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Çà débute par une fin abrupte. Lors d'un repas célébrant le retour des mariés dans leur famille, Teresa se tire une balle dans le coeur. le mari et veuf Ranz est le père du narrateur, Juan,qui n'aurait dû jamais existé si Ranz n'avait épousé Juana la soeur de la défunte, faisant de Teresa la tante posthume de Juan.

Juan a rencontré sa femme, Luisa, dans leur activité d'interprète traducteur. Ils se marient, c'est la fin de quelque chose. Car se pose la question qui taraude : est maintenant? Juan poursuit ses activités, toujours en déplacement, alors que Luisa se fixe à Madrid pour investir leur maison factice, car mariés de fait, ils ne le sont que trop peu de corps

Il y a quelque chose d'irrémédiable dans ce qui est dit, tout comme dans ce qui est tut. Un résidu subsiste et s'agrège.
Il y a quelque chose de fatal dans ce qui est entendu mais aussi dans ce qui est ignoré, pourtant rarement celé à jamais. On peut fermer les yeux, il est possible de respirer par la bouche mais un mot suffit pour qu'il ne soit plus temps de se boucher les oreilles. Un coeur si blanc est un livre vrai, proche de nous et complexe à la fois. Il y a une petite musique, qui nous rappelle au sentiment de l'existence, une chanson qu'on fredonne, la sonnerie du rémouleur; il y a des motifs et des actes qui sautent les générations, il y a des analogies dans ce qui est étranger.Vous l'aurez compris un Coeur si blanc est difficile à critiquer du moins à décrypter, car tout est signe, tout fait sens, un détail qui paraissait anecdotique se révèle plus signifiant qu'un drame. Lisez le, relisez le, ignorez le, mais quand le vin est versé il faut le boire. C'est un livre animé qui se déplie et se replie sur son mystère, la forme s'est révélée à nous mais on voudrait bien savoir comment c'est fait.
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Même si j'ai déjà fait d'excellentes lectures depuis le début de l'année, je tiens ici mon premier coup de coeur de 2020. Ce roman est tout simplement génial! Il s'agit pour moi d'une découverte de cet auteur, pourtant une figure majeure de la littérature contemporaine espagnole. Comment ai-je pu passer à côté depuis si longtemps?
Le roman commence par une scène saisissante où on assiste au suicide d'une jeune femme au cours d'un repas de famille. le narrateur, qui n'était pas encore né à l'époque du drame, est le fils du mari de cette femme. Dès le 2e chapitre, on le retrouve une quarantaine d'années après l'événement et le roman s'attarde sur l'année qui vient de s'écouler, depuis son mariage, alors qu'il éprouve une sensation de malaise diffus.
La connaissance d'un fait est-elle plus importante et plus conséquente que le fait lui-même, dans la mesure où ce qu'on ignore n'existe pas? Voilà une des questions posées. J'ai tout aimé de ce roman : le style (incroyable), le ton (naïf en apparence), l'humour pince-sans-rire, les personnages, la structure, l'intrigue, le rythme, le souci maniaque du détail, les réflexions philosophiques… Plusieurs passages ressemblent à de longues digressions, mais l'auteur tisse une oeuvre dont tous les fils s'attachent lentement, en ayant recours à de nombreux leitmotivs auxquels il faut être attentif. Je n'ai pas lu ce roman rapidement. Je l'ai savouré et j'en redemande!
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Javier Marías, né en 1951 à Madrid, est un écrivain, traducteur, éditeur et journaliste espagnol. Fils du philosophe et sociologue Julián Marías Aguilera (1914-2005) et du professeur et écrivain Dolores Franco Manera (1912-1977), Javier Marías est le neveu du cinéaste Jesús Franco Manera et le cousin du cinéaste Ricardo Franco Rubio (1949-1998). Il passe une partie de son enfance dans le nord-est des Etats-Unis, où son père, interdit d'enseigner dans les universités de l'Espagne franquiste pour cause de divergences idéologiques, donne des conférences près de Boston dans le Massachusetts puis à l'université Yale dans le Connecticut. de retour en Espagne, il obtient en 1968 son baccalauréat puis, diplômé en philosophie et lettres en 1973, il part travailler à Barcelone en tant que conseiller littéraire dans une maison d'édition et publie des nouvelles, écrit des articles sous différents noms d'emprunt pour divers journaux et revues. Un Coeur si blanc date de 1992.
