AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Beanworld tome 4 sur 1
EAN : 9781506702186
152 pages
Dark Horse (18/07/2017)
3/5   1 notes
Résumé :
The most peculiar comic book experience returns in an all-new volume--Beanworld Volume 4: Hoka Hoka Burb'l Burb'l! The Boom'r Band coaxes a new healing power out of Chow, leading to a visit from Dreamishness's relatives--the Windy Songsterinos--who bring their gift of rain. The storm causes great changes to Mr. Spook, Beanish and the Pod'l'pool Cuties. Marder's deceptively simple artwork illustrates a self-contained ecological fantasy realm with its own unique rules... >Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Remember here when you are there! (2011) qu'il vaut mieux avoir lu avant pour être en phase avec le ton de la narration. Il s'agit d'un tome paru en 2017, sans prépublication. Il est écrit, dessiné et encré par Larry Marder, le créateur des personnages et de la série. le tome commence avec une introduction d'une page écrite par Jennifer L. Hom prévenant le lecteur de l'écriture idiosyncrasique de Larry Marder, et c'est un sacré euphémisme. La page suivante constitue un trombinoscope d'une dizaine de personnages, absolument indispensable si le lecteur n'a jamais ouvert un tome de la série. La page suivante comprend une carte du monde de Beanworld, lecture également indispensable pour tout lecteur aventureux. Suivent 2 pages de bandes dessinées qui répondent à la question : qu'est-ce que le Beanworld ? Là encore, ces 2 pages permettent de se faire une idée des règles de cette série atypique.

C'est le matin sur Beanworld, ce qui veut dire que monsieur Spook (avec son trident et un Sprout-Butt fiché dessus) suivi par l'armée Chow Sol'jer se lance par-dessus le bord du monde pour aller récolter du chow au milieu de la horde annulaire des Hoi-Polloi. Pendant ce temps-là, sur le bord du monde, les 3 musiciens du Boom'r Band (composé de 2 guitaristes et d'un joueur de maracas) jouent de la musique. Les 5 cuties sur leur petit triangle volant absorbent la musique pour régénérer leur énergie. Beanish informe le professeur Garbanzo qu'il va à la recherche de morceaux des quatre réalités. Les cinq cuties se rendent à proximité de la maison du professeur Garbanzo et y retrouvent, à son sommet, Heyoka, le haricot à l'envers. Les 5 cuties et Heyoka décident qu'ils doivent se rendre dans le monde du chow pour rejoindre monsieur Spook et son groupe de soldats.

Dans le monde du chow, monsieur Spook et ses soldats observent les cercles formés par les Hoï-Polloï. Ils guettent une ouverture pour pouvoir aller récupérer la denrée nourricière. Beanish traverse chacune des 4 réalités et récupère 2 anneaux dans le monde des Cerceaux. Après être sorti de la zone d'Os, il se rend à la plage sablonneuse proverbiale où il croise les 5 cuties. Il va déposer les anneaux à la porte de la maison du professeur Garbanzo. Puis il saute dans un anneau de facteurs flottants ce qui lui permet de s'élever vers l'astre appelé Dreamishness, sa dulcinée. Il matérialise autour de lui des notes de musique en forme de coeur, et les envoie autour de Dreamishness, une par une. Pus il saute nuage en nuage pour essayer de la rejoindre, mais l'avant dernier disparaît alors qu'il allait se poser dessus. Il retombe sur Terre.

Il est fortement déconseillé au lecteur de tenter cette lecture au hasard. La couverture donne une bonne idée de ce qu'il va trouver à l'intérieur, à la fois d'un point de vue graphique, mais aussi du point de vue narratif. Effectivement il va se trouver confronté à des petits personnages aux formes simples, en train de réaliser des actions qui semblent intelligibles (jouer de la musique, sauter en l'air), mais qui ne constituent pas une narration traditionnelle. de ce point de vue l'auteure de l'introduction a entièrement raison d'attirer l'attention sur la forte personnalité à nulle autre pareille de la narration. le tome se termine avec une postface de 2 pages en texte, écrite par Larry Marder. Parmi les personnes qu'il remercie, il y a son responsable éditorial dont il a apprécié les remarques qui l'ont poussé à rendre plus clair certaines séquences. Il y a enfin 1 page évoquant la biographie très succincte de Larry Marder, et sa ligne directrice en matière artistique. Il cite même la phrase de Marcel Duchamp (1887-1968) qui constitue son credo : Ce sont les regardeurs qui font les tableaux. le lecteur comprend donc que la forme même de la narration choisie par Larry Marder est l'aboutissement d'une réflexion et choix esthétiques effectués sciemment.

