"Pour survivre, l'amitié doit être entretenue et mise à l'épreuve. Les amours de jeunesse ne rouillent peut-être jamais. Les amitiés de jeunesse, si."
Elle se rappela une adecdote qu'elle avait entendue . Le président de la Zambie , Kenneth Kaunda , avait exigé que la compagnie nationale Zambie Airways fasse l'acquisition du plus gros avion de ligne existant , un boeing 747 . Aucun argument économique ne pouvait motiver cet investissement sur la ligne Lusaka-Londres , dont la fréquentation était bien trop faible . Il s'était bientôt avéré que le but du président Kaunda était d'utiliser cet avion lors de ses nombreux déplacements à l'étranger . Ce n'était pas pour voyager dans le luxe , mais pour pouvoir embarquer avec lui tout ce que le pays comptait d'opposants , de ministres ou de chefs militaires susceptibles de comploter ou de fomenter un coup d'Etat pendant son absence .
Sur la table qui faisait face au canapé rouge sombre , un sachet de soie bleu clair . Il l'ouvrit et en versa le contenu sur une feuille de papier . De la fine poudre de verre . C'était une très vieille méthode pour tuer : mélanger un peu de cette poudre presque invisible dans une assiette de soupe ou une tasse de thé . Celui qui l'ingérait était perdu . Les milliers d'éclats de verre microscopiques lui lacéraient les intestins . Autrefois , on l'avait baptisée " la mort invisible " , car elle survenait subitement et de façon inexpliquée .
La mémoire est comme une vitre. La personne qui a disparu est toujours là, toute proche, mais hors d'atteinte.
Finalement, qui peut trouver le temps de mettre un point final à son histoire avant de se coucher sur son lit de mort ?
- Le calme , dit Ma Li . J'y aspire de plus en plus avec l'âge . Peut-être est-ce un des premiers signes de la vieillesse ? Personne ne souhaite mourir au milieu de bruits de voitures et de radios allumées . Les progrès techniques sont en train de nous priver du silence . Peut-on vivre sans connaître un silence comme celui-ci ?
ça ne sera pas facile.Mais si ntout va bien,nous tournerons le dos à cette période.ça restera notre traversée du désert.
Avez-vous déjà vu un théâtre ou un cirque plein d'enfants? Ils crient de joie. Pas forcément à cause du spectacle mais parce qu'ils se retrouvent avec mille autres enfants dans une salle de théâtre ou sous un chapiteau. Pas de professeurs, pas de parents. Ils sont maîtres du monde. Si on est assez nombreux, on peut se convaincre de n'importe quoi.
Un beau jour, on se rend compte qu'on garde ses vieux amis comme des bibelots dans un placard.
Tout glisse, la mémoire va et vient sans cesse, croît, diminue, perd sa signification, la retrouve.