Juan, le narrateur, vient d'épouser Luisa. Tous deux sont traducteurs et interprètes. Immédiatement on comprend que Juan est d'un caractère très particulier, toujours à s'interroger sur tout et n'importe quoi, rongé par une interrogation muette qu'on devine être un secret familial qu'il veut et redoute tout autant découvrir…
Dans la famille « Prise de tête » je demande Un Coeur si blanc ! Il est rare de tomber sur un bouquin aussi exaspérant à lire mais plus extraordinaire encore, de le trouver plutôt bien. J'écris « plutôt » car je ne sais pas vraiment. J'en ressors secoué, assommé, saoulé et comme la littérature est sensée nous procurer des émotions, j'en déduis logiquement que c'est un bon roman.
Pour tenter d'élargir le résumé du livre : ça débute par une longue scène de suicide, très réussie d'un point de vue narratif et le bouquin se clôt par la révélation du secret détenu par le père de Juan, avouée à Luisa et non à son fils, mais qui en fait l'entend d'une pièce où il est caché. Ce final atteint des sommets d'exaspération impatiente pour le lecteur – comme aucun thriller (ce que n'est pas ce livre) de ma connaissance ne l'avait fait jusqu'ici. Entre ces deux séquences, deux très bons passages dont l'un nous fait entrer dans le monde des interprètes des réunions internationales et l'autre où une amie de Juan cherche à rencontrer l'âme soeur par le biais d'un club d'échange de vidéos ; tout le reste n'est qu'un blablabla qui fera fuir les lecteurs novices ou séduira – à la longue – les plus persévérants.
Tout ce qui réjouira les « pour » et repoussera les « contre » réside dans l'écriture de Javier Marías. Un style extrêmement déroutant (du moins pour ce roman, le seul que je connaisse de l'auteur) : Juan s'interroge sans cesse, le genre analyse proustienne mais en beaucoup moins léger et plus pénible, sur les faits et gestes de ceux qu'il fréquente ou côtoie ; les détails sans intérêt particulier abondent et les phrases alambiquées ou agaçantes (« L'accord s'est produit le fameux soir dont je ne dois plus parler, mais j'en dirai tout de même quelques mots. ») se succèdent avec des répétitions de situations où des personnages différents évoluent. le lecteur à l'impression de déchiffrer un palimpseste où par transparence se distingue un peu, le texte ancien. Par ailleurs, et là moi je m'en réjouis, le texte est truffé de petites phrases ayant valeur d'aphorismes (« Si personne n'était jamais forcé à rien, le monde s'arrêterait, tout flotterait dans une indétermination globale et continuelle, indéfiniment »).
Les thèmes abordés par l'écrivain tournent autour des secrets dans les couples (faut-il les avouer ou non ?), des non-dits (« ce qu'on allait nous dire au téléphone que nous n'avons pas décroché ne sera jamais dit »), de nos proches que nous ne connaissons pas aussi bien qu'on le croît, mensonges/vérité/soupçons…
Il faudra que j'explore plus avant l'univers de cet écrivain pour m'en faire une idée plus précise, mais plus tard, laissez-moi le temps de digérer ce « truc-là ».
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Aucun temps de respiration, donc bien des longueurs.
J'ai lu avec attention les autres critiques positives et je suis admirative de ce qu'ont pu voir leurs auteurs. Toutefois, je reste sur ma position. Pas de temps de respiration ; trop de longueurs.
Et pourtant plein de belles choses, d'où mes 3 étoiles 1/2.
Bref, je résume mon appréciation en un "tout ça pour ça" !?!
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Au centre d'"Un coeur si blanc", il y a un malaise.
Celui qu'éprouve Juan, le narrateur, au moment d'épouser la belle Luisa dont il est follement épris. S'agit-il seulement de la crainte tardive d'un célibataire endurci qui voit sa liberté menacée par le mariage ou bien de quelque chose de plus profond, lié entre autres au mystérieux suicide de sa tante maternelle, quelques années avant sa naissance ?
Cela aurait-il un rapport avec une phrase ambiguë prononcée par son père, le jour de ses noces ?
Tout cela à la fois, bien sûr, et le talent de Javier Marías va consister à mener de front un certain nombre d'histoires, apparemment indépendantes les unes des autres, et à les faire converger vers un bouquet final, et vers une vérité dont le pauvre Juan se serait peut-être bien passé.
