J'ai adoré ce pavé de près de 900 pages à l'intrigue originale : la découverte d'un trésor gaulois qui met en péril les fondements de la société d'ordres d'Ancien Régime et la monarchie, en 1777, à Lyon.
La plus grande qualité de ce roman est sa capacité à recréer tout un monde. Les personnages sont très nombreux, et tous caractérisés et mis en scène avec un tel foisonnement de détails qu'on s'attend presque à les croiser dans la rue le lendemain : l'avocat Antoine Fabert, le tisserand Marc de Ponsaimpierre, le libraire Aimé de la Roche, son neveu Camille Delauney et sa fiancée
Anne Piron, l'historien Antelme de Jussieu… Tous sont rendus de manière très réaliste.
Le contexte historique et la vie quotidienne à la fin du XVIIIe siècle sont également rendus avec minutie, là encore à travers de nombreux détails et scènes annexes. En effet, une scène est souvent introduite par un personnage ou un événement sans importance, mais qui contribue au réalisme du récit. Ce dernier point est une qualité, mais aussi parfois un défaut, car cela rallonge beaucoup le roman, et m'a personnellement lassée au bout d'un certain nombre de fois.
J'ai aussi aimé l'idée de créer une véritable épopée, avec des menaces, des courses-poursuites et autres codes du roman d'aventure, alors que l'intrigue est « intellectuelle » si j'ose dire.
Eric Marchal nous donne à lire de nombreux échanges passionnés, notamment entre Antoine et Antelme, au sujet des textes gaulois, de leur traduction, de leur Histoire, de leurs implications philosophiques et politiques…
C'est donc une lecture que je ne peux que conseiller, même s'il faut avoir conscience que l'on s'engage dans plusieurs semaines au milieu de tout un univers !