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Citations sur Comme les amours (60)

(...) en vérité, n'importe qui peut nous anéantir, comme n'importe qui peut nous conquérir, c'est là notre fragilité essentielle.
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(...) chacun se conduit ainsi avec ses morts. On tente d'oublier la manière, on reste avec l'image du vivant, à la rigueur avec celle du mort, mais on évite de penser à la frontière, au passage, à l'agonie, à la cause. Quelqu'un est vivant maintenant, puis il est mort et il n'y a rien entre les deux, comme si l'on passait sans transition ni raison d'un état à un autre.
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(...) nous sommes tous des succédanés de gens que nous n'avons presque jamais connus, des gens qui ne s'approchèrent pas ou qui passèrent sans s'arrêter dans la vie de ceux que nous aimons à présent, ou qui s'y arrêtèrent mais se lassèrent finalement et qui disparurent sans laisser de trace ou seulement la poussière que soulèvent leurs pieds dans la fuite, ou qui moururent causant à ceux que nous aimons une mortelle blessure qui presque toujours finit par se refermer. Nous ne pouvons prétendre être les premiers, les préférés, nous sommes tout simplement ce qui est disponible, les laissés-pour-compte, les survivants, ce qui désormais reste, les soldes, et c'est sur des bases aussi peu solides que s'érigent les amours les plus grandes et que se fondent les meilleures familles, nous provenons tous de là, de ce produit de hasard et du conformisme, des rejets, des timidités et des échecs d'autrui, et même dans ces conditions nous donnerions parfois n'importe quoi pour continuer auprès de celui que nous avons un jour récupéré dans un grenier ou une brocante, que par chance nous avons gagné aux cartes ou qui nous ramassa parmi les déchets ; contre toute vraisemblance nous parvenons à nous convaincre de nos engouements hasardeux, et nombreux sont ceux qui croient voir la main du destin dans ce qui n'est autre qu'une tombola de village quand l'été agonise...
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Non seulement il faut laisser partir les morts quand ils s'attardent ou que nous les retenons mais il faut aussi parfois lâcher les vivants. p.317
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« Le temps qui passe exaspère et condense tout orage (…). On ne sait pas ce que le temps fera de nous en superposant ses fines couches indiscernables, en quoi il peut nous convertir. Il avance à la dérobée, jour après jour, heure après heure, et pas à pas empoisonné, il ne se fait pas remarquer dans son labeur subreptice, si respectueux et attentionné que jamais il ne nous bouscule ni ne nous effarouche. Il apparaît chaque matin avec sa figure invariable et apaisante, nous assurant du contraire de ce qui se passe : que tout va bien et que rien ne change, que tout est comme hier – l'équilibre des forces - que rien ne se crée et que rien ne se perd, que notre visage est le même et aussi nos cheveux et notre contour, que ceux qui nous haissaient, nous haissent toujours, et ceux qui nous aimaient, nous aiment toujours. Et c'est tout le contraire, en effet, à ceci près qu'il ne nous permet pas de le percevoir avec ses minutes traitresses et ses secondes sournoises... »
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« Quand on désire longtemps une chose, cesser de la désirer s'avère très difficile, je veux dire admettre ou s'apercevoir qu'on ne la désire plus ou qu'on lui en préfère une autre. L'attente nourrit et renforce ce désir, elle est cumulative envers son objet, elle le solidifie et le pétrifie... »
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Quand on est amoureux, ou plus précisément quand une femme l'est, surtout dans ces débuts où l'état amoureux possède encore l'attrait de la révélation, nous sommes généralement disposées à prendre à coeur n'importe quel sujet qui intéresse ou dont nous parle celui que nous aimons. Pas seulement à feindre l'intérêt pour lui être agréable, le conquérir ou asseoir notre fragile position, cela va de soi, mais à lui prêter une véritable attention et à nous laisser contaminer réellement par tout ce qu'il ressentira et transmettra, enthousiasme, aversion, sympathie, crainte, préoccupation et même obsession. ...
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Il est un autre inconvénient à pâtir d'un malheur : pour qui l'éprouve, ses effets durent beaucoup plus que ne dure la patience des êtres disposés à l'écouter et à l'accompagner, l'inconditionnalité qui se teinte de monotonie ne résiste guère.Et ainsi, tôt ou tard, la personne triste reste seule alors qu'elle n'a pas encore terminé son deuil ou qu'on ne la laisse plus parler de ce qui est encore son seul monde, parce que ce monde d'angoisse finit par être insupportable et qu'il fait fuir.Elle s'aperçoit que pour autrui n'importe quel malheur a sa date de péremption sociale, que personne n'est fait pour contempler la peine, que ce spectacle n'est tolérable que durant un bref laps de temps, tandis qu'il porte en lui déchirement et commotion et une certaine possibilité d'agir en protagonistes pour ceux qui regardent et assistent, et qui se sentent indispensables, sauveurs, utiles. Mais en constatant que rien ne change et que la personne affectée n'avance ni n'émerge, ils se sentent superflus et dévalorisés, en sont presque offensés et s'en éloignent.
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Ce qui se passe dans les romans est sans importance, on l’oublie une fois qu’ils sont finis. Ce sont les possibilités et les idées qu’ils nous inoculent et nous apportent à travers leurs cas imaginaires qui sont intéressantes.
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La pire des choses qui puisse arriver à quelqu’un, pire que la mort elle-même ; mais aussi la pire des choses que l’on puisse faire aux autres, c’est de revenir de l’autre côté, celui d’où l’on ne revient pas, ressusciter à contretemps, quand personne ne vous attend plus, alors qu’il est trop tard et que ce n’est plus le moment, que les vivants vous tiennent pour une histoire finie et qu’ils ont continué ou recommencé à vivre sans plus compter sur vous. Il n’est pas de plus grand malheur, pour celui qui revient, que de découvrir qu’il est de trop, que sa présence est indésirable, qu’il perturbe l’univers, qu’il constitue une entrave pour ceux qui lui sont chers et qui ne savent que faire de lui.
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