Décrit par son auteur comme un livre "sur le secret et sa possible nécessité, sur le mariage , l'assassinat, la manipulation, sur le soupçon, sur le dire et le taire...", "Un coeur si blanc" est un roman virtuose, qui vous happe dès les premiers mots et ne vous laisse pas respirer avant le point final.
Cela est d'abord dû à la qualité du style de Javier Marías, un style fait de longues phrases extrêmement travaillées et de nombreuses répétitions qui donnent à sa prose une dimension incantatoire et hypnotique. A titre d'exemple, voici l'incipit du roman :
"Je n'ai pas voulu savoir, mais j'ai su que l'une des enfants, qui désormais ne l'était plus et revenait à peine de son voyage de noces, entra dans la salle de bain, ôta son soutien-gorge et chercha le coeur du bout du pistolet de son père, attablé dans la salle à manger avec une partie de la famille et trois invités."
Le charme de ce livre tient également à la manière dont, comme chez Proust, chaque personnage y est individualisé par sa psychologie, mais aussi par son langage, voire sa gestuelle, qu'il s'agisse des personnages principaux ou des personnages secondaires, comme la solitaire Berta ou Custardoy, l'inquiétant ami d'enfance.
Signalons enfin qu'au moment de sa publication, en 1991, "Un coeur si blanc" a été lu comme une métaphore de la Transition, cette période de l'histoire contemporaine de l'Espagne au cours de laquelle le passage vers la démocratie s'est fait au prix d'un silence assourdissant sur les compromissions et sur les crimes de la dictature franquiste. De celle-ci, le père de Juan, un expert reconnu en peinture ancienne, est un digne représentant, lui qui a su prospérer dans l'ombre des pires régimes politiques (ceux de Franco et de Batista, en l'occurrence...)

Une lecture que je recommande vivement, cela va sans dire.
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Je parle encore d'un roman de"Javier Marías" parce que plus je le lis plus je trouve qu'il est l'un des écrivains les plus intéressants que j'ai eu la chance de lire.
Une terrible histoire de secret de famille peut -elle être enfoui à jamais? peut-on souffrir d'un secret de famille que l'on ignore.Le héros dès son mariage pressent que quelque chose est enfoui quelque part en lui qui l'empêche d'être tout à sa joie.
Il se sent amer et sans comprendre il ressent que cette amertume lui vient de l'histoire de son père dont la première épouse s'est suicidée. Méandres de sentiments amoureux,détails qui finissent par se révéler essentiels; Un des rares auteurs qui réussisse à créer une ambiance languissante et haletante à la fois.
Les premières lignes:
"Je n'ai pas voulu savoir, mais j'ai su que l'une des enfants, qui désormais ne l'était plus et revenait à peine de son voyage de noces, entra dans la salle de bains, se mit devant la glace, ouvrit son corsage, ôta son soutien-gorge et chercha le coeur du bout du pistolet de son père, attablé dans la salle à manger avec une partie de la famille et trois invités."Javier Marías.;
comme d'habitude une photo de l'aut
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Lu après "Comme les amours" et "Si rude soit le début". L'écriture est toujours aussi belle - et un peu exigeante, certaines phrases longues et alambiquées ; le sujet du texte pouvant passer du coq à l'âne avant de revenir au fil après une très longue digression. J'ai moins accroché qu'aux deux précédents, certains passages m'étant été un peu obscurs. Une belle réflexion mélancolique sur le secret et l'éphémère, toutefois.
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Début choc : Teresa Aguilera, une jeune mariée de retour de son voyage de noces à Cuba, s'enlève la vie lors d'un repas de famille. Ranz s'en remettra (après tout, il a perdu déjà sa première épouse dans des circonstances nébuleuses quelques années auparavant) et trouvera le réconfort dans les bras de Juana, sa belle-soeur, déjà mère du jeune Juan. Cinq pages. C'est tout et, en même temps, suffisant pour accrocher, laisser le lecteur en plan avec une intrigue ahurissante et des questions en suspens… Toutefois, Javier Marias ne nous donne pas de réponses. du moins, pas tout de suite. Il laisse planer le mystère, nous en propose plus. En effet, plusieurs décennies plus tard, Juan épouse Luisa. Lors de son propre voyage de noces à Cuba (l'histoire se répète ?), il est témoin d'un drôle d'événement : en pleine nuit, alors qu'il est appuyé sur son balcon de sa chambre d'hôtel, une dame dans la rue le prend à partie, l'invective. Après un certain temps, il se rend compte qu'elle s'adresse à un type dans la chambre d'à côté. Toute cette scène est assez surréelle, elle donne le ton. Étrangeté. Malaise. Lyrisme. Tous les ingrédient que l'auteur utilise à souhait.

