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Anna Gibson (Traducteur)
EAN : 9782757821626
384 pages
Points (10/02/2011)
3.91/5   4067 notes
Résumé :
A soixante-six ans, Fredrik Welin vit reclus depuis une décennie sur une île de la Baltique avec pour seule compagnie un chat et un chien et pour seules visites celles du facteur de l’archipel. Depuis qu’une tragique erreur a brisé sa carrière de chirurgien, il s’est isolé des hommes. Pour se prouver qu’il est encore en vie, il creuse un trou dans la glace et s’y immerge chaque matin. Au solstice d’hiver, cette routine est interrompue par l’intrusion d’Harriet, la f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (497) Voir plus Ajouter une critique
3,91

sur 4067 notes
Mankell excelle en polars ! Mankell excelle en romans ! Mankell , un auteur XXL ! Une fois de plus , je me suis régalé...

Fredrik Welin , 66 printemps au compteur , vit en véritable ermite sur une ile de la Baltique . Véritable naufragé volontaire , il n'aspire désormais qu'à une seule chose , subsister en total retrait de tout et de tous et ressasser à l'envie cette tragique erreur qu'il commis , il y a de cela 12 ans , alors qu'il exerçait son métier de chirurgien . Son désormais seul et unique patient : Jansson , facteur hypocondriaque qui le gratifie de ses visites aussi régulieres que ses lassants maux illusoires . Flanqué d'un chien , d'un chat et d'une fourmilliere envahissante qu'il a laissé proliferer en plein milieu de son salon , Fredrik nourrit deux passions journalieres , véritables reperes dans ses interminables journées hivernales . Une totale immersion dans l'eau glacée et la rédaction de son journal sont désormais les rituels incontournables de son répétitif et morne quotidien . Il n'attend plus rien ni personne...Jusqu'à la surprise du chef ! C'est d'un oeil plus que circonspect qu'il revoit débouler ( en déambulateur donc piano piano le déboulé...) dans sa vie son premier amour qu'il abandonna il y a pres de 40 ans : Harriet . Rongée par un cancer qu'elle sait incurable , cette derniere n'aspire qu'à une seule chose avant de s'éteindre , découvrir ce lac forestier qu'il lui promit à l'époque ou leur avenir se conjuguait au pluriel . Deux avenirs diametralement opposés vont désormais devoir coexister , se redécouvrir , se supporter pour nous offrir un récit crépusculaire , ciment pourtant fondateur d'une renaissance inattendue...Etonnant non ?

Une envie de poilade ? Un irrésistible besoin de muscler vos zygomatiques ? Alors circulez , y a rien à lire ! Ce récit est le long cheminement de deux etres rongés par le remord et voués à se perdre le coeur lourd de regrets , l'ame meurtrie à jamais . Ce dont je suis sur , c'est que Mankell possede une plume incroyablement évocatrice vous prenant méchamment à la gorge...Solitude , hiver , cancer...Y a de quoi se tirer une balle et pourtant l'histoire est aussi prenante que surprenante ! Un road movie ténébreux de haut vol sous tendu par le plus beau des présents offert de la part d'une sursitaire à un déserteur : la vie ! Les cadavres ( humains ou animaliers ) pullulent . le paysage froid et glacé est à l'unisson . La nature , le corps et les ames sont soumis à rude épreuve ! Cependant , Mankell ne fait jamais dans la surrenchere et c'est fort de servir un récit à la noirceur d'ébene qu'il se fend d'autant de funestes et funebres tranches de vie . Rien à regretter , rien à jeter car chaque macabre découverte y trouve sa légitimité !
L'on suit donc , le coeur serré , une Harriet déclinante portée par la seule et unique volonté d'insuffler le peu de vie qui lui reste en cet amoureux fugitif qu'elle n'a jamais oubliée...De rebondissements en révélations , Mankell construit un récit touchant empreint d'une humanité bouleversante ! L'auteur vous prend dans sa toile et vous laisse étendu pour le compte , ivre de sentiments aussi contradictoires que complémentaires , tristesse et joie étant bien souvent de mise en ce bas monde...

Les Chaussures Italiennes , du sur mesure !!!
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Pour le facteur dont les déplacements hivernaux se font en hydrocoptère, Frednik Welin est le plus beau spécimen de misanthropie de cet archipel suédois.

