La confiance, c'est important. Tout le monde vous le dira. Et moi je dis qu'il faut pouvoir faire confiance au quatrième de couverture. Ils sont importants les quatrième de couverture, c'est pour cette raison que je passe mon temps à vous les recopier, ce n'est pas parce que je m'ennuie ou pour faire du remplissage. Bien sûr, vous savez tout comme moi qu'il faut toujours les lire avec un brin de recul, ils sont là pour attirer et faire vendre le bouquin, donc parfois, ils en font un peu trop, ils se font un peu mousser. On peut le leur pardonner. Par contre, le mensonge éhonté, non! Et là, dans ce cas précis, après avoir lu le livre, j'ai quand même l'impression qu'on s'est un peu foutu de ma gueule. D'ailleurs, fâchée, j'ai mis du rouge, comme vous avez pu le constater ci-dessus. Les éléments en rouge, je ne les ai pas retrouvés dans le bouquin ou alors de manière tellement diluée que je me demande bien pourquoi ils ont été mis en avant (comme l'esclavage par exemple).
Mais voyons ensemble ce que nous raconte ce Roman du café....
Le livre commence par une note de l'auteur, ce que je considère toujours comme une surprise agréable (que ce soit en préface ou en postface d'ailleurs). Ensuite l'histoire commence et d'emblée je tombe sur un détail qui me hérisse, ces quelques mots: "ce matin au ciel cappuccino". J'ai eu beau me concentrer, pas moyen d'imaginer. Et plus loin: "ce matin couleur crème glacée". Alors là... wawww, j'ai juste cru devenir folle vu le kaléidoscope de couleurs qui s'est imposé à moi. Un matin vert pistache? Rouge fraise? Rose framboise? Jaune citron? Bleu menthe? D'accord, d'accord, j'arrête. Vous aurez compris l'idée je crois.
On est là pour se documenter, donc je suis heureuse d'apprendre qu'on vend 12000 tasses de café par seconde en France et que le café est le deuxième produit le plus échangé après le pétrole! D'autres éléments mis en avant me semblent intéressants et faire appel à la réflexion. Ainsi, il est fait mention des fameuses capsules à la mode qui standardisent le café et ne sont en fait qu'une des innombrables conséquences de la société de surconsommation et pas un progrès. Saviez-vous que le prix est multiplié par sept en dosette? C'est ce que nous dit le livre. Pas sûr que votre portefeuille apprécie. le moins cher est évidemment de moudre son grain soi-même (et en lisant ça, je me rappelle que mes grands-parents possédaient un petit moulin à moudre le café, mais ils s'en servaient comme bibelot, ils ne l'utilisaient déjà plus quand j'étais enfant!).
Toujours dans cette possibilité de mise en perspective, on y apprend que sous
Louis XIV, le souverain se méfiait du café, s'inquiétant que le bas peuple qui fréquentait assidûment les bistrots s'échauffe la cervelle et conspire contre l'ordre établi. Autre lieu, autre temps, le café a été interdit car il mettait l'économie du houblon en péril... Autant de faits que l'on peut transposer à notre époque pour d'autres denrées, en fouillant un peu... Plus loin dans le roman, l'auteur fera également allusion aux spéculations à l'oeuvre sur le marché du café - ce qui est valable pour tous les marchés. J'ai trouvé tous ces éléments intéressants et pertinents, ce sont même des éléments qu'il est important de mettre en avant. En ce sens, j'aurais aimé qu'ils soient plus développés et pas seulement évoqués.
Pour l'anecdote, j'ai bien aimé le petit passage sur la cafetière italienne qui était bien amené je trouve (p65). Ce procédé a été inventé dans les années 50 et l'auteur explique comment utiliser la jolie petite cafetière.
