J'ai voulu croire que tu n'étais qu'un sparadramour mais lorsque tu as commencé à te décoller de moi, j'ai eu plus mal encore que si on m'arrachait la peau avec une fourchette à escargots.
On descend parfois si loin sous terre que même l'idée du bonheur effraie.
Mais surtout, j'ai peur du bonheur, maintenant. Je sais le mal que je peux faire. L'idée de décevoir m'empêche de vivre une histoire spontanément. Je crois que je ne suis pas née pour vivre les choses dans la durée, à part l'invisibilité.
p.126.
Je ne me voyais pas lui faire ce que j'avais souffert qu'on me fasse.
p.77.
- Lorsqu'elle est partie, j'ai fermé le cabinet. Je n'avais plus le goût à écouter les problèmes d'autrui, trop de bruit dans ma propre vie.
Une sorte de joie enragée me poussait. Mon grand amour était de retour. Revenu du pays de mes fantômes! Il fallait que je me confronte à elle. L'aimant du passé se réactivait. L'orage magnétique menaçait, m'appelait. Il emportait toutes les particules de mes pensées.
Je suis un sous-doué du deuil. La peau à l'intérieur de mon cerveau est constellée de bleus qui ne s'effacent jamais. Je suis un homme-grenier. Je garde tout. Si on plantait une caméra au cœur de ma mémoire, on pourrait reconstituer ma vie, comme dans un studio de cinéma. De la joie sauvage à la colère noire en passant par la fréquence d'un battement de cils, tout est intact.
Avant l'aventure avec la fille invisible, j'avais perdu la guerre mondiale de l'amour.
- Il faut inventer plus pour déprimer moins, cher ami...
- Si je pouvais, j'inventerais tout le temps.
Je crois qu'à force de m'être allumée et éteinte si fort , mon corps ne supporte plus l'amour.