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4,32

sur 4174 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voici un roman qui m'a séduit dès les premières pages et n'a jamais perdu ni de son intensité ni de son intérêt jusqu'à la fin .
Je " lorgnais " sur lui depuis un certain temps en raison d'une couverture plutôt " attirante " car chargée de symbôles , et d'un titre simple et lui aussi marquant puisqu'en rapport avec un événement d'une importance capitale survenu aux États Unis à cette époque . Un événement de nature à me ramener vers mon enfance puisqu'en 1963 , la tragédie en question allait provoquer un séisme mondial , pensez- donc , une secousse ressentie jusqu'aux fins fonds du petit département de la Creuse où je passais une enfance heureuse : l'assassinat de Kennedy .
Certes , l'objet du livre ne concernera pas spécialement la disparition de ce président même si on en parle , mais y puisera son décor, décrivant les années où , pour un temps encore , Blancs et Noirs vivront dans le même monde , mais bien à part . . Et c'est particulièrement " parlant " de voir évoluer dans une même cité des hommes et des femmes que la différence de couleur de peau oppose jusqu'à la haine . Une foule d'exemples pris dans la vie quotidienne traduisent de fort belle manière ces différences atroces qui soumettaient les plus " faibles " au seul profit des plus " forts " . A faire lire à nos ados pour leur montrer que toutes les vies n'avaient pas le même prix.
C'est dans ce contexte particulier que va se " constituer " un " duo improbable " , suscitant toutes les critiques , moqueries , menaces : l'association de Buď ,le détective privé alcoolique MAIS blanc , avec Adela , courageuse domestique MAIS noire . Un duo qui devrait rester bien présent dans la mémoire des lecteurs longtemps après qu'ils ont tourné la dernière page ...Il y a bien sûr d'autres personnages mais , sans leur faire offense , aucun ne pourra faire " de l'ombre " à ces deux - là, même si leur rôle n'est pas négligeable et soulève des faits et attitudes surprenants ou non , pour l'époque , faits et attitudes du reste porteurs d'espoir pour certains ...
Oui , mais vous attendez l'essentiel , hein ? C'est un polar !!! Bof , pas vraiment , non .Quoi ! Mais on m'aurait fait acheter un livre à l'insu de mon plein gré ? Y'a des cadavres tout de même ? Oui , et même pas mal , des fillettes noires enlevées et ..... Alors , la police doit s'activer ? Pas plus que ça non ...Les fillettes sont noires , les policiers sont blancs ...Vous me suivez ? Alors l'enquête...Comment ça , dég.......?.Oui , bien sûr, mais en Alabama , en 1963....C'est bien pour ça que Bud et Adela....Il faut vraiment tout vous dire .Ce livre , c'est pas vraiment un polar , l'enquête, elle est plutôt là pour ......Non , c'est plutôt un roman noir , mais aussi et surtout le miroir d'une époque et ...il est superbe . Ne soyez pas rebutés d'avance par la violence malgré la dureté du propos . Les auteurs ont fait preuve , à ce sujet , d'un extraordinaire doigté, d'une grande et belle maîtrise.
Et puisqu'on parle des auteurs , disons tout de suite que ce livre est bâti en grande partie sur des dialogues , un art pas forcément facile . Et bien , je vous l'assure , ils ont accompli l'immense prouesse de traduire des tonnes d'émotions par ce biais là. C'est extraordinaire . Drame , colère, menaces , humour , ironie , tendresse , invectives ....On a l'impression de voir des acteurs se donnant la réplique sans coup férir. Un échange de " coups de lame " voire de " scalpel " . Ce n'est pas courant mais le " rendu " est génial.
Vous l'avez compris , j'ai A DO RÉ et j'ai vraiment passé un bon moment dans un roman noir . Étrange, non ? Comme d'habitude , c'est mon ressenti , tout mon ressenti et rien que mon ressenti ( je suis comme vous lorsque vous écrivez vos commentaires ) et vous n'êtes pas obligé(e)s de me croire .Je ne suis qu'un lecteur à qui sa chère épouse a fait un beau cadeau.
Un dernier mot ...Dans le cortège mortuaire de Kennedy , on pouvait voir , près du cercueil ...deux soldats noirs .....
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Un vrai bon moment de lecture que ce Alabama 1963.
Années soixante, au coeur d'une Amérique ravagée par la ségrégation, Bud est un détective alcoolique, souillon et mal en point. Adela est noire, domestique pour blancs renfermés dans leurs préjugés, sauf quelques exceptions. Quand on signale la disparition d'une enfant noire, la police n'en a que faire. Il faudra attendre la seconde ou la troisième disparition pour que Bud s'en inquiète. Surtout depuis que Adela vient nettoyer chez lui. Deux univers opposés et qui pourtant ont tant à s'apporter. C'est ce que ce livre dégage, un condensé d'humanité, de tendresse, de clichés qui valdinguent. Résonne au loin la voix de Martin Luther King, j'ai fait un rêve…

