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Citations sur Louis le Galoup, Tome 5 : Le coeur de Tolosa (30)

-Tu leur as raconté toute l'histoire ?
-Tu n'étais pas là et la nuit était vide... Alors je l'ai remplie.
-Et de quoi t'as-tu remplie ?
-Je l'ai remplie d'amitié. Je l'ai remplie de galoups. Je l'ai remplie d'aventure. Je l'ai remplie d'un peu de peur, juste ce qu'il faut. Je l'ai remplie d'amour... Mais avant tout...
-Avant tout ?
-Je l'ai remplie de toi.
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-Voici le seul dieu dont je désire le pardon.
-Ce pardon, tu n'en as nul besoin, Jehan, car tu l'as toujours eu. J'aurais pu te guérir de ton mal voici bien longtemps. Mais il fallait pour cela que tu me reviennes de ton plein gré.
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Margot ! Je veux qu'on me rende Margot, je veux la voir me sourire, me prendre dans ses bras. Je veux sentir son souffle contre mon cou, sa vie contre la mienne, son coeur battre sous son sein, contre ma peau
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-Ne faites pas cette tête compassée, Lebreton... Vous aviez raison, chevalier, vous et ce damné curé aussi. Mieux vaut mourir aujourd'hui que vivre tête courbée. J'ai toujours eu la nuque raide de toute manière. J'ai deux filles, belles et jolies comme le printemps, pleines de vie et de tempérament, elles parlent et rient avec l'accent de leur mère, celui de Tolosa. Aujourd'hui, c'est pour elles que j'ai combattu, et je ne le regrette pas. Promettez-moi, chevalier, promettez-moi que vous ne laisserez pas ce sorcier de Marsac l'emporter. Promettez-moi que vous ne laisserez pas Occitània et mes filles tomber entre ses mains... Promettez...
-Je vous le promets, Messire.
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C'était...
Le fiel brûlant de toute une existence gâchée, de tous ces rêves d'enfants épris d'amour et d'absolu, faits de toujours et de jamais, que les adultes assassinent, à coups de compromis et de raison.
C'était là la cendre amère de ces regards échangés, de ces caresses qu'on n'ose à peine, entre deux coups de gueule, quand on ne sait pas encore dire ses sentiments, et que le corps et le coeur de l'autre vous font peur.
C'étaient toutes ces promesses et ces mots, ces baisers que jamais Margot ne connaîtrait. Tous ces moments en devenir pour lesquels Louis avait lutté, cette étreinte, ce désir de n'être plus qu'un là où ils étaient deux, qui leur étaient refusés à jamais.
Cette solitude enfin, qui tenaille chaque enfant dès l'instant où il quitte le ventre de sa mère, cette solitude immense, intolérable, que ne vient combler qu'un seul être au monde.
Cet être qu'il avait si longtemps cherché, il gisait là, devant lui, petit rêve rouquin et brisé... Son paradis à lui... Son espérance.
Hors de son atteinte, hors de son pouvoir.
Il pouvait détruire des empires, Louis, ravager des armées entières... Il pouvait dévorer Occitània, faire ripaille du Vicomte et de tous ses sbires, que ça ne changerait rien... Tout à la guerre, à la sauvagerie, il ne savait pas guérir... Il pouvait bien consommer toutes les vies de la terre qu'il ne la redonnerait pas à ce petit corps que la mort lui ravissait déjà.
Ce pouvoir, il ne l'avait pas... Les hommes, fussent-ils galoups, ne savent que chasser ou tuer...
Alors il hurlait, hurlait à en ouvrir la terre, et tout Tolosa hurlait avec lui.
Sa peine, sa douleur, se répandaient dans chaque poitrine, chaque coeur. Tous ceux qui se trouvaient dans la salle sentirent cette boue noire, assourdissante, affreuse, insupportable, se glisser en chacun d'eux, bon gré, mal gré... Et en chacun d'eux elle trouva l'enfant qu'on y avait enfermé, sous les convenances et les manières, les mensonges et la maturité... Et cet enfant pleura avec lui.
Après un interminable moment où tous se recroquevillèrent sur leurs propres rêves brisés, sur leur innocence meurtrie, le cri du Magneloup mourut enfin, expirant en sanglots rocailleux.
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-Ce que Dieu a uni, Dieu seul peut le désunir ! Ignorez-vous cela, Vicomte de Marsac ?
Alors même qu'il lançait ces mots, son regard se braqua sur Dame Stéphanie, se fixa au sien.
Ce qui passa entre ces quatre pupilles trop longtemps séparées, on serait bien en mal de le dire. Toute une vie de remords, de regrets, de manque, d'errance au sein des ténèbres, s'y consuma en un instant.
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-Jehan !
Ce filet de voix, c'était un ravissement de l'entendre. Dans ces deux syllabes, toute une vie d'attente et de solitude prenait fin.