Mis à part ça, je dois dire que j'ai trouvé beaucoup de bémols à ce roman. Outre toutes ces promesses du quatrième de couverture non tenues, j'y ai noté pas mal de poncifs sous le prétexte d'employer un vocabulaire soutenu (du moins c'est mon impression). le roman tout entier n'est malheureusement qu'un prétexte pour parler du café ou alors le café tout entier n'est qu'un prétexte pour écrire un roman. Allez savoir, c'est un tel fourre-tout! J'aurais préféré un livre docu plutôt, un essai ou quelque chose du genre mais pas un récit romancé qui sert de prétexte à nous conter l'histoire du café. Ou alors il aurait fallu trouver un juste équilibre entre le deux. Malheureusement, ce n'est pas le cas et, du coup, l'ensemble perd de son attrait et laisse un goût de trop peu. Je suis donc restée sur ma faim avec une frustration latente de mes petits neurones.
Je vous avais dit qu'elle resservirait!
Ce n'est pas uniquement ce qui m'a dérangée, malheureusement. Par exemple, les adresses citées existent vraiment, ce qui me donne une nouvelle fois l'impression de me retrouver dans un catalogue publicitaire. Encore si ce n'était que pour citer des hauts lieux, mais non, en témoigne cet extrait p69: "on pourrait se faire des Starbucks, Illy, lavazza, etc." Heureusement, j'ai envie de dire, p70, l'auteur évoque la suprématie de Nespresso et les dégâts qu'occasionne toute multinationale sur le "petit" qu'il soit vendeur, producteur ou torréfacteur.... On peut même lire: "... ce qui n'est pas le cas chez les consortiums qui bafouillent délibérément l'origine précise et la fraîcheur comme la peste bubonique". Mais paradoxalement, Nespresso revient souvent et le héros ne tarit pas d'éloge à son sujet. de quoi y perdre son latin et la cohérence de l'ensemble. Et donc, quand je relis ce fameux quatrième de couverture qui m'annonce que les industriels ne sont pas épargnés, ça me fait bien rire... jaune!
Mais là où j'ai vraiment grillé un câble, c'est en lisant ce dialogue:
- ....je prendrais bien une boîte de chocolat fins et des nougats.... c'est du bio?
- C'est tout comme puisque nos fournisseurs travaillent dans le respect du produit vrai.
Quelle ineptie! Il faut savoir qu'un produit bio est un produit naturel qui n'a pas été traité chimiquement et qui doit officiellement répondre à certains critères, à un cahier des charges strict et qui est donc normalement contrôlé et avalisé comme tel. On peut donc se permettre d'avoir une certaine confiance (même relative) dans les produits labellisés bio. Quid du respect du produit vrai? Où trouve-t-on une définition de ce que c'est? Ca veut dire quoi? Quelles sont les assurances? Aucune. le danger ici est de déduire que quelqu'un qui proclame avoir le respect du produit vrai va y appliquer les valeurs et critères du bio... hors les deux ne vont pas forcément de paire. Donc cette phrase dans le livre revient à faire un raccourci et un amalgame, voire, je trouve, à prendre le bio par-dessus la jambe, à lui enlever de sa légitimité et limite à le dénigrer entre les lignes.
A la fin du roman, l'auteur a prévu une partie "annexes". On y trouve, entre autres, un précis sur l'histoire du café du 11e siècle à nos jours et même au-delà puisque l'auteur s'essaye aux prévisions sur base d'une étude. Là, on peut lire: "21e siècle: prise de conscience des agissements de l'homme sur son environnement. L'énergie fossile disparaîtra avant la fin du siècle." Et plus loin, sur base de ladite étude prévisionnelle, l'auteur prévoit la disparition du café vers 2080 pour cause de réchauffement climatique. Tout d'abord, il y a amalgame: l'énergie fossile ne va pas disparaître, mais il deviendra trop compliqué de l'exploiter (mais là n'est pas le sujet), de plus, il semble oublier ou ne pas se rendre compte que la pénurie d'énergie fossile risque de rendre très difficile le transport du précieux café et donc de le raréfier dans nos tasses et de le rendre hors de prix! Encore un fois cette impression de manque de profondeur, de fourre-tout d'idées non creusées...
Sachez qu'après
le roman du parfum et
le roman du café,
Pascal Marmet va nous concocter un opus sur le thé.
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