Tout dans son attitude, sa posture me confirmait qu’il était différent d’eux.
Un être à part.
Un homme à part.
Il m’avait dévisagée. Je m’étais sentie nue, totalement nue, et offerte. Moi, pudique et ml dans ma peau d’adolescente, j’avais aimé ça. Ses lèvres s’étaient arquées dans un sourire qui aurait pu paraître arrogant, j’y avais lu l’invitation à bouleverser ma vie.
« Moi qui craignais d’être effacée par ma mort, j’avais effacé une partie de ma vie. Une partie de moi était déjà morte depuis plus de vingt ans. Il me restait peu de temps pour lui redonner vie une dernière fois. » (p. 74)
C'était à moi de consoler ma fille, à moi et à moi seule, tant que j'étais là. Elle devait encore pouvoir tout me dire, tout me confier. Je resterais sa mère, jusqu'à mon dernier souffle de vie.
𝐴𝑣𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑢𝑟𝑖𝑟 𝑜𝑛 𝑝𝑒𝑢𝑡 𝑡𝑜𝑢𝑡 𝑝𝑟𝑜𝑚𝑒𝑡𝑡𝑟𝑒.
𝐿𝑎 𝑙𝑢𝑛𝑒, 𝑚𝑜𝑛𝑡𝑠 𝑒𝑡 𝑚𝑒𝑟𝑣𝑒𝑖𝑙𝑙𝑒𝑠.
𝐶𝑒𝑙𝑎 𝑛’𝑒𝑛𝑔𝑎𝑔𝑒 𝑎̀ 𝑟𝑖𝑒𝑛.
J'aimais tant quand il était dans ces périodes de frénésie créatrice, je pouvais rester des heures à l'admirer quand il s'acharnait sur son clavier, sur ses portées. Et quand il s'estimait un tant soit peu satisfait, d'un regard, il m'invitait à m'installer au piano, et à jouer. Jouer du lui, pour nous.
Elle était ivre. Ivre d'interrogations, de bouleversements. De culpabilité. De terreur. De regrets.
Lui était ivre de bonheur.
Je souris, savourant son affection. Je ne pensais pas que ce soit possible, mais mon ex-mari et père de ma fille était et resterait pour toujours mon meilleur ami. Nous n’étions plus un couple depuis des années, et pourtant nous étions inséparables. Et le fait de diriger ensemble une agence de voyages n’en était pas la seule raison.
Ce roman est juste fantastique.
Cette auteur ecrit tellement bien ses textes sont tellement vivants que lorsque je les lis je suis de suite plongée dans l histoire et j en oublie mes soucis et mes douleurs.
J’avais donné tout ce que j’avais pu, et même plus encore. L’énergie s’enfuyait. Je ne souhaitais rien gâcher, aussi décidai-je de m’arrêter. Je fixai mes mains qui s’éloignaient lentement du clavier. Je lui dis au revoir. J’avais eu plus que ce dont j’aurais pu rêver. J’avais joué du piano, j’avais retrouvé mon plus vieil ami aux côtés de Joshua, j’avais renoué avec ces sensations, ces sons qui s’incrustaient au plus profond de mon être, ce toucher, qui m’avaient permis de me connaître et de devenir celle que j’avais été, que j’étais encore. Elle n’avait jamais disparu.
L’imminence de ma mort offrait à ma mémoire une clarté exceptionnelle, à moins que, contrairement à ce que j’espérais, de les avoir enfouis aussi profondément les ait préservé de l’oubli.