Malaise, oui. À commencer par les propos de son beau-père Ranz lors du mariage de Juan. « Eh bien, te voilà marié. Et maintenant ? » Cette question indiscrète et inapropriée fait tout de même écho à une incertitude (pour ne pas dire crainte) chez le jeune homme. Mais il y a pire : lors du voyage de noces des jeunes mariés, je me suis demandé si Juan aimait réellement Luisa. Puis on entre dans la vie de couple de Juan et Luisa. Tous les deux traducteurs, pris par leur métier, voyageant régulièrement. La génèse de ce couple. Les débuts de leur relation. C'est un peu ça, Un coeur si blanc. Et puis il y a ce passé de Ranz qui le travaille, qui le hante. Il a perdu ses deux premières épouses. Y a-t-il un lien ? Marias est une brute, il ne laisse pas de répit au lecteur qui doit ramer fort pour trouver un sens à tout cela. Certains ne feront que se laisser emporter et attendre le dénouement. C'est aussi une tactique. À vous de choisir.

Un coeur si blanc, c'est beaucoup de considérations psychologiques-philosophiques sur le mariage. Peut-être un peu trop, qu'en sais-je ? Certains détesteront pour cette raison (et je peux les comprendre) mais, moi, j'ai adoré précisément pour cela. Et aussi pour la longueur des phrase. On n'est pas chez Proust mais c'est tout comme. Et, au-delà de la longueur des phrases elles-mêmes, il y a les idées. Parfois, on se demande où l'auteur veut nous amener avec ses digressions et circonlocutions, et c'est à la toute fin d'un paragraphe qu'on saisit cette idée secondaire (ou tertiaires !) qui se déroule à l'infini. En d'autres mots, Javier Marias a un style qui ne laisse personne indifférent. Un seul bémol : toute cette histoire avec la collègue et ex-fiancée de Juan, Berta (lors d'un contrat pour lequel il doit s'installer à New York un certain temps et pendant lequel on perd Luisa). Non pas qu'il se passe quelque chose entre eux deux, non, mais elle s'inscrit sur des réseaux de rencontres et s'intéresse à un type qui a répondu à son annonce. Cette histoire est très bizarre. Digression, oui. Complètement à côté, non : il y a un lien avec l'amour, le mariage, les relations de couple, mais ça ajoutait du mystère inutle à une histoire qui en contenait déjà beaucoup.

Pour en revenir à l'intrigue, à la toute fin, Juan et Luisa apprennent certaines informations sur son beau-père, sur ce qui est arrivé à ses deux premières épouses. Mais veulent-ils seulement le savoir. Un coeur si blanc… blanc, innocent. Vraiment ? C'est une allusion à Shakespeare et sa pièce Macbeth. D'abord, le titre lui-même, Un coeur si blanc, y fait référence. Ce coeur, il s'agit bien sûr de celui de lady Macbeth. Mais est-ce une erreur de traduction, l'auteur demande. le blanc fait habituellement référence à l'innocence mais il ne saurait être question de cela… Lost in translation ? Une autre référence de la pièce, cette citation « so brainsickly of things » Tout ces jeux de mots, ces questionnement,s ces considérations… Bref, Javier Marias nous propose une oeuvre aux intrigues bien imbriquées, complexes et saisissantes qu'il faut se donner le temps et la patience de lire. Si ça ne fonctionne pas à une première lecture, mettez le bouquin de côté un (long) moment puis retournez-y plus tard.
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Des phrases ciselées, l'impression de voler en pleine littérature.
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Ce livre tourne autour de Macbeth (the sleeping and the dead are but as pictures...), un livre complexe et surchargé à la structure chaotique comprenant plusieurs histoires imbriquées : celle du protagoniste-traducteur, celle de son père, l'histoire de sa jeune épouse, l'histoire avec son ancienne fiancée Berta...
Certes, une lecture peut-être intéressante mais d'une densité épouvantable.
Il est vrai que la prose de cet auteur espagnol est élégante, mais son style trop riche en digressions est lourd et décourageant.
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