L'histoire est passionnante à suivre, elle se dévore avec ses nombreux passages qui font sourire, l'écriture cinématographique à souhait se voit et se vit avec entrain. Pas l'ombre d'un ennui ici. Moi qui ne suis pas férue de littérature américaine, j'ai repensé à ce si beau film qu'est La couleur des sentiments (je n'ai pas lu le livre) avec ses protagonistes tout en couleur. Les patronnes d'Adela sont aussi très bien campées, l'une clouée a son lit perdue dans ses rêves et visions de médium, l'autre qui préfère astiquer sa maison pendant que Adela sirote son thé.

L'enquête est selon moi prétexte à faire la part belle a ces deux antagonistes que sont Bud et Adela, une manière de faire rencontrer deux mondes qui se comprennent mal, se fuient, se rejettent. Une manière dans ces temps blessés par des préjugés ancestraux de laisser passer la lumière, de vivre auprès de la peur et des idées préconçues afin d'avancer main dans la main, blanc et noir.

Un très beau roman pétri d'espoir, d'humour, de tendresse et d'intelligence. Je recommande sans hésiter.
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Le titre est sans mystère : nous sommes en Alabama en 1963. le cadavre d'une petite fille, violée avant d'être assassinée est retrouvé quelques jours après sa disparition. Les parents éplorés font appel à la police locale, que l'affaire intéresse peu ! En effet, la petite victime est noire. le ton est donné pour la suite, lorsque l'on fait connaissance avec Adela, qui vend ses services de femme de ménage à de riches blanches. On ne s'étonne pas de la façon dont elle est traitée. Elle a pourtant de la chance, Adela, car l'une de ses patronnes est une vieille dame fantasque qui semble douée d'une lucidité paranormale, et qui la traite presque en égale.


La situation se corse lorsqu'une deuxième famille signale la disparition de leur fille, et fait appel à un détective, exaspérée par la nonchalance de la police. Seulement voilà, le détective en question est une caricature d'enquêteur, alcoolique, vivant dans une bauge en compagnie d'un chien et d'un chat et passant le clair de son temps au bar voisin. C'est une blague d'une de ses compagnons de beuverie, flic, qui sera à l'origine de la rencontre avec Adela…

La première qualité de ce roman réside dans la précision de l'écriture. A quatre mains les auteurs ont réalisé un bijou de dialogues savoureux, qui mettent en scène la malice d'Adela et les restes de bon flic qui sommeillent encore en Bud.

On adore aussi les personnages secondaires, les copines d'Adela avec leurs remarques ironiques à l'égard des blancs, et qui montrent bien que les blagues racistes fonctionnent aussi dans l'autre sens. Pas de manichéisme : les imbéciles sont répartis sans distinction de couleur !

Si on rit sans retenue en parcourant les échanges entre Adela et Bud, on est aussi cueilli par l'émotion , pour des raisons que je ne peux révéler sous peine de divulgacher.