Le lecteur comprend bien qu'il doit participer à la narration, sinon il ne fera que regarder une suite de vignettes abstraites, agrémentées de phylactères sans queue ni tête. Effectivement d'un point de vue graphique, Larry Marder réalise des visuels minimalistes très régulièrement. Pour commencer ses personnages ont des formes de haricots simplifiés, avec es bras et des jambes en fil de fer. Les doigts sont dessinés sous la forme de courts traits courbes, sans aucun détail que ce soit pour les articulations ou pour les phalanges. Il en va de même avec les pieds qui sont des gros pâtés noirs un peu arrondis. Ils présentent quand même des caractéristiques comme les perruques allongées en hauteur pour les 3 musiciens (le lecteur a même le droit à une séquence montrant comment ils les ont acquises), avec un trait blanc au milieu évoquant de loin la coiffure de la fiancée de Frankenstein, mais finalement sans aucun rapport dans le récit. Les 5 cuties ont un corps tout rond et pas de jambes visibles. Ainsi pour chaque type de personnage, Larry Marder conçoit une apparence différente, tout en conservant des éléments constitutifs simplistes. Heyoka dispose de 4 bras et 6 jambes. le professeur Garbanzo dispose d'un couvre-chef de grande taille avec des triangles et des ronds dessus. Dreamishness est une sorte de soleil avec un visage et une coiffure à base de 9 longues pointes noires. Monsieur Spook a un corps plus massif et Beanish dispose lui aussi d'une coiffure avec des pointes. Les visages des personnages sont représentés de manière simpliste également, avec des gros points pour les yeux. du coup leur gamme d'émotion est assez réduite.

Les décors sont aussi représentés sur la base de formes géométriques basiques. Étonnamment, cela n'empêche pas Larry Marder de dessiner quelques décors complexes comme l'intérieur de la maison du professeur Garbanzo montrée en coupe transversale à plusieurs reprises. Les dessins sont souvent réalisés en 2 dimensions, avec tous les personnages présents sur un même plan, sans aucun effet de perspective. La simplicité des formes représentées n'est pas synonyme de simplisme ou de répétitivité. À plusieurs reprises, Larry Marder passe à une narration dépourvue de mots pour une ou plusieurs pages consécutives, parfois même avec une ou deux cases photocopiées et répétées. À d'autres moments, l'artiste s'amuse à utiliser un cadrage rapproché qui aboutit à une case totalement abstraite composées de formes géométriques accolées les unes autres. Il appartient alors au lecteur de faire le lien avec la case précédente ou suivante pour repérer quelle partie est ainsi cadrée au point d'en devenir abstraite lorsqu'elle est sortie de son contexte.

Lors des séquences muettes, le lecteur se rend compte que Larry Marder passe à un stade conceptuel où seul le regard du lecteur apporte du sens aux tâches noires dessinant des motifs dans les cases. Par exemple de la page 117 à 120, 3 personnages passent dans un plan d'existence astral et fusionne ensemble pour former un motif géométrique en forme de cercle. le lecteur sent bien que l'artiste accole des cases montrant une évolution dans cette forme abstraite, mais sans donner de sens à cet amalgame, laissant le lecteur tout seul, pour projeter ce qu'il veut dans ce qui est montré. Larry Marder épate par son inventivité et sa capacité à jouer avec les niveaux de représentation, de concret à abstrait, ainsi qu'avec les mouvements des personnages laissant le lecteur y projeter ce qu'il souhaite, laissant un degré d'interprétation le plus large possible.

À l'évidence une telle forme de narration exige que le lecteur participe et apporte du sens aux cases qu'il voit. En fonction de son état d'esprit, la réaction du lecteur s'avère très différente. S'il attend une intrigue claire et une narration qui expose chaque événement ou situation, le lecteur abandonne ce tome au bout de quelques pages, agacé par une suite de cases semblant raconter quelque chose, mais finalement inintelligibles faute d'assez d'éléments. Pour pouvoir apprécier cette bande dessinée, le lecteur doit accepter à la fois de se laisser porter par ce qu'il voit, et à la fois d'effectuer des associations d'idées volontaires et conscientes pour rétablir tout ce qui est sous-entendu. Sous réserve de se livrer à cet exercice, il peut alors repérer un fil directeur assez ténu reposant sur des motivations comme chercher de la nourriture, s'étonner des événements qui sortent de l'ordinaire, accepter de voir les choses comme elles sont et s'interroger sur ce qui se passe. Son ressenti oscille alors entre des séquences tellement basiques qu'elles n'offrent aucun intérêt à évoquer des évidences, et des moments plus poétiques qui reposent sur la mise à nu d'une facette de la condition humaine, ou sur un rapprochement de 2 éléments qu'il n'aurait jamais pensé rapprocher ou associer.

Ce tome plonge le lecteur dans un monde aux formes simples, avec des personnages enfantins, aux comportements souvent simplistes. Mais cette approche narrative génère des étonnements, d'une part de nature graphique devant une composition abstraite et pourtant participant à la narration, d'autre part du domaine des sensations lorsque l'association des dessins et des remarques candides génère des rapprochements révélateurs. 3 étoiles pour une expérience de lecture unique mais des plus déroutantes, au cours de laquelle le lecteur peut parfois se retrouver déphasé par rapport à la narration et se sentir exclu.
Commenter  J’apprécie          20


autres livres classés : musiqueVoir plus

Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

Arts et littérature ...

Quelle romancière publie "Les Hauts de Hurle-vent" en 1847 ?

Charlotte Brontë
Anne Brontë
Emily Brontë

16 questions
1085 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , littérature , art , musique , peinture , cinemaCréer un quiz sur ce livre

{* *}