Retiré depuis douze ans sur son îlot de la Baltique, cet ancien chirurgien sexagénaire partage son quotidien contemplatif avec deux animaux en fin de vie : une chatte et une chienne.
Au coeur de l'hiver, armé d'une hache, il descend chaque matin en peignoir de bain jusqu'au ponton et creuse un trou dans la glace avant de s'immerger nu. Cette séance de mortification lui permet d'oublier, l'espace d'un moment, les deux femmes dont la vie a basculé par sa faute à vingt-cinq ans d'intervalle.
Que ces deux femmes lui en veuillent encore aujourd'hui est hautement probable, c'est son intime conviction. Ses négligences passées ont blessé durablement deux êtres qui lui faisaient confiance et bien des années plus tard Frednik peine toujours à se regarder dans le miroir…

Alors que tout semble figé dans cette immensité blanche, le passé va pourtant rattraper notre ermite : une dame d'un certain âge descend un jour de l'hydrocoptère et derrière son déambulateur avance à petits pas vers la maison de Frednik.

On dit d'un auteur emprunté qu'il est dans ses petits souliers ou qu'on le voit venir avec ses gros sabots ; certains, sans pitié, affirmeront même qu'il est à côté de ses pompes.
Henning Mankell donne au contraire l'impression d'un écrivain à l'aise dans ses baskets et son roman “Les chaussures italiennes”, publié en 2006, est assurément d'une grande pointure bien que le personnage principal, droit dans ses bottes, soit une tête de mule.
Point n'est besoin d'un chausse-pied pour s'y glisser avec bonheur !


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N'est pas ermite qui veut, même pour Fredrik Welin, reclus-volontaire sur son île perso fichée au large des côtes suédoises. Pour notre anti-héros solitaire, l'irruption surréaliste d'une vieille dame en déambulateur au milieu d'un lac de glace va en effet sonner l'heure du dégel et le début des embrouilles.

Vu comme ça, rien de très sanglant, mais la dame en question s'y entend quand même pour bouleverser l'existence de ses contemporains et justifier tranquillement trois-cent soixante-douze pages de péripéties ambiance grand-nord scandinave, forêts givrées et tempêtes sur la Baltique.

Certes, pour le surf et les cocotiers les fans de Magnum à Waikiki Beach pourront toujours repasser (Zeus, Apollon, au pied) mais ce remarquable roman, rugueux comme un aquavit de contrebande, parle aussi et surtout d'amour, de remords, de promesses ou de rédemption avec une intensité tout en retenue et une sobriété presque apaisante.

A la fois âpre et subtil, ce bouquin vous remue les tripes et l'âme. Après ça… vous prendrez bien un bon bain d'eau glacée ?!


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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J'ai emprunté ce roman à deux reprises déjà et à chaque fois, malgré un résumé qui me tentait, j'ai renoncé à le lire…
Cette troisième fois fut la bonne, si on peut dire.
L'écriture est magnifique, simple mais vraie, sans fioritures, pleine de justesse et d'émotions.
Justement, parlons émotions vu que c'est surtout de ça que parle ce roman dans lequel l'action n'est pas prioritaire.

Un homme vieillissant vit sur une île en Suède, il n'a pour seule compagnie que sa chienne et sa chatte, toutes deux en fin de vie.
Il voit régulièrement une sorte de facteur étrange qui vient surtout pour se faire ausculter alors qu'il ne souffre de rien et n'apporte que rarement du courrier.
Mais un jour, au bout de douze ans d'une sorte de réclusion volontaire, une femme débarque sur son île, une femme qu'il a connût il y a bien longtemps…
Et plus rien ne sera désormais pareil dans la vie de cet homme.

