'est énormément documenté mais justement on le sent trop. L'ouvrage ressemble à une juxtaposition de références entrecoupée de commentaires personnels, parfois du plus mauvais goût.

J'ai été surprise de lire par exemple « Ainsi, les enfants qui rêvent de jouets neufs manipulent leurs parents; les femmes qui désirent des bijoux et des manteaux de fourrure onéreux manipulent leur mari (...) pourquoi l'Eglise ne manipulerait-elle pas ses croyants ». L'argumentaire repose sur une comparaison indigente avec une image lamentable des enfants et des femmes : manipulatrices, dépendantes financièrement, attirées par des frivolités luxueuses et immature.

Encore plus machiste « la femme peut paraître laide à son époux, elle peut même le dégoûter ! C'est ce qui arrive à certains hommes après quelques années de mariage ». Ce dernier commentaire venant contrebalancer un écrit de Tertullien invitant les femmes à ne pas chercher à plaire à d'autres hommes qu'à leur mari car « une femme ne parait point laide à son époux » sous entendu même si elle est laide pour les autres hommes. Si le propos de Tertullien est hautement critiquable, le commentaire éminemment sexiste de Malkin n'est pas plus convaincant.

L'argumentaire suivant m'a également laissé perplexe : « L'idée de vouloir la mort pour aller à la rencontre de Dieu m'horrifie. Pourtant (...) je suis prêt à soutenir la peine de mort envers les assassins terroristes et tous leurs acolytes, même les plus insignifiants. Il n'y a mon sens rien d'illégitime à vouloir la mort d'un criminel pédophile » ; outre qu'il n'y a rien de commun entre « se donner la mort » et « condamner à mort », l'auteur utilise de façon finaude des crimes révoltants pour se justifier.

Encore plus étrange et surprenant pour moi a été de lire après des pages de démonstration sur l'iniquité des religions « Je voudrais préciser que je respecte la Vierge Marie, cette femme noble et digne ». Un respect très chrétien pour un auteur qui n'hésite pas à déclarer«Le christianisme est une religion des faibles pour les faibles (...) pour vivre les faibles ressentent non seulement le besoin de croire en l'âme immortelle, mais aussi d'avoir des meneurs et des prophètes »

Ces commentaires ont considérablement gêné ma lecture me laissant penser que la rigueur philosophique et scientifique nécessaire à ce type de réflexion faisait défaut ; certains passages historiques ont cependant suscité mon intérêt car il faut reconnaître, encore une fois, à l'auteur d'avoir utilisé une quantité considérable de sources passionnantes. Par ailleurs, Malkin a le mérite de remettre en question les dogmes énoncés par les religions monothéistes et incrustés dans les esprits et invite chacun à aiguiser son esprit critique afin de vivre « libre de tout mensonge » malgré les gros défauts énoncés ci-dessus.
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Sur la forme:
L'ouvrage de Vitaly Malkin est d'un très grand confort de lecture. L'imprimerie est d'une qualité irréprochable, et c'est un vrai plaisir de parcourir ses pages (au point que j'avais des scrupules à écrire dessus, même si j'ai l'habitude de le faire dans tous mes livres).
Par ailleurs, les très nombreuses illustrations de qualité permettent de crée des pauses à la lecture et d'emplir l'imaginaire, pour mieux se représenter les thématiques abordées.
Pour ces raisons, c'est vraiment un ouvrage agréable à consulter et à offrir, un très beau cadeau pour initier une personne aux thématiques religieuses abordées sous un angle philosophique et épistémologique, si on l'offre à une personne qui lit peu et qui s'intéresse à ce sujet en dilettante.
Une critique toutefois pour conclure sur la forme: j'ai été frustré de voir que les ouvrages mentionnés dans les chapitres et présent dans la bibliographie desdits chapitres ne précisaient jamais les pages utilisées. J'aime beaucoup vérifier les sources des informations de manière générale, et la par exemple on sait qu'il appuie son propos sur mettons l'Ethique de Spinoza, mais on ne sait pas sur quels passages de l'éthique il s'appuie (en dehors des citations qui sont entre guillemets et en effet très visibles par un symbole caractéristique tout au long du livre)

Sur le fond:
Ma curiosité pour ce livre a été piquée en lisant le titre: "Illusions dangereuses". Après tout, les ravages de la religion à travers l'histoire de l'humanité n'ont plus à être démontrés, et ils emplissent tous les livres d'histoire. J'étais donc ravi de me plonger dans la lecture d'un ouvrage aussi documenté, qui représente en quelques sortes le travail d'une vie (même si en l'occurence cela a pris quelques années à écrire, pas une vie entière, mais qu'importe).
Mais j'ai été assez décu et frustré de voir l'auteur parler de ses opinions, croyances et convictions comme si cela était pertinent dans un livre qui se veut si rigoureux et documenté.
Par exemple l'auteur déclare page 76 "je suis convaincu que le mal existe réellement et je préfère vivre heureux plutôt que vertueux". le truc c'est qu'on s'en fiche un peu de ce dont il est convaincu, quand on ouvre le livre on recherche une déconstruction méticuleuse (rationnelle et basée sur des arguments) des croyances religieuses, par un vulgaire combat de boxe entre celui qui a la meilleure croyance.
Le pire étant qu'il oppose lui même les croyances religieuses à la raison (qu'il sacralise).

Je trouve la méthode de l'auteur assez problématique dans la mesure ou en s'attaquant frontalement aux croyances religieuse avec comme outil la raison certes, mais aussi en se servant de ses propres croyances comme d'un bouclier, il oppose l'irrationnel à l'irrationnel, et se fait l'instrument d'un mécanisme psychologique très connu: l'effet retour de flamme. Et si son objectif est de déconstruire les croyances religieuses dangereuses, je ne suis pas certain que ce soit une méthode qui lui permettre de l'atteindre.

Ceci étant dit, évidemment tout n'est pas à jeter dans ce livre, que j'ai trouvé souvent très intéressant, tant au niveau culturel et historique qu'au niveau philosophique, en nous invitant à adopter différentes perspectives pour voir le tableau global de l'histoire des idées.
Et puisque mon avis est, comme tout avis, éminemment subjectif, je vous invite grandement à vous faire votre propre avis plutôt qu'a juger l'ouvrage à partir du mien.
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