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Un jour Javier Marias aura un prix nobel, ça n'est pas possible autrement !?
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C'est du tout grand Marìas que cet opus, sinon le meilleur. Je pense relire 'Comme les amours' pour me déterminer. Mais c'est véritablement une de ses oeuvres majeures.

Tous les thèmes chers à l'auteur y sont présents et le titre est une nouvelle fois une référence à une oeuvre de Shakespeare. Nous quittons Richard III auquel se référait 'Demain dans la bataille, pense à moi' pour arriver à Macbeth, à la scène où celui-ci revient chez Lady Macbeth, au coeur si blanc, lui raconter qu'il vient de tuer Duncan.

Le livre débute par le suicide d'une jeune mariée à son retour de voyage de noces, mais nous conte surtout l'histoire de Juan, le fils d'un mariage ultérieur de l'époux devenu veuf, qui est interprète et vient à son tour de se marier et en est angoissé. Cela permet à l'auteur moult digressions sur l'innocence, l'amour, jusqu'où est-on prêt à aller pour ce sentiment.

Tout y est donc et surtout, avant tout, le style de Marìas que, personnellement, j'adore. Un très très gros coup de coeur.
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[Traduit de l'espagnol par Anne-Marie Geninet et Alain Kéruzoré, avec l'aide de l'auteur.]

Je suis venu vers ce titre de Javier Marías après avoir apprécié "Littérature et fantôme", sur lequel je reviendrai plus tard, le temps d'acquérir le livre pour le consulter à l'aise. Il y a dans ce dernier recueil d'écrits variés de l'auteur espagnol une réflexion sur le titre "Un coeur si blanc". Dans Macbeth, acte II scène II, Lady Macbeth, les mains tâchées de sang, alors qu'elle a instigué le meurtre de Duncan et collaboré à le maquiller, dit à son époux assassin : "Mes mains sont de la couleur des vôtres ; mais j'ai honte d'avoir conservé un coeur si blanc"[1]. Car ce n'est pas elle qui a commis l'acte. En traducteur avisé – c'est une facette de ses compétences littéraires –, Marías se demande si white/blanc ne pourrait pas ici être traduit par pâle, selon l'hypothèse que Shakespeare aurait voulu insinuer le sens de lâcheté plutôt que l'innocence. Retenons l'idée d'instigation, délibérée ou pas, qui incite sans commettre, centrale dans le récit qui nous occupe.

"Une instigation n'est rien d'autre que des mots, des mots sans maître que l'on peut traduire, qui se répètent de bouche en bouche, de langue en langue et de siècle en siècle."

Le roman débute par la description extérieure, objective, méticuleuse, d'une scène (lire ici) qui retentira jusqu'au bout de l'histoire. Teresa Aguilera, de retour de voyage de noces, quitte la table chez son père et gagne la salle de bain pour se suicider. Face au miroir du lavabo, elle ôte son soutien-gorge pour viser le coeur et se tire une balle dans le sein. le père, la jeune soeur Juana et les convives accourent, les aliments du repas encore en bouche. le corps sans vie est éclaboussé de sang et de l'eau de l'évier. On sonne : le frère et le mari, Ranz, surviennent et découvrent le drame.
Dès le paragraphe suivant, bien des années plus tard, le narrateur Juan se manifeste : il est le fils de Ranz, qui a fini par épouser la soeur cadette Juana après le suicide de Teresa. Juan est tout jeune marié à la brillante Luisa.

Tout cela annonce-t-il un mélodrame des plus intenses ? Détrompez-vous. L'intensité est bien là, souterraine, on va le voir, mais le couple pimpant Juan/Luisa ne connaîtra aucun déboire jusqu'à la fin de la narration : ce ne sont pas les histoires arrivées à d'autres qui ternissent les coeurs si blancs. L'intrigue naît lorsque Juan apprend que son père aurait eu, non pas deux, mais trois épouses et que Teresa serait la seconde à connaître une fin dramatique, au point qu'on s'inquiéta beaucoup, en évoquant Barbe-Bleue, pour la future mère de Juan lors de ses noces. Qui était la première femme que lui a cachée son père ? Que lui est-il arrivé ? Et pourquoi Teresa a-t-elle mis fin à ses jours ? Là intervient l'exceptionnelle maîtrise de Marias pour nous tenir en haleine. le roman est loin de reposer sur cette seule énigme, il y a beaucoup plus qui en fait l'essentiel, les digressions, l'art de ce Proust espagnol – ils ne sont pas vraiment comparables – qui, minutieux, gratte le détail avec un narrateur qui se scrute, démonte les sentiments et irrite le lecteur impatient lorsqu'une parenthèse s'ouvre au moment crucial. Pour ma part, il ne m'a jamais ennuyé et se lit en gourmet.