Merci donc aux auteurs pour cette histoire superbe

Et à Bruno de la librairie Ar Vro à Audierne de m'avoir convaincu grâce à ses arguments de découvrir ces deux nouveaux talents.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Deuxième coup de coeur de l'année avec cette histoire aussi improbable qu'addictive, j'ai rarement dévoré un livre avec autant de gourmandise, impossible à lâcher, simplement génial.
Parler de ce livre, c'est parler d'alchimie voire de magie car arriver à ce résultat avec un tel scénario et un tel contexte est un pur numéro d'équilibriste et ce n'était pas gagné d'avance.
Pour le contexte, il s'agit des Etats-Unis dans les années 60, dans le Sud en Alabama, la ségrégation raciale, une police raciste, le Klu Klux Klan...
Pour le scénario il va s'agir de disparitions de jeunes filles noires et d'une police d'une rare incompétence à la motivation douteuse, bref vous l'avez compris, l'auteur n'a pas choisi la facilité.
Cette histoire c'est la rencontre de deux mondes irréconciliables et que tout oppose, c'est aussi une association improbable entre deux personnages qui n'étaient pas censés se rencontrer et encore moins se comprendre, Adela et Bud.
Il y a des histoires qui dégoulinent de bons sentiments auxquels on peine à croire et qui ont le mérite d'essayer de nous convaincre, et il y a ce livre aux dialogues incroyables de vérité, au langage "border line" qui sonne si vrai quitte à choquer parfois.
Un récit sans fard, une galerie de personnages pittoresques et à la limite de la caricature pour certains (quoique...) et d'autres simplement "normaux" dirait-on aujourd'hui mais qui font dans ce contexte figures de héros.
Une histoire dure et tendre, triste et joyeuse, pessimiste et pourtant positive, c'est l'alchimie dont je parlais plus haut et qui nous donne ce livre incroyable de justesse et d'émotions.
J'ai bien sûr adoré cette lecture qui m'a fait passer du rire aux larmes et franchement croyez-moi, c'est à lire absolument !
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Je m'attendais à un récit sombre, mortifère et terriblement plombant.
Il le fut, mais pas que.

Point de départ, la disparition d'une fillette. Noire.
Pas de quoi mettre sur le pied de guerre la police du comté.
Puis d'autres absences de survenir.
Faudrait p'têt s'affoler, les gars, avant d'être taxés de justiciers laxistes à tendance légèrement ségrégationniste.

Raciste, Bud Larkin l'est, assurément.
Ajoutez irascible et têteur de boutanche H24 et vous obtenez ce qui se fait de pire en matière de détective à 100 bornes à la ronde.
C'est pourtant vers lui que se tournera une famille noire en plein désarroi, faute de biffetons à allonger à un privé digne de ce nom.
Adela Cobb est femme de ménage.
De celles qui souffrent en silence les réparties majoritairement foireuses de ses patronnes blanches alors que de répondant et d'esprit, elle ne manque point.
Adela et Bud.
Aussi dissemblables que l'eau et le feu.
Mais ne dit-on pas que seules les montagnes ne se rencontrent jamais ?

L'air est vicié en cette année 1963, sise en Alabama.
La chanson qui nous est déclamée est empreinte d'injustice séculaire même si les lignes tendraient à bouger, tout doucement. Merci Bibi.
Le KKK s'épanouit sur le terreau fertile de la haine de l'autre.

Ce récit est celui de l'espoir.
Malgré moult portraits gerbants, idéologiquement gavés au white power, assortis de disparitions en série quelque peu alarmantes, il tendrait à prouver, sur un ton faussement léger, que le contact de l'autre grandit bien plus qu'il n'avilit, nourrissant ainsi l'idée d'une possible évolution des mentalités à un train de sénateur sur les pentes escarpées du Tourmalet, vent de face.

L'enquête est captivante.
L'interaction entre les personnages que tout oppose jubilatoire.
Le tout dépeint avec un sens de la formule certain et un humour salvateur au regard de la gravité du sujet abordé.

