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Citations sur Comme les amours (60)

La dernière fois que je vis Miguel Desvern ou Deverne fut aussi la dernière fois que sa femme Luisa le vit, ce qui n’en est pas moins étrange, peut-être même injuste, puisque c’était elle sa femme, et moi en revanche une inconnue qui n’avait jamais échangé avec lui le moindre mot.
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Parmi tous ces gens nous sommes quelques-uns — chaque jour moins nombreux — qui ressentons, au contraire, une indicible aversion à assumer ce rôle, le rôle de délateur. Et nous poussons si loin cette antipathie qu’il ne nous est pas très facile de la vaincre quand il le faut, pour notre bien et pour celui des autres. Quelque chose nous répugne à composer un numéro de téléphone et à dire sans donner notre nom : « Excusez-moi, mais j’ai vu un terroriste recherché, sa photo est dans les journaux et il vient de rentrer sous ce porche d’immeuble. » Nous le ferions probablement dans un tel cas, néanmoins en pensant davantage aux crimes que nous pourrions ainsi éviter qu'à la punition de ceux qui ont déjà été commis, parce que ceux-là personne ne peut y remédier et l’impunité du monde est si étendue, si ancienne et si longue et si vaste que, jusqu'à un certain point, qu’on y ajoute un millimètre n'y change rien. C'est bizarre, c'est choquant, mais cela peut arriver : nous qui ressentons cette aversion préférons parfois être injustes et qu'une chose reste impunie plutôt que de nous voir en délateurs, nous ne pouvons le supporter — au bout du compte la justice n’est pas notre affaire, nous n’avons pas à agir d'office.
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Le politicien voit à la télévision ou dans la presse les effets des bombardements qu’il a déclenchés, ou apprend les atrocités que son armée commet sur le terrain ; il fait non de la tête avec désapprobation et dégoût, il se demande comment ses généraux peuvent être aussi sauvages ou aussi maladroits, comment ils se débrouillent pour ne pas contrôler leurs hommes dès que la lutte commence et qu’ils les perdent un peu de vue, mais il ne se sent jamais coupable de ce qui se passe à des milliers de kilomètres, sans qu'il y participe ni n’en soit le témoin : il s'est aussitôt empressé d'oublier que tout a dépendu de lui, que c’est lui qui a crié « En avant ».
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On ne sait jamais ce qu’autrui ne veut pas savoir jusqu’au moment où on lui en a fait la révélation, alors le mal possible n’a pas de solution et il est trop tard pour se reprendre, pour faire marche arrière.
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Le pire des imbéciles ou la plus grande des canailles sont plébiscités massivement par une population hypnotisée par la bassesse, toute disposée à se mentir ou peut-être à se suicider (...) Ils attendent tous l’opportunité ou la recherchent, parfois cela dépend seulement de la volonté que l’on met à satisfaire chaque aspiration, de l’ardeur et de la patience à réaliser chaque objectif, aussi échevelé et mégalomane soit-il.
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Quand on désire longtemps une chose, cesser de la désirer s’avère très difficile, je veux dire admettre ou s’apercevoir qu’on ne la désire plus ou qu'on lui en préfère une autre. L’attente nourrit et renforce ce désir, elle est cumulative envers son objet, elle le solidifie et le pétrifie, aussi nous ne voulons pas reconnaître que nous avons gaspillé des années à espérer un signe qui lorsqu’il se produit enfin ne nous dit plus rien, ou à l’appel tardif duquel répond notre insurmontable paresse, et notre méfiance maintenant, peut-être parce qu'il ne nous convient plus de bouger. On s’habitue à vivre dans l’attente de l’opportunité qui ne vient pas, tranquille en vérité, à l'abri et passif, persuadé au fond quelle ne se présentera jamais.
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La première réaction de tout nouveau régime est d'oublier, de minimiser et d’effacer ce qui concerne le précédent, et de convertir ceux qui le servirent en nostalgiques putréfiés à qui il ne reste plus qu’à s’éteindre doucement et à mourir.
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Les gens commencent à voir une chose et finissent par voir son contraire. Ils commencent par aimer et ils finissent par détester, ou bien par être indifférents, pour adorer ensuite. Nous ne parvenons jamais à être certains de ce qui nous sera vital ni à savoir à qui donner de l’importance. Nos convictions sont éphémères et fragiles, même celles que nous considérons comme les plus fortes. Il en va de même de nos sentiments. Nous ne devrions pas nous y fier.
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Quand on est amoureux, ou plus précisément quand une femme l’est, surtout dans ces débuts où l’état amoureux possède encore l’attrait de la révélation, nous sommes généralement disposées à prendre à cœur n’importe quel sujet qui intéresse ou dont nous parle celui que nous aimons. Pas seulement feindre l’intérêt pour lui être agréable, le conquérir ou asseoir notre fragile position, cela va de soi, mais à lui prêter une véritable attention et à nous laisser contaminer réellement par tout ce qu’il ressentira et transmettra, enthousiasme, aversion, sympathie, crainte, préoccupation et même obsession. Sans parler de l’accompagner dans ses réflexions improvisées, qui sont celles qui attachent et entraînent le plus parce que nous assistons à leur naissance, que nous les encourageons, que nous les voyons s’éveiller, vaciller et trébucher. (…)
Avec Leopoldo il n’y eut jamais le moindre effort de ce genre, parce qu’il n’y eut pas non plus cet amour obstiné, inconditionnel et naïf ; en revanche, avec Diaz-Varela je me mis en quatre intimement – avec prudence cependant, sans l’accabler, ni presque le laisser voir – tout en sachant bien pourtant qu’il ne pourrait en faire autant, étant lui-même au service de Luisa et qu’il attendrait forcément sa chance depuis longtemps déjà
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Le nom de Miguel Desvern ne disparaît pas tout à fait, même si je ne l’ai jamais connu et que je l’ai vu de loin, tous les matins avec plaisir, alors qu’il prenait son petit déjeuner avec sa femme. Comme ne s’en vont pas non plus tout à fait les noms fictifs du colonel Chabert et de Mme Ferraud, du comte de la Fère et de Milady de Winter ou dans sa jeunesse Anne de Breuil, à qui on lia les mains derrière le dos et que l’on pendit à un arbre, afin que mystérieusement elle ne meure pas et revienne, belle comme les amours.
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