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sur 316 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tonio Kröger (1903) commence comme un roman d'apprentissage à forte base autobiographique. Les deux premiers chapitres sont remarquables, et pas très éloignés de certaines pages de Romain Rolland : une amitié masculine adolescente puis le premier amour. Les sentiments de Tonio adolescent sont finement analysés, il ne se sent pas comme les autres, il écrit des vers, ne fait pas d'équitation. Ce sentiment de différence, d'écart avec le milieu d'où il est issue et dans lequel il évolue, devient le thème central du roman, culminant au quatrième chapitre en un long quasi monologue. Tonio se désole de l'inaptitude de l'artiste à vivre et de l'incapacité de ceux qui savent vivre à produire une oeuvre artistique valable. Il tient ce discours devant l'artiste Lisaveta Ivanovna qui finit par le qualifier de « bourgeois fourvoyé » Puis Tonio entreprend un voyage au Danemark après une brève étape dans sa ville natale. Il y a de très beaux passages, mais l'ensemble du roman m'a semblé assez inégal.
Dans cette édition ce court roman est suivi de 4 nouvelles un peu décevantes et très inégales.
Le Petit Monsieur Friedemann (1898) aborde une autre façon d'être différent, car Monsieur Friedemann est handicapé, bossu, suite à un accident dans la petite enfance. C'est une nouvelle très intéressante, encore une histoire d'amour impossible à la chute prévisible, mais cruelle.
Heure difficile (1905) encore un long monologue, cette fois d'un personnage plus âgé, sur la création artistique.
L'Enfant prodige (1903) porte aussi sur la création artistique, sur le talent, et sur l'isolement de l'artiste dans la société, mais cette fois cela est vu au travers de plusieurs regards, avec des points de vue variés. C'est la nouvelle que j'ai trouvé la plus aboutie.
Un petit bonheur (1904) ne m'a pas convaincu. C'est le récit que j'ai le moins aimé de ce recueil.
Ce sont des textes très travaillés mais dont l'intérêt sociologique est presque plus grand que l'intérêt littéraire. On y trouve en effet toute une galerie de portraits, reflets de la bonne société de l'Allemagne wilhelminienne.
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Une fascinante galerie de mâles blancs, riches et égocentriques. Ils vivent sans travailler, ont de l'érudition, fréquentent le beau monde et les sorties culturelles.
Mais dans ces nouvelles, les héros ont tous un petit quelque chose qui les sépare du commun des mortels : Tonio Kröger a une mère, un physique et un prénom méditerranéens, le petit monsieur Friedemann est bossu, le héros d'une Heure difficile est catarrheux. Ce qui les amène, bien entendu, à entretenir des sentiments et des pensées étrangères à celles de leurs contemporains... d'après Mann.
Les deux dernières nouvelles sont plus intéressantes, L'enfant prodige car il est vu au travers de plusieurs regards, Un petit bonheur car c'est la sororité qui gagne...
Bien sûr, tout cela est très bien écrit, chaque mot soupesé, chaque phrase ciselée. Mais avec un siècle de recul, cela tient davantage du document anthropologique que de la littérature : les préjugés et les clichés qui ont cours dans la bonne société allemande en 1923, concernant la naissance, la couleur de peau, le sexe... à défaut de trouver écho chez la lectrice de 2022, nous renseignent assez efficacement sur l'état d'esprit de cette "bonne société" qui a laissé s'installer le nazisme une décennie plus tard.
Traduction sans reproche de Geneviève Maury.
Challenge Globe-Trotter (Allemagne)
Challenge Nobel
LC thématique de juillet 2022 : "Les prénoms, saison 2"
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Récit d'une angoisse existentielle, d'un homme marqué par ses origines familiales et en quête de reconnaissance identitaire dans une profonde ambivalence. Tonio Kröger cherche une reconnaissance sociale tout en voulant échapper à la vulgarité du monde pour vivre en artiste incompris, il cherche l'amitié et l'amour tout en évitant d'exposer ses sentiments, il mène une existence bourgeoise tout en se rêvant bohème.
Ce conflit intérieur permanent “Je suis pris entre deux mondes, n'appartiens à aucun, et c'est pourquoi les choses sont si difficiles pour moi", sa grande profondeur et son romantisme désuet rendent ce personnage en décalage avec son temps, à la fois touchant et présomptueux.
Le classicisme de ce roman n'est peut-être pas du goût de l'époque contemporaine mais l'écriture est magistrale et les difficultés de Tonio Kroger à affronter le monde et ses interrogations sont bien intemporelles "s'il fit fausse route, c'est que pour certains êtres il n'existe pas de véritable chemin".