Alabama 1963 est à dévorer en se gavant d'Alabama, chantée par Neil Young en 1972, et parfaitement dans l'esprit de l'oeuvre précitée.
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En ce mois d'août 1963, la population noire de Birmingham est en émoi depuis que Dee Dee Rodgers, âgée de 11 ans, a disparu. Des parents démunis depuis des jours, d'autres inquiets pour leurs propres enfants, une police locale qui n'a pas l'air de chercher ni de s'inquiéter, des battues organisées ici et là mais restées vaines. Neuf jours après la disparition de la fillette, le corps d'une enfant noire est retrouvé par deux adolescents dans une clairière. Étonnamment et pour son plus grand soulagement, Ellis Rodgers en est certain : il ne s'agit pas de sa fille. Qui est donc cette petite fille ? Un tueur en série sévirait-il donc dans la ville de Birmingham ? Voyant le peu d'intérêt accordé à l'enquête sur leur fille, les Rodgers font appel à un détective privé, Bud Larkin, renvoyé de la police deux ans auparavant...
Adela est une jeune mère de trois enfants qui se démène pour tenir à flot son foyer, son mari étant décédé et son beau-frère n'en foutant pas une pour l'aider. Elle accumule les heures de ménage chez des particuliers blancs. Suite encore à un différent avec l'une des maîtresses de maison, elle décide de la quitter et s'empresse aussitôt de rechercher des ménages. C'est ainsi qu'elle fait la connaissance de Bud Larkin qui l'engage, non sans une certaine méfiance...

À quelques jours d'intervalle, deux petites filles disparaissent à Birmingham. La police, peu encline, visiblement, à déployer des hommes et des moyens pour démasquer le ou les coupables, Bud Larkin décide de mener sa propre enquête. Et alors qu'Adela, sa femme de ménage, fait irruption dans sa vie, leur rencontre va les bouleverser, aussi bien eux-mêmes que la population apparemment pas encore préparée à voir un noir et une blanche arpenter les rues de la ville. D'autant que tout semble opposer le détective alcoolique, grossier, grognon et raciste et la femme de ménage volontaire, affirmée et au fort caractère. Écrit à quatre mains, ce roman nous offre une peinture réaliste et passionnante de l'Amérique ségrégationniste, les auteurs s'étant fort documentés aussi bien sur les lieux, le temps, les dates que la religion, et une enquête policière captivante. Doté d'une écriture précise et concise, de dialogues savoureux, d'un certain humour et de personnages hauts en couleurs, Alabama 1963 se révèle un roman fort, percutant et émouvant...
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Coup de coeur !
Ce roman est un bijou, une petite pépite....

On est à Birmingham aux USA, en 1963, et le cadavre d'une petite fille noire est retrouvé. il sera suivi d'autres disparitions, le meurtrier ayant trop pris la confiance...
La police (blanche) ne fait pas grand choses, les "négres" peuvent bien s'entretuer, pour ce que ça leur fait...
Mais les parents d'une fille disparue décident d'engager un détective privé, et comme ils n'ont pas beaucoup d'argent, ce ne sera pas le meilleur des détectives privés... Plus souvent bourré que sobre, Bud peine à gérer sa vie, alors enquêter...
Au même moment, Adela Cobb, jeune femme noire, la trentaine et veuve, cherche des heures de ménage, elle en trouvera chez Bud qui habite un taudis. Et de fil en aiguille, pour pénetrer dans la communauté noire, poser des questions, il s'avére qu'Adela est indispensable. Sans elle, aucune porte ne s'ouvre.
On est en 1963, en Alabama, et rien que se tenir à côté d'une noire, quand on est blanc, est considéré comme un affront aux bonnes moeurs. le Ku Klux Klan a des yeux partout...
On est en 1963, le président Kennedy vit ses derniers jours, la religion est omni présente dans la vie d'Adela.
Mais pour l'heure, Bud essaie de mener une enquête, et Adela fera tout pour l'aider.
Deux couleurs opposées, deux façons de vivre opposées, l'un diminué par son alcoolisme, l'autre freinée par sa couleur de peau, mais la même volonté de trouver ce "sale type".
Un roman policier historique, avec un duo improbable d'enquêteurs, sous fond de ségrégation , de religion et malgré le thème , qu'est ce que j'ai pu sourire !
Des petites phrases et des réflexions, pleine de bon sens sur le racisme et la religion qui sont des petites pépites d'humour.