Petit avertissement, malgré la beauté de l'histoire, la profondeur des sentiments et la noblesse de certains actes, il faut s'accrocher, car ce roman est déchirant, et franchement, si vous traversez un petit coup de blues vous-mêmes, ça n'arrangera pas votre humeur.
Je suis contente de l'avoir lu pendant quelques jours ensoleillés, allongée sur une chaise longue, à l'ombre d'une cerisier avec le bruit des oiseaux et des grenouilles en fond sonore, car l'histoire est sombre, limite plombante, malgré de petites lueurs d'espoir, comme des éclats de lune dans une nuit noire.
C'était une lecture sublime, mais je suis contente d'avoir attendu le bon moment pour plonger dans cette atmosphère humide, froide et blanche comme les étendues de glace immaculée d'une certaine île, où la vie et la mort sont intrinsèquement liées.
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Ayé, je l'ai lu: "Les chaussures italiennes"! Après avoir longtemps tourné autour dans un pas de deux, proche du tango, je m'y suis plongée et je ne l'ai plus lâché, pour un slow amoureux et langoureux.
Ce roman simple raconte l'histoire d'êtres très complexes!
La curiosité l'emportant, nous nous laissons entraîner par Fredrik Welin, cet homme bourru et solitaire qui ne se comprend pas bien lui même mais que la vie va surprendre au tournant de ses vieux jours.
Le thème développé par Henning Mankell est universel: nous sommes notre propre ennemi bien souvent et nous nous laissons porter par la vie sans bien comprendre ce qui nous arrive comme de modestes fétus de paille...
Et puis un jour, la Surprise, sous la forme d'une rencontre, d'une belle découverte et crac, la glace se brise et les priorités prennent un tout autre chemin!
Une lecture qui ne laisse pas de marbre, vous l'aurez compris!
Alors enfilez ces somptueuses chaussures italiennes faites sur mesure et laissez vous mener par elles sur la trame d'une magnifique histoire!
Andiamo...
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Citations et extraits (632) Voir plus Ajouter une citation
Je me sens toujours plus seul quand il fait froid.

Le froid de l'autre côté de la vitre me rappelle celui qui émane de mon propre corps. Je suis assailli des deux côtés. Mais je lutte, contre le froid et contre la solitude. C'est pourquoi je creuse un trou dans la glace chaque matin. Si quelqu'un, posté sur les eaux gelées avec des jumelles, me voyait faire, il me prendrait pour un fou. Il croirait que je prépare ma mort. Un homme nu dans le froid glacial, une hache à la main, en train de creuser un trou ?!

Au fond je l'espère peut-être, ce quelqu'un, ombre noire dans l'immensité blanche qui me verra un jour et se demandera s'il ne faut pas intervenir avant qu'il soit trop tard. Pour ce qui est de me sauver, en tout cas, c'est inutile. Je n'ai pas de projets de suicide.

Dans un autre temps, juste après la catastrophe, il m'est arrivé, oui, de vouloir en finir. Pourtant, je ne suis jamais passé à l'acte. La lâcheté a toujours été une fidèle compagne de ma vie. Maintenant comme alors, je pense que le seul enjeu, pour un être vivant, est de ne pas lâcher prise. La vie est une branche fragile suspendue au-dessus d'un abîme. Je m'y cramponne tant que j'en ai la force. Puis je tombe, comme les autres, et je ne sais pas ce qui m'attend. Y a-t-il quelqu'un en bas pour me recevoir ? Ou n'est-ce qu'une froide et dure nuit qui se précipite à ma rencontre ?

La glace se maintient.

L'hiver est rude, en cette année des débuts du nouveau millénaire. Quand je me suis réveillé ce matin, dans l'obscurité de décembre, j'ai cru entendre la glace chanter. Je ne sais pas d'où me vient cette idée que la glace chante. Peut-être de mon grand-père, qui est né sur cette île ; peut-être est-ce quelque chose qu'il me racontait quand j'étais petit.

Le bruit qui m'a réveillé ne venait pas de la chatte, ni de la chienne. J'ai deux animaux qui dorment plus profondément que moi. Ma chatte est vieille et pleine de courbatures ; ma chienne est sourde de l'oreille droite et elle entend mal de l'oreille gauche. Je peux passer à côté d'elle sans qu'elle s'en aperçoive.

Mais ce bruit ?

J'ai écouté dans le noir. Vu la provenance du son, ce devait être la glace qui bougeait, malgré tout – bien qu'ici, au fond de la baie, elle ait une épaisseur d'au moins dix centimètres. Un jour de la semaine dernière où j'étais plus inquiet que d'habitude, je suis parti à pied vers l'endroit où la glace rencontre la mer. J'ai vu alors que la glace s'étendait sur plus d'un kilomètre au-delà des derniers îlots. Ici, au fond de la baie, elle ne devrait donc pas être en mesure de bouger. Pourtant, ce matin, elle bougeait. Elle se soulevait, s'abaissait, craquait et chantait.