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Ma première lecture de Thomas Mann fut Mort à Venise. Elle ne fut pas bonne et mon billet a été des plus fades (les adeptes de Mann m'auront, j'espère, pardonné).

Ne voulant pas rester sur un échec, j'ai attaqué Tonio Kröger. Ce fut une réconciliation. Peut-être parce que le roman est court, mais Mort à Venise n'était pas non plus très long. Je pense que j'ai mieux apprécié parce que j'ai trouvé que Thomas Mann avait partagé plus simplement ses idées et ses sentiments.

Je ne reviendrai pas sur le résumé de Tonio Kröger, d'autres l'ont très bien fait avant moi. Non, je rappellerai ma satisfaction, pour les motifs que j'ai exposés au-dessus, et je conseille de découvrir Mann par ce roman.

Comme quoi, il ne faut jamais rester sur une mauvaise impression sur un auteur.
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Tout T. Mann est déjà présent dans ces nouvelles, en condensé.
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Au IVème chapitre un long monologue développe le thème : antagonisme de l'art et de la vie, de l'artiste et du bourgeois. Tonio Kröger, voici un récit empreint de mélancolie mais aussi d'une touche autobiographique.

On peut penser aussi au hiatus entre l'idéal esthétique (ou une certaine forme d'exigence) et la pulsion érotique.

J'ai bien aimé le parallèle entre le héros et ses deux amours platoniques de l'adolescence et j'ai goûté les brefs épisodes satiriques, ils apportent une certaines distanciation ou légèreté.

Nota pour les germanophones : cela existe en livre sonore lu par l'auteur.
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Tonio Kröger, depuis son enfance jusqu'à son expérience adulte d'écrivain-poète plus ou mois reconnu, ne cesse d'être écartelé entre l'art et la vie, la sensibilité et l'action, la bourgeoisie et l'insouciance, la mélancolie et la joie.
Thomas Mann décrit les émois, réflexions et interrogations de ce jeune homme maladroit, incertain, voué à la solitude. le monde lui reste définitivement étranger, observant dans l'ombre des êtres incompréhensibles mais captivants, alternativement fasciné et méprisant.

Malgré cette cruelle distance, il n'en demeure pas moins observateur hors pair des femmes et des hommes, dans leur futilité comme dans leur passion, de sa ville austère d'Allemagne du Nord, de la mer déchaînée, de la sauvagerie des paysages danois. Et c'est avec une compassion admirative qu'on partage les interrogations aussi douloureuses qu'intransigeantes de cet éternel adolescent .

Quelques passages un peu lourds n'empêchent pas une réelle poésie à ce cours récit, partiellement autobiographique, d'un romantisme assumé.
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Récit plus ou moins autobiographique, évolution spirituelle, longue introspection d'un jeune homme tourmenté qui essaie d'allier amour de la vie terrestre, joies, insouciance et activité créatrice. Pour lui les deux s'excluent tant il ressent un conflit entre vie terrestre et vie intérieure nécessaire à toute création. Pour lui, un artiste est "en dehors de l'humanité, un peu inhumain". Il envie les êtres insouciants comme ses amis Hans et Inge pour qui tout paraît simple. Il tente d'allier les deux au cours de différents voyages.
Un personnage touchant par ses doutes incessants et agaçant par sa suffisance.
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Cette couverture pour le roman de Thomas Mann, publié en 1903, est très bien choisie : on est, à la lecture, en compagnie d'un véritable héros romantique.
Enfant, Tonio est attiré par Hans Hansen. Il éprouve pour lui des sentiments forts, une sorte de possessivité amoureuse. Mais Tonio est un garçon à part : il écrit des poèmes, il ne fait pas de l'équitation, comme Hans ou les autres garçons. Il lit, il écrit.
Lien : http://edencash.forumactif.o..
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