Intelligent, captivant, tendre, drôle, pétillant, rageant, révoltant, jubilatoire, profond , intéressant, une fin surprenante :
ce roman est un petit bijou !

Ne passez pas à côté, c'est un vrai bonheur de lectrice !

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Le corps d'une petite fille assassinée au milieu de la campagne. Si elle avait été blanche, la police serait intervenue.
Mais non, elle est noire, pas de souci.
Bien sûr officiellement, les droits civiques devraient être respectés. Sauf qu'en Alabama, comme au Mississipi et en Géorgie, les lois ségrégationnistes Jim Crow ont pris le pouvoir : on veut bien concéder que l'esclavage soit aboli, mais il ne faut pas exagérer : droit de vote, non, quand même, droits d'égalité, cela voudrait vraiment dire que Blancs et Noirs seraient égaux ! Non, mais ! ou bien  égaux, alors, d'accord, mais séparés, de toute façon, dans les restaurants, les bus, les toilettes… et les écoles.
Et les femmes noires sont les bonnes à tout faire des blanches : elles nettoient leurs latrines, mais n'y ont pas accès. Elles promènent leurs chiens à l'entrée des parcs où elles ne peuvent accéder.
Adela en rit : les chiens peuvent chier là où les Blancs se promènent. Elle regarde le panneau «  White only », « et ne put s'empêcher de sourire en songeant qu'à cause de leurs fichues lois c'est forcément un Blanc qui finirait par marcher dans la merde du chien ».
Dans ce quartier blanc de Birmingham, début août 1963, toute révolte est inutile, et accepter de déroger à la règle, comme par exemple recevoir un cadeau d'une blanche, ou qu'elles prennent un café ensemble, ne peut que conduire à sa perte, Adela en est parfaitement consciente.
Ceci début août, parce que le 28, Martin Luther King lancera son «  I have a dream » qui changera les consciences.
A Montgomery, Rosa Parks avait refusé de céder sa place de bus à un Blanc, il y a huit ans, précédée par d'autres femmes courageuses ; Adela, elle, reçoit les camouflets des Blancs, c'est comme ça. « On en avait pendu pour moins que ça. Elle allait devenir l'un de ces « fruits étranges » que chantait Billie Holiday. »

Entre temps, Bud, détective alcoolique perdu dans l'alcool, sans boulot, reçoit la visite des parents qui recherchent leur fille, et les regarde, hagard. « Comme si aucun Noir n'était jamais entré dans son bureau. Ce qui était le cas, d'ailleurs. »
Renvoyé de la police, il survit de bouteille en bouteille, et ne se rend même pas compte, parce qu'il a vraiment très soif, que son foutoir va être nettoyé par Adela, recrutée par hasard par un de ses ex-collègues.
S'il veut avoir l'air de chercher l'assassin de la petite, il lui faut l'aide d'une Noire, sinon, les portes se ferment, et une chose est sûre, le meurtrier ne peut qu'être Noir. Voleurs, menteurs, et assassins, d'autant qu'au premier meurtre, s'en ajoute d'autres. Il n'invente rien, il sait.
Pourtant, il accepte qu'Adela l'aide, pourtant, elle l'aide, Adela.
En cela aidée par une vieille dame, celle qui voulait lui offrir du café, preuve qu'elle n'avait plus toute sa tête, et qui parle sans queue ni tête… mais cependant, oui, ses mots aident, elle n'est pas si folle.