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J’avais trahi parce que j’avais peur d’être trahi à mon tour. Cette peur du lien, cette peur de sentiments trop intenses pour pouvoir être contrôlés, m’avait toujours poussé à réagir d’une seule façon : l’esquive, la fuite. Pourquoi ? Je n’aurais pas su répondre à cette question. Mais je savais que je n’étais pas le seul. Je vivais dans un monde où beaucoup d’hommes passaient leur vie à avoir peur de la même façon que moi.
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Des promesses, a-elle dit on en reçoit tant. On s’en fait à soi-même. Les autres nous en font. On a des politiciens qui parlent d’une vie meilleure pour les vieux, d’un hôpital où personne n’aura plus d’escarres; on a les banquiers qui promettent des intérêts plus élevés, les produits qui promettent qu’on va perdre du poids, les crèmes qui nous promettent une vieillesse avec moins de rides. Vivre, au fait ce n’est jamais qu’avancer dans son petit bateau au milieu d’un flot de promesses variées à l’infini. Quelles sont celles dont on se souvient ? On oublie celles que l’on voudrait se rappeler et on se souvient de celles qu’on préférerait oublier pour toujours. Les promesses trahies sont comme les ombres qui dansent autour de toi au crépuscule. Plus je vieillis, mieux je les vois. La plus belle promesse de ma vie, c’est celle que tu m’as faite quand tu m’as dit que tu m’emmènerais jusqu'à ce lac dans la forêt. Alors je veux le voir de mes yeux et rêver que je m’y baigne avant qu’il ne soit pas trop tard.
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J'ai porté la chienne jusqu'à la maison. Elle était plus lourde que je ne l'aurais imaginé. Les morts sont toujours lourds. Puis je suis allé chercher une pioche et j'ai réussi à creuser, après beaucoup d'efforts, un trou suffisamment grand sous le pommier. La chatte me regardait faire du haut du perron. Le corps de la chienne était raide quand je l'ai enfoui avant de combler le trou.
J'ai rangé la pioche et la pelle contre le mur de la maison. La brume du matin était de retour sauf que, maintenant, elle venait de moi; c'étaient mes yeux qui s'embuaient. Je pleurais ma chienne.
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Les tensions n'ont jamais été aussi fortes dans ce pays. Curieusement, personne n'a l'air de s'en apercevoir, du moins parmi ceux qui sont pourtant payés pour sentir tourner le vent. Il y a un mur invisible qui traverse cette société. Il ne cesse de grandir, il sépare les gens, il creuse les distances alors que superficiellement on peut avoir l'impression du contraire. Prends le métro à Stockholm et va jusqu'au bout de la ligne. Va faire un tour en banlieue. En kilomètres, ce n'est pas loin, mais la distance est énorme. Dire que c'est un autre monde est absurde. C'est le même monde. Mais chaque station qui t'éloigne du centre est un mur supplémentaire. A la fin, tu te retrouves à la vraie périphérie, et là tu peux choisir de voir la vérité ou non.
Quelle vérité ?
Que ce que tu prends pour la plus lointaine périphérie est en réalité le centre à partir duquel la Suède est en train d'être recréée. L'axe tourne lentement, dedans et dehors, proche et lointain, centre et marge changent progressivement de place...
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Vidéo de Henning Mankell
https://www.laprocure.com/product/1407882/nesbo-jo-une-enquete-de-l-inspecteur-harry-hole-eclipse-totale
Jo Nesbø Éclipse totale, une enquête de l'inspecteur Harry Hole Éditions Gallimard
« Voici le grand retour de Harry Hole, l'inspecteur préféré de Jo Nesbø qui est, comme on le dit toujours, le digne héritier de Henning Mankell. Voilà ça fait treize ans que ce héros existe qui lutte contre les psychopathes et autres, il est assez spécialisé dans le genre. Ici, on le retrouve un peu comme d'habitude au bout du rouleau, au fond du trou, plus alcoolique que jamais. Il va faire la connaissance d'une actrice qui a un gros gros besoin d'argent, qui est poursuivie, qui est menacée de mort et il va quelque part se rendre lui aussi victime de cette mafia... » ©Marie-Joseph Biziou, libraire à La Procure de Paris.
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