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Critique de boudicca


Reines, aviatrices, tueuses en série, intrigantes, mères au foyer ou encore super-héroïne : voilà le genre de personnages auxquels vous allez avoir à faire dans cette seconde partie de l'anthologie « Dangerous Women » dirigée par Gardner Dozois et G. R. R. Martin. La version française n'échappe pas au désormais récurrent découpage, même si dans le cas présent la taille conséquente de l'ouvrage original peut effectivement justifier une publication en deux tomes distincts. Je serais en revanche plus nuancée en ce qui concerne les critères retenus pour ce découpage qui oppose de manière assez curieuse plumes masculines et féminines... A Joe Abercromie, G. R. R. Martin, Jim Butcher ou encore Brandon Sanderson succèdent donc Caroline Spector, Megan Lindholm (Robin Hoob), Nancy Kress, ou encore Diana Gabaldon. Si dans le premier volume paru l'an dernier, les textes relevaient presque systématiquement de la science-fiction, du fantastique ou encore de la fantasy, on trouve dans cette seconde partie davantage de diversité avec par exemples plusieurs récits purement historiques ou encore du polar. Si les douze nouvelles présentes au sommaire de l'anthologie ne se valent évidemment pas, la qualité de l'ensemble est en tout cas indéniable et a de plus le mérite de faire découvrir aux lecteurs francophones des auteurs souvent méconnus de ce côté de l'Atlantique car trop rarement traduits.

Parmi les textes les plus marquants figure certainement la nouvelle chargée d'ouvrir ce second volume, « Soit mon coeur est gelé », dans laquelle Megan Abbott dépeint le calvaire vécu par un couple de parents dont l'enfant vient d'être kidnappé. Mais s'agit-il vraiment d'un enlèvement ? Et pourquoi la mère endeuillée se met-elle à agir comme si elle avait de nouveau vingt ans ? La réponse n'est pas celle que l'on croit et la chute remarquablement bien amenée ne manquera pas de provoquer chez le lecteur un profond malaise. Sans surprise, Megan Lindholm parvient elle aussi à tirer son épingle du jeu avec un long texte (« Les Voisines ») mettant en scène une vieille dame en proie à la sollicitude non désirée de ses enfants et à des visions d'un autre monde jouxtant le notre. Même si l'aspect post-apocalyptique est assez sympathique, c'est surtout la réflexion de l'auteur sur la vieillesse, ou plutôt la manière que nous avons de traiter les personnages âgées, qui provoque une vive émotion chez le lecteur. Nancy Kress choisit pour sa part de mêler post-apo et danse dans une nouvelle pleine de surprises et de poésie (« Deuxième arabesque, très lentement »). le texte de Diana Rowland (« La ville Lazare ») est lui aussi très réussi et met en scène un policier de la Nouvelle-Orléans racheté par son amour pour une strip-teaseuse pas comme les autres. Là encore le final est assez inattendu mais élégamment dévoilé.

Caroline Spector, elle, nous plonge dans le monde des Wild Cards, cet univers partagé construit par G. R. R. Martin qui propose depuis des années à divers auteurs d'écrire sur l'émergence de nouveaux super-héros, contaminés par un virus extraterrestre. La nouvelle met ici en scène le personnage de Bubule (oui, pour le coup la traduction n'est pas des plus heureuses...) aux prises avec une mystérieuse organisation cherchant à atteindre les personnes qui lui sont le plus chers. Là encore le récit est assez long mais l'aperçu donné de l'univers et de sa complexité est pour le moins saisissant (« Les mensonges que me racontait ma mère »). Sans atteindre le niveau de ces cinq textes, d'autres nouvelles méritent à mon avis elles aussi le détour. C'est notamment le cas de Sharon Kay Penman qui revient dans « Une reine en exil » sur un personnage historique rarement mis en scène : Constance de Hauteville, impératrice du Saint-Empire Romain Germanique luttant ici pour regagner la couronne de Sicile. Diana Gabaldon met quant à elle en scène l'un des personnages emblématiques de la série à succès « Outlander », Jaimie Fraiser, après sa première et douloureuse rencontre avec le capitaine anglais Jack Randall. L'ensemble est sympathique même si le lien avec le thème de l'anthologie est ici plutôt ténu. Enfin, Pat Cadigan signe avec « Les aides-soignantes » une nouvelle intrigante qui aurait pu être vraiment excellente si la chute avait elle aussi été à la hauteur.

Avec cette seconde partie, c'est au tour des auteurs féminins de mettre en scène de dangereuses héroïnes, et le résultat est plus qu'à la hauteur. Que ce soit par son thème et la diversité qu'il suggère ou par la qualité de ses textes, l'anthologie « Dangerous Women » vaut incontestablement le détour et vous permettra de vous familiariser avec de nouveaux auteurs et/ou univers. Et s'il vous fallait un argument supplémentaire, je ne peux que vous encourager à admirer les deux splendides couvertures signées par Benjamin Kuntzer.
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