Le racisme ordinaire, dans sa pauvreté, sa haine et ses idées reçues, énoncées brutalement, et aussi avec humour, distance prise tout en étant dedans, dans l'ordinaire des croyances, pour produire un livre bluffant, unique dans son genre, émouvant et grandiose, bouleversant par ses simples dialogues.
L'ordinaire de la haine, si misérablement facile lorsque l'on se croit du bon côté. le courage, pour Adela, consiste à sortir par la grande porte, et non celle de service, quand elle donne sa démission ; il consiste à entrer dans le parc « White only » devant les yeux médusés de deux pauvres commères blanches, et à se rouler dans l'herbe.
Ne nous réjouissons pas trop vite : l'ombre du Ku Klux Klan qui fait brûler une croix devant la maison où Adela a reçu Bud pèse et continue à peser.
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Alabama 1963
Une petite fille noire disparaît.
La police s'en fout et vire les parents.
On la retrouve violée et tuée.
.
Une deuxième petite fille noire disparaît.
La police s'en fout et vire les parents.
On la retrouve violée et tuée.
.
Une troisième....

Vous avez compris.
Le livre est un polar. Mais l'enquête, menée par un duo improbable (un détective privé blanc viré de la police, sa femme de ménage noire), est surtout un prétexte pour raconter la vie des Noirs à l'époque. Rappeler le mépris dans lequel on les tient. La présence du KKK violente, oppressante. Et les remarques racistes, consternantes....
Et ces petites filles que la police ignore du fait de la couleur de leur peau....

Une bonne piqûre de rappel.... avec l'espoir du "plus jamais ça" !
Bon évidemment vue l'actualité...........
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Une petite fille noire qui disparaît, ce n'est pas le genre d'affaire qui intéresse la police de Birmingham, en 1963. Et tant pis si on la retrouve violée et assassinée. Et tant pis si d'autres fillettes sont enlevées. Et tant pis si elles meurent. Ce sont des histoires de noirs, ils n'ont qu'à régler ça entre eux.
Mais les parents de la première victime ne veulent pas en rester là et ils engagent Bud Larkin pour trouver le meurtrier. Bud : ancien flic, détective privé, alcoolique patenté, bordélique et raciste.
A la faveur d'une blague que lui ont fait deux amis flics, il se retrouve avec une femme de ménage sur le dos ! Une négresse ! Sans doute une voleuse ! Curieuse, aussi, elle qui écoute aux portes quand il reçoit ses clients.
Mais Adela Cobb, veuve, mère de trois enfants, femme de ménage de son état, analphabète, va lui être d'une aide précieuse. Elle lui ouvre les portes de ces familles noires qui se méfient des flics, des détectives, des blancs.
Envers et contre tous, l'improbable duo va enquêter pour retrouver le monstre, tueur de petite fille.

Voilà un roman comme on les aime ! Une enquête policière, certes, mais cela va bien au-delà. C'est l'histoire d'une époque : l'Amérique du début des années 60 avec l'assassinat de Kennedy, les exactions du Ku Klux Klan, le racisme des institutions, la ségrégation raciale. Une époque et un Etat, l'Alabama, où l'on ne s'embarrasse pas de droits civiques. Les noirs continuent à voyager à l'arrière des bus. Ils ont droit aux coups, aux insultes, à la condescendance des blancs. Mais malgré ce contexte délétère, les auteurs usent de l'humour pour faire passer leur dénonciation de cette Amérique raciste.
Le personnage attachant d'Adela n'y est pas pour rien. Une femme courageuse qui endure les brimades de ses patronnes mais n'en pense pas moins. Son association avec un détective blanc est un grand moment. Bud a peut-être été un bon flic et, à coup sûr, il ferait un excellent détective, mais l'alcool ne lui rend pas service. Leurs échanges sont savoureux et le lien qui se crée entre eux, au-delà des préjugés, est très émouvant. Une petite allusion à La couleur des sentiments prouve que le propos est bien de dénoncer les injustices avec légèreté.
Un flic blanc qui se rachète, une domestique noire qui s'émancipe pour une enquête qui sert de prétexte à une radiographie de la société américaine des années 60.
Un roman qui fait passer du rire aux larmes. C'est dur et tendre à la fois, profond et drôle, noir mais optimiste. Un énorme coup de coeur.
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