Des doutes s'insinuent dans le coeur de Juan qui, lors de voyages qui l'éloignent de sa femme, est confronté à plusieurs situations "amoureuses" où interviennent des protagonistes différents, sans lien apparent, scènes qui se superposent et se répondent au fil du récit (les scènes de balcon notamment), témoignant d'une construction inventive en leitmotivs. Dans les circonstances évoquées, le narrateur se trouve systématiquement dans un rôle passif d'observateur discret, épiant et écoutant sans être vu, cela jusqu'à la scène finale où Ranz se confie à Luisa, confidences que Juan entendra par une porte entrouverte.
[...]
"Un coeur si blanc" est un livre riche et mémorable. Il devrait me conduire vers d'autres lectures de l'auteur espagnol souvent pressenti comme candidat de choix au prix Nobel de littérature.

Article complet sur Marque-pages (lien ci-dessous).

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Un roman un peu trop psychologique à mon goût et qui offre des longueurs et pas assez d'action. Je l'ai lu sans trop de passion et ne l'apprécie que moyennement. Ce livre ne me laissera pas un souvenir impérissable.
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Beaucoup apprécié le style
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Une histoire singulière et pourtant banale de secrets de famille. 'ai été emportée par la profondeur et le temps que Marias passe sur une séquence. j'ai lu ce livre il y a longtemps et pourtant j'ai en tête des séquences très fortes: la fille dans das une salle de bain, un soir sur un balcon à Cuba, où chaque mouvement et chaque détail semblent accumulés au hasard mais convergent à apporter une grande profondeur au récit. Comme tout les livres de Marias, le style est très particulier, la longueur et la sophistication des phrases pourraient rebuter. pourtant tout fait sens et on n'en sort pas indemne. je suis accro depuis celui ci et "demain dans la bataille".
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Corazón tan blanco
Traduction : Alain & Anne-Marie Kéruzoré avec l'aide de l'Auteur

C'est à deux reprises que je me suis attaquée à la lecture de ce livre : la première fut un échec mais j'allai jusqu'au bout de la seconde. Mon erreur, je m'en rends compte aujourd'hui, fut de ne pas tenter la lecture à voix haute dès le départ. Il est en effet des textes qui veulent - et même exigent - ce type de lecture : "Un Coeur si Blanc", dont le titre s'inspire de "Macbeth", est de ceux-là.

Selon une technique déconcertante et qui en exaspérera plus d'un, Javier Marias prend un fait, plus ou moins important dans son essence mais qui, pour ses personnages, revêt toujours une importance particulière même s'ils ne le savent pas toujours, et, à partir de là, il brosse tout un livre dans un style soutenu, pointilleux sur les détails les plus criants comme sur les plus infimes, qui encense le point-virgule mais abbhore la phrase courte ou simplement moyenne, et qui privilégie avec éclat les phrases longues, cinglées de virgules et formant souvent un paragraphe tout entier, à la Saint-Simon ou à la Proust.

Avec cela, une analyse au microscope des émotions et des pensées des personnages, une maniaquerie dans le choix de la nuance qui rebute, séduit, irrite, fascine et désespère. Un auteur étonnant, par lui-même traducteur émérite et fin connaisseur des mots et de leur pouvoir, qu'il faut lire par doses homéopathiques certes mais qu'il faut lire - enfin, je le crois.

"Un Coeur si Blanc" est axé sur le malaise indéfini ressenti par Juan, le narrateur, dès son mariage avec Luisa. Tous deux sont interprètes pour les Nations Unies et partent en voyage de noces à Cuba. Dans leur chambre d'hôtel, un soir, alors que Luisa souffre d'une légère indisposition, Juan surprend la conversation de leurs voisins : un couple illégitime, lui marié, elle non, où est évoqué la mort éventuelle de l'épouse, laissée en Espagne. Ce fragment d'une histoire qu'il ne connaît pas ne va cesser de hanter Juan - et partant Luisa - avant de se révéler, d'une façon bien étrange, liée à son propre passé ...

Au début, c'est vrai : le lecteur se demande où l'auteur veut en venir. Mais il finit par se dire très vite qu'il n'y a pas de fumée sans feu. Et, pourvu qu'il ait la volonté de savoir, il découvre qu'il a eu raison d'insister. Il découvre aussi un auteur tout-à-fait atypique dont la prose et la technique lui laissent, une fois le livre refermé, cette impression, à la fois irritante et agréable, que l'on éprouve en sirotant, par exemple, un jus de citron. ;o)
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