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Vous avez peur de mourir, Occitans ! Je le lis dans vos yeux. Je le vois dans vos gestes. Vous pensez à vos femmes, vous pensez à vos enfants, vous pensez à vos parents qui vous attendent... A votre foyer... Voulez-vous savoir, Occitans ? Je n'ai pas d'enfant, mais j'ai une femme que j'aime comme fleur aime le soleil. Aujourd'hui, ici, je pense à elle, à l'odeur de ses cheveux, à la douceur de sa peau, à la tendresse de ce sourire qu'elle ne réserve qu'à moi... Vous regardez cette armée, ces monstres-là, et vous vous demandez si vous reverrez un jour les vôtres, si vous sentirez à nouveau contre vous le corps de celle que vous aimez, les bras de vos enfants autour de votre cou... Occitans ! À cela, je n'ai pas de réponse... Pour ce qui est de mourir, je vous l'affirme, vous mourrez ! Oui, vous mourrez ! Vous mourrez demain... Ou dans six mois, dans dix ans, qui sait ? Vous mourrez écrasés par la roue d'un attelage, ou en tombant d'une échelle, d'un pommier, à force de trop manger, de faim, de trop rire, d'une mauvaise peste ou que sais-je encore? Cette ombre-là n'est rien, comparée à celle qu'étendra le Vicomte sur Occitània... C'est la nuit qui vient, la longue nuit, la nuit de l'espoir. Entre elle et les nôtres, il n'y a que nous, maintenant, en ce lieu, à cette heure ! Je ne sais pas où vous serez quand la Faucheuse vous prendra, dans votre lit, aux champs, une choppe à la main ou une lâme entre les côtes, mais je peux vous dire une chose... A l'heure des comptes, quand il sera temps de rendre le dernier soupir, je veux pouvoir me retourner et dire : cette vie qui disparaît n'a pas été vaine. Aujourd'hui, Occitans, aujourd'hui, nous mourrons peut-être tous... Mais ces vies que nous brûlerons ici, les vôtres, la mienne, ces vies-là ne finiront pas inutilement... Aujourd'hui, nous pouvons donner un sens à notre mort, et, espérons-le, à notre vie. Aujourd'hui, ce que nous perdrons, nous l'offrirons aux nôtres et aux générations futures. Je ne veux pas mourir Occitans. Je veux baiser à nouveau les lèvres de ma femme et l'entendre rire contre mon épaule. Je veux voir l'aube se lever avec elle sur Tolosa... Mais s'il le faut, au moment de choisir, je refuse de voir s'éteindre dans ses yeux le reflet du soleil. Je refuse de l'abandonner à cette nuit-là. Aujourd'hui, Occitans, je choisis de me battre. Je suis François Lebreton, fidèle sujet du Roy Guilhem III d'Occitània, chevalier faydit de mon seigneur de Curemonte. Aujourd'hui, je vais me battre pour vous et les vôtres... Et je vais me battre pour ma femme. Aujourd'hui, je forgerai de mon épée l'avenir de ce pays... Occitans, me suivrez-vous ?
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-Je dis que je m'oppose à cette union, car elle est contraire à toutes les lois de ce pays et à celle de tous les coeurs libres d'Occitània ! Je dis que vous forcez cette Dame à accepter ce mariage contre sa volonté, comme vous forcez cette terre à accepter votre règne de terreur et d'injustice ! Vous violez nos coeurs, maltraitez nos corps et souillez nos âmes depuis trop longtemps. J'étouffe de vous voir faire, de sentir, partout, votre marque immonde. Si ce pays a encore un peu de fierté, il est temps qu'il se soulève, il est temps qu'il se rebelle. Vous pouvez bien payer ou menacer ce gros évêque, me promettre mille morts ou me marier à votre serpent, là, derrière, et me faire mauvais oeil, je ne me taierai pas. Je ne suis personne. Je n'ai pas de titre ni de richesse, mais dans mon village, là-haut, dans les montagnes, j'ai appris à reconnaître le bien et le mal...
[...]
Elle était belle, la damoiselle, petite fée vêtue de vert, dans sa fraîche innocence, et son courage suicidaire. Elle rallumait dans les regards un feu oublié, tirait du fond des poitrines des sentiments trop longtemps enfouis.
Les yeux, de terrifiés, se faisaient admiratifs, de voir ainsi ce bouton de femme se dresser contre ce légat de l'enfer.
Elle exprimait tout haut ce qu'un peuple murmurait tout bas.
-Si vous laissez ce démon épouser cette Dame, c'est Occitània tout entière que vous mariez aux ténèbres ! Si vous laissez cette union se réaliser, c'est vous tous qui renoncez à vos âmes et votre liberté ! Si la nuit peut étouffer le jour, alors nous avons tous perdu. Si le sort de Dame Stéphanie vous est indifférent, alors c'est que le mal a déjà gagné, pour toute l'éternité. Si c'est le cas... Alors Occitània, je pleure pour toi.
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Louis, change-toi ! Fais-toi griffes, fais-toi crocs et poils et viens avec moi. Aujourd'hui, le sang des Castelroc chantera et écrira l'histoire de ce pays. Aujourd'hui, le courroux des enfants de Thibaut embrasera cette ville et le royaume... Aujourd'hui, les galoups retrouveront honneur et laveront cette terre de souillure ! Aujourd'hui, soyons le feu de la colère d'Occitània !
-Guidez-nous, Messire Malemort. Nous vous suivrons. Guidez-nous et Occitània vous pardonnera vos crimes...
-Pour ce qui est du pardon, nous verrons plus tard, mais il est une chose que je vous demande humblement, Majesté...
-Et c'est...
-De ne plus m'appeler Malemort. Ce nom, je l'ai laissé à la Roque Saint-Christophe, près du corps de mon frère.
-Comment devrais-je donc vous appeler en ce cas ?
-Jehan de Castelroc.
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