L'Histoire de Pi

Si vous voulez voir la nature sauvage, c'est à pied, en silence, qu'il faut explorer la forêt. Il en va de même de la mer. Il faut se promener sur le Pacifique à un pas de marcheur, pour ainsi dire, pour voir la richesse et l'abondance qu'il contient.

Une mort qui approche est déjà terrible, mais bien pire est une mort qui approche et qui accorde un sursis, un temps où tout le bonheur que vous avez connu et celui qui aurait pu être le vôtre se précisent à vos yeux.

La vie est si belle que la mort en est tombée amoureuse, d’une passion jalouse, sans partage, qui s’accroche à tout ce qu’elle peut.

Il avança vers la gauche, ses pattes labourant le sable mouillé, puis il changea d'idée et fit demi-tour. Il passa directement devant moi en se dirigeant vers la droite. Il ne me regarda pas. Il courut environ cent mètres le long du bord de l'eau avant de prendre vers l'intérieur. Sa démarche était gauche et maladroite. Il tomba plusieurs fois. A la limite de la jungle, il s'arrêta. J'étais sûr qu'il allait se tourner vers moi. Il allait me regarder. Il allait aplatir ses oreilles. Il allait rauquer. D'une manière ou d'une autre, il allait mettre un terme à notre relation. Il n'en fit rien. Il se limita à fixer son regard sur la jungle. Et alors Richard Parker, compagnon de mon tourment, être terrible et féroce qui m'avait maintenu vivant, fit trois pas et disparut de ma vie pour toujours.

Si vous trébuchez sur la question de ce qui est crédible, à quoi sert votre vie ? Est-ce que l'amour n'est pas difficile à croire ? [...] L'amour est difficile à croire, demandez à n'importe quel amoureux. La vie est difficile à croire, demandez à n'importe quel scientifique. Il est difficile de croire en Dieu, demandez à n'importe quel croyant.

Être un naufragé, c'est être un point au milieu d'un cercle, perpétuellement. Quel que soit le changement apparent des choses, la géométrie du cercle, elle, ne change jamais.

"Canada me voilà!" criai-je sous l'inondation et le froid. Je me sentais très brave. Il faisait encore noir, mais on pouvait quand même distinguer les choses. Un peu de lumière sur un chahut monstre. La nature peut offrir un spectacle très excitant. La scène est vaste, l'éclairage est dramatique, les extra innombrables, et le budget d'effets spéciaux est tout à fait illimité. Ce que j'avais devant les yeux, c'était un spectacle de vent et d'eau, une secousse tellurique pour les sens, quelque chose que même Hollywood n'aurait pas pu mettre en scène. Mais le tremblement de terre s'arrêtait sous mes pieds. La surface sous mes pieds était solide. J'étais un spectateur bien installé, en toute sécurité dans son fauteuil.
C'est au moment où j'ai levé les yeux et vu un bateau de sauvetage au-dessus de la passerelle que j'ai commencé à me préoccuper. Le bateau ne pendait pas droit.
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Le monde n' est pas seulement ce qu' il est.C' est aussi ce que nous comprenons , non?Et en comprenant quelque chose ,nous lui ajoutons quelque chose, n' est ce pas?Est-ce que cela ne fait pas de la vie une histoire?

...sur une hauteur où je voyais la mer à gauche et un long bout de la route devant moi, je me suis soudainement senti au ciel. En fait, le lieu n'était pas différent de celui que j'avais traversé plus tôt, mais ma manière de la voir avait changé. La sensation, un mélange paradoxal d'énergie vibrante et de profonde paix, était intense et me comblait de bonheur. Alors qu'avant le chemin, la mer, les arbres, l'air, le soleil me parlaient chacun différemment, ils s'exprimaient maintenant d'une seule voix. L'arbre reconnaissait la route, qui était sensible à l'air, qui tenait compte de la mer, qui partageait tout avec le soleil. Chaque élément était en harmonie avec son voisin, tout était apparenté, comme une famille.

J’avais sur mon bateau de sauvetage, toussant, haletant, à moitié noyé, tremblant, trempé, un tigre du Bengale adulte de 3 ans.