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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'Ohio est un des états qui est passé, en une quarantaine d'années, d'un des fleurons de la Manufacturing Belt, au symbole de la désindustrialisation américaine galopante de la Rust Belt, avec le Michigan ou encore l'Illinois. Etat dans lequel nous nous retrouvons, en 2013, à New Canaan – petite ville fictive qui s'inspire de celle dans laquelle l'auteur est né -, en compagnie de quatre enfants du pays, désormais trentenaires, qui l'ont tous quittée pour des contrées plus ou moins proches. Bill Ashcraft d'abord, paradoxe du lycée à lui tout seul, à la fois populaire car meilleur joueur de l'équipe de basket et mal considéré car ayant des idées progressistes qu'il affirme haut et fort, ce qui passe mal dans l'après 11 septembre en Ohio, désormais activiste en vadrouille et en défonce constantes, rentré pour livrer un paquet mystérieux ; Stacey Moore ensuite, prof de littérature, revenue pour avoir une conversation avec la mère de son ancienne petite amie, partie sans laisser d'adresse en fin de lycée ; Dan Eaton, jeune homme brillant qui a choisi l'armée à la fin de ses études, y a perdu un oeil et ses illusions, et qui fait son retour en ville pour renouer avec celle qui l'a quitté en raison de ce choix ; Tina Ross, enfin, partie à quelques kilomètres de sa ville natale, y retourne pour exorciser un passé qui la tourmente depuis la fin du lycée ; et tout autour, qui vont sillonner le récit de leurs évocations ou de leurs présences, les nombreux fantômes de leurs amis de lycée, morts, disparus, ou encore radicalement transfigurés par la déchéance de leur ville en à peine dix ans.

Il y a quelque chose du premier cinéma d'Inarritu dans ce roman qui raconte avec force la fin du rêve américain pour les classes moyennes de ces états désindustrialisés, avec nos quatre personnages qui se connaissent et se croisent, sans parfois se voir ou se reconnaître, pour mieux se retrouver par la suite, dans cette nuit américaine pendant laquelle de nombreux cadavres enfouis vont remonter à la surface.

Croisement des existences qui donne lieu, par l'intermédiaire de fils narratifs parfaitement imbriqués, à raconter le passé de chacun, en lien avec celui des autres, pour mieux comprendre son présent, et la raison de son retour à New Canaan ce même soir d'été. Passés d'une vie lycéenne qui renvoient malheureusement à une banalité terrible, de plus en plus terrible au fil des pages, dans une Amérique, tout autant que la majorité des personnages de ce roman, en proie à la désillusion et au désespoir, ce qui se confirme et s'accentue dix ans plus tard, avec l'explosion de la consommation de drogues et d'alcool, ou encore l'augmentation des violences, dans ces contrées livrées à elles-mêmes. Histoires remarquablement construites, d'une grande profondeur psychologique, qui renvoient donc à l'Histoire, dans toute sa complexité et sa noirceur, dans la plus pure tradition romanesque américaine – à laquelle s'ajoute une petite pointe de roman noir, ici franchement bienvenue pour parfaire l'imbrication des diverses histoires -.

Un premier roman somme toute magistral quant à son évocation de l'Amérique profonde des années 2000 et sa construction narrative maîtrisée, mais que j'ai malgré tout trouvé assez calibré littérature américaine en mode « creative writing » quant au style, ce que j'ai déjà regretté dans plusieurs autres romans contemporains dernièrement…
Lien : https://lartetletreblog.com/..
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J'ai été intriguée par la couverture de ce livre et par les prix qu'il avait reçu.
Roman noir qui dépeint le coeur d'une Amérique profonde, on y retrouve ici une jeunesse touchée par les suites du 11 septembre, totalement désabusée, voire blasée.

L'histoire se déroule à New Canaan dans l'Ohio. 10 ans après la fin de leur lycée, quatre jeunes anciens s'y retrouvent par hasard, chacun ayant pris des chemins différents. Cela commence avec la commémoration d'un des jeunes, mort en Irak pour la patrie, pendant que ses anciens camarades assistent à la parade - ou pas.

Chaque chapitre se déroule autour de l'un des personnages centraux. On y découvre ce qu'il devient mais de nombreux flash-back, conversations ou souvenirs nous rappelle à ce qu'il ou elle faisait 10 ans auparavant, lors de ces fameuses années au lycée.

On comprend donc ainsi quels sont les liens qui les unissent les uns aux autres mais également comment ils ont pu en arriver là : prémices avec la drogue et l'alcool, Tina Ross qui ne voulait pas s'avouer homosexuelle, Stacey Moore se retrouvant enceinte de père inconnu, les parents débordés, les expériences malsaines...

Au-delà de l'histoire en elle-même, j'ai adoré tous les détails descriptifs de cette Amérique profonde. Ayant vécu quelques mois dans le Dakota du Nord, l'atmosphère de ces petites villes y est parfaitement décrite. Je recommande !

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Amérique post 2001 et bande de potes. Ohio nous entraîne dans une noirceur intense aux côtés d'une génération sans espoir. La lecture n'a pas été évidente, c'est vraiment dense, surtout au début. La construction du roman donne la parole à 4 anciens lycéens de New Canaan qui expliquent dans quelles conditions ils sont amenés, chacun, à revenir dans leur ville d'origine le même jour. L'écriture s'adapte vraiment à la personnalité des personnages qui sont tous en souffrance, pour des raisons et à des degrés différents. Étant à peu de choses près de la même génération que les personnages, j'ai trouvé que le regard qu'ils posent sur la vie était d'une tristesse absolue. À croire que rien de joyeux n'attendait et n'attend aujourd'hui les jeunes adultes aux États Unis. L'armée, la guerre et les blessures physiques et psychologiques qui en découlent tiennent une place toute particulière dans ce récit puisque de nombreux adolescents se sont engagés après le World Trade Center. Pourtant, si le regard porté sur le comportement de l'armée en Irak et en Afghanistan est sans concession, l'auteur amène beaucoup d'empathie pour tous ces gamins, engagés tôt et prisonniers de cette politique nationaliste qui les amène à se perdre. Qui trouvent leur place dans cette confraternité avec les autres soldats. Qui essayent d'en sortir sans en être vraiment capables...
Une lecture exigeante, qui ne se contente pas de nous parler de cette Amérique désespérée et qui nous donne quand même l'occasion de suivre une intrigue bien menée. À lire quand on a l'esprit reposé !
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C'est un « roman choral » comme il y a des « films choral ». Au centre, quatre trentenaires que le hasard réunit dans la petite ville de l'Ohio où ils furent enfants puis étudiants et dans le même lycée. Gravitent autour de ces quatre, une ribambelles d'amis, de copains et copines. le roman alterne les épisodes d'antan, ceux d'aujourd'hui et les expériences plus ou moins heureuses vécues par les uns et les autres. En général peu heureuses, sinon dramatiques, il faut le dire. Dix ans plus tard, les vieilles haines, les plaies des amours déçues sont encore vives. le pays a changé, l'Amérique a été meurtrie et changée par les événements du 11 septembre, et la crise s'est abattue sur la Rust Belt dont l'Ohio.
Ce livre, qui aurait pu être celui d'une enfance heureuse promise au rêve américain, se teinte vite d'amertume, vire au roman noir et même à la tragédie.
Les personnages fourmillent, je me suis souvent emmêlé les pinceaux – mais de qui s'agit-il ici ? - mais il y a des pages magnifiques pour un vrai plaisir de lecture.
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Un roman choral d'une belle densité que je me suis surpris à apprécier au fur et à mesure de mon avancée dans la lecture, n'étant d'emblée pas très emballé.
A travers presque deux décennies (de 2000 à 2017, environ) et une galerie d'adolescent qui deviennent adultes dans des circonstances particulières (et pas forcément idéales), l'auteur brosse sa vision d'une Amérique "provinciale" qui vit dans sa chair les soubresauts d'une civilisation confrontée aux conséquences des attentats de septembre 2001, son cortège d'existences gâchées par le "va-t-en-guerre" ambiant et la médiocrité de vies plongées dans la paupérisation économique et l'indigence intellectuelle.
On en vient même à se demander si cette jeunesse n'est de toute façon pas condamnée à ce type d'existence, indépendamment des attentats, des guerres et de la crise qui ont suivi...

J'ai trouvé le procédé narratif ambitieux : de longs chapitres qui épousent les points de vue de quatre personnages qui gravitent dans le microcosme géographique et mental de la même petite ville, avec d'incessants allers-retours passé/présent (que certains lecteurs ont parfois trouvé trop bourratifs, et je peux comprendre leur ressenti)

Ca n'est à mon sens, pas écrit dans un style mémorable ; c'est de sa structure narrative à tiroirs que l'auteur tire son épingle du jeu, surprend le lecteur et l'accroche comme le ferait un thriller bien troussé (car en fin de compte, c'est bien d'un roman mainstream qui finit par virer au "whodunit" dont il s'agit).

D'une façon générale, quelle que soit la qualité de l'écriture, le lecteur sait qu'il tient un très bon roman lorsqu'il a l'impression d'avoir vécu avec les personnages fictifs et qu'un soupçon de nostalgie le saisit lorsqu'il termine le livre.
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Loin des lumières de New-York et du soleil de Californie, Stephen Markley nous plonge au coeur de l'Ohio comme l'indique le titre de son roman. L'histoire a pour cadre la ville fictive de New Canaan qui se veut un concentré de toutes les affres récentes qui ont touché cette partie de l'Amérique que l'on désigne par les termes de Midwest et Rust Belt. Il y a les délocalisations d'usines, la crise des subprimes, le fléau des overdoses d'opioïdes, les jeunes du pays qui meurent en Irak, les destins brisés, les illusions perdues de la classe moyenne blanche américaine. Il ne faut pas chercher de lumière dans ce roman dur, cru, âpre, rude et sale. le récit est centré sur quatre enfants du pays qui reviennent dans leur ville natale afin de régler leurs comptes avec un passé qui leur a laissé des cicatrices qui ne se sont jamais refermées. Bill, Stacey, Dan et Tina ont tous été ensemble au lycée. Ils ont eu des trajectoires divergentes mais dont les liens les feront converger à nouveau sur New Canaan un soir d'été lourd et moite.
À travers son premier ouvrage, Stephen Markley nous offre une plongée sans jugement dans cet Ohio crasseux dont il brosse un excellent portrait sociologique. Ohio n'est pas le roman le plus agréable à lire si l'on souhaite se dépayser mais il est une lecture recommandée à toute personne qui souhaite comprendre la société américaine dans sa complexité et sa diversité.
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13 octobre 2007. Dans le cercueil rutilant loué au Walmart, il n'y a pas de corps. Rick Brinklan est mort en Irak mais on ne l'a pas retrouvé. le temps d'organiser de dignes funérailles, six mois sont passés. Toute la ville est réunie pour un dernier adieu.

Ce jour-là manquent à l'appel Bill, Tina, Stacey et Danny. Tous quatre enfants de New Calaan, dans l'Ohio, dispersés ici et là, mais qui rentreront au bercail chacun pour ses propres raisons. Quatre personnages, quatre chapitres pour une même période. Quatre histoires, quatre destins qu'on aurait cru scellés, et qui vont basculer.

Avec un parti pris assumé, Stephen Markley dresse le portrait d'une Amérique décadente, engluée dans une économie à la dérive, des préjugés destructeurs, ravagée par la toxicomanie, désormais incapable de se raccrocher à ses illusions souillées par la guerre.

Plus que les personnages eux-mêmes, c'est l'ambiance de ce roman que je retiendrai. L'inventaire d'une nation meurtrie, incarnée par ces presque trentenaires en déperdition. Ancré dans la réalité et contournant les clichés, l'auteur s'exprime avec force – comprenez par là qu'il met ses tripes sur la table. On peut se surprendre à avoir peur du monde qu'il dépeint, de la régression des mentalités, de la violence ambiante, on a envie de reculer face aux visions qu'il nous impose, et pourtant, il s'agit bien du monde dans lequel nous vivons. L'Amérique de Stephen Markley n'a rien d'un eldorado : la sinistrose qui règne dans cette commune imaginaire du Midwest vous cimente les pieds au sol sans vous donner l'espoir de recouvrer la liberté.

Je regrette les longueurs et les digressions qui m'ont coupée dans mon désir de me rapprocher des acteurs de ce Nouveau Monde écrasé par ses idéaux. J'ai fait quelques pauses pour tenter de retrouver l'intensité de l'introduction, sans succès. J'ai été complètement happée par cette description de l'Amérique rurale, populaire, blessée en son sein par les débordements politiques, par cette rage de vivre sourde, ces rancoeurs mal exprimées, puis je me suis un peu perdue, notamment dans les divagations des personnages. Malgré ses quelques défauts, impossible de dire que je n'ai pas aimé ce bouquin – un premier roman, qui plus est – qui met franchement une claque. le style est dense, à vif, le propos est audacieux, aussi captivant qu'il est bouleversant, et je ne saurais résister à une telle noirceur. Me voilà donc curieuse de découvrir les prochains écrits de l'auteur.


Merci aux éditions Albin Michel et au Picabo River Book Club pour cette lecture
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Ce thriller trace,d'une plume trempée dans le vitriol, un portrait de la jeunesse américaine avec la violence cachée des années collège et lycée, ses désillusions, ses traumatismes face à la catastrophe du 11 septembre et à la guerre en Irak qui a suivi, sacrifiant ou estropiant nombre de ces jeunes.
Bill, Stacey, Todd, Tina et Dan reviennent à New Canaan, dix après l'avoir quitté. Chacun a une raison bien particulière d'y revenir et, en l'espace de quelques heures, c'est par hasard qu'ils vont s'y croiser, sans vraiment en avoir envie. La raison de leur venue est liée à leur passé où tous se fréquentaient et ont fait leurs études ensemble.
Chaque chapitre est dédié à un personnage qui, par des flash-backs nous révèle son passé et ses années lycée, plus ou moins traumatisants ainsi que la raison de son retour dans cette bourgade perdue de l'Amérique profonde.
Nous plongeons avec eux dans un passé traumatique à exorciser, pour certains, idéalisé, heureux et insouciant pour d'autres. Tous, dix ans après, sont désabusés, plusieurs font partie de la jeunesse sacrifiée dans le conflit Iranien, d'autres plongent dans la drogue et son trafic ou restent à végéter à New Canaan qui tombe en ruines et n'a plus rien à leur offrir
Au fil des confidences nous allons dérouler le fil d'une énigme qui ne verra sa résolution qu'à la fin quand toutes les pièces du puzzle se seront mises en place, car n'oublions pas que ce livre est avant tout un thriller.
Voici une étude profonde et percutante de la jeunesse américaine dans les années 2000, mais elle peut facilement se transposer de nos jours. La « loi du silence » du lycée, et même plus tard de l'université, détruit de par sa violence psychologique ou physique des générations d'étudiants, qui, dans le déni de leur traumatisme, idéalisent cette période ou sombrent.
La construction de ce thriller fait que tout est imbriqué et a son importance, sans que nous le comprenions, Stephen Markley sème de petits cailloux en laissant à penser que chacun a ses petits secrets, mais la révélation finale est proportionnelle au génie de l'auteur, et nous laisse tout bonnement interloqués.
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C'est avec beaucoup d'attente que je me suis plongée dans Ohio de Stephen Markley aux éditions Albin Michel que je remercie pour l'envoi.

Dans ce roman nous allons plonger dans la vie de quatre personnages principaux (deux hommes et deux femmes), potes de lycée, et qui vont, le temps d'une nuit, se retrouver dix ans plus tard dans la ville qui les a vu grandir.

Le roman est donc découpé en quatre parties pour chacun de ces protagonistes.
L'auteur va jouer constamment sur des allers retours temporels pour présenter leurs interactions amicales et amoureuses, leurs coups bas, leurs coups de coeur, leurs faiblesses, leurs idéaux, leurs démons, leurs regrets, leurs combats, leurs déchéances et rédemptions et les conséquences de certains choix.

Ce patchwork de vies d'américains moyens est parfois confus et brouillon et ce n'est pas toujours évident de s'y retrouver dans l'histoire de chacun. J'ai été beaucoup plus captivée par le récit des deux femmes que celui des deux hommes.

Parfois malsain, cru, violent, intense mais aussi mélancolique et dramatique, ce roman va aborder de nombreux thèmes forts et l'auteur va dresser un portrait social, politique, économique d'une Amérique qui se trouve bien loin du rêve américain.

Dense, troublant et marquant tel a été mon ressenti sur le premier roman de Stephen Markley, un auteur à suivre.
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Livre contemporain découpé en cinq chapitre correspondants à cinq portraits.

Bill, Dan, Stacey et Tina ne se sont pas revus depuis le collège. Ils se retrouvent à New Canaan, petite ville en Ohio, la même nuit lors de différents objectifs. Ils ont tous suivi des chemins de vie différents.

Les portraits sont rudes mais réalistes et ils résument bien les problématiques sociales que connait la jeunesse aux Etats-Unis de nos jours.
Le livre est très bien écrit et mérite